L’organisation Greenpeace MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) a publié aujourd’hui un rapport mondial intitulé « L’air toxique: le coût réel des combustibles fossiles », révélant des chiffres qui déterminent les coûts sanitaires et économiques douloureux encourus par les pays en raison de leur dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, qui polluent l’air et provoquent des taux élevés de maladies et de décès. Le rapport souligne également des solutions qui protègent notre santé et profitent à nos sociétés.

Le Maroc fait partie des pays ayant le plus grand nombre estimé de décès par an (environ 5 100 en 2018) en Afrique du Nord et Moyen-Orient, après l’Égypte, qui arrive en tête du classement. Quant à l’Algérie et la Tunisie le nombre de estimé de décès est de 3000 et 2100 respectivement.  

« En parlant de lutte contre la crise du changement climatique, le Maroc joue un rôle de premier plan à travers ses engagements ambitieux dans le secteur des énergies renouvelables, mais quant à la pollution atmosphérique, on découvre qu’il existe un grave problème qui menace la santé et la « poche » de tout citoyen marocain », a déclaré Mohammed Tazrouti, chargé de campagne chez Greenpeace MENA. 

Le Maroc est le seul pays en Afrique du Nord et Moyen-Orient qui utilise le charbon comme principale source de production d’électricité avec un taux élevé atteignant environ 50%. « Le charbon est l’une des sources d’énergie fossile les plus polluantes. Une fois brûlé, celui-ci produit des polluants toxiques qui causent des maladies chroniques, telles les maladies cardiaques, le diabète, les maladies pulmonaires obstructives chroniques et le cancer du poumon », a ajouté Tazrouti.

« Ces maladies nous rendent plus vulnérables aux infections par des virus à effet respiratoire comme le COVID-19 », a-t-il dit. En effet, bon nombre d’études ont indiqué qu’il existe des preuves solides confirmant que l’exposition permanente à la pollution atmosphérique augmente la sévérité de la contraction du COVID-19 et augmente le nombre de décès.

Sur le plan économique, le coût annuel moyen encouru par le Maroc en raison de la pollution atmosphérique causée par les combustibles fossiles est estimé à 0.9% du produit intérieur brut (PIB), soit 1,1 milliard de dollars par an (11 milliards de dirhams). Par contre, La Tunisie dépense l’équivalent de 1% de son PIB pour cette même raison, soit 400 millions de dollars par an, et l’Algérie 0,5% du PIB, soit 840 millions de dollars par an.

À cet égard, Tazrouti a commenté: « La pollution de l’air n’est pas seulement une crise sanitaire, mais aussi une crise économique. Au moment où l’économie de notre pays traverse une crise 

engendrée par le coronavirus, nous devons tirer des leçons de ce qui s’est passé à ce stade, comme l’importance d’investir dans des projets qui profitent à l’Homme et à l’environnement, et chercher plus que jamais les moyens de se débarrasser progressivement de notre dépendance à l’énergie sale importée comme le charbon, qui menace tant notre santé que notre économie. »

« Pour un pays qui a fait preuve de grandes réalisations au niveau des énergies renouvelables, nous sommes pleinement convaincus que le Maroc peut bien élaborer un plan ambitieux pour éliminer le charbon sale progressivement et d’investir plutôt dans des énergies renouvelables, propres et saines, qui constitueraient une nouvelle source d’emplois, afin d’atteindre une vraie indépendance énergétique », a-t-il ajouté.

« La meilleure façon de résoudre le problème est de commencer à le reconnaître. Nous appelons donc les autorités marocaines compétentes à être plus transparentes quant aux niveaux de pollution atmosphérique dans le Royaume en publiant toutes les données et en les rendant accessibles au public », a conclu Tazrouti.

Informations supplémentaires pour l’éditeur/l’éditrice :

  • La pollution atmosphérique due à la combustion de combustibles fossiles, en particulier le charbon, le pétrole et le gaz, est attribuée à environ 4,5 millions de décès prématurés dans le monde chaque année, un chiffre qui fait plus que tripler le nombre de décès dus à des accidents de la circulation dans le monde.
  • La pollution atmosphérique par les combustibles fossiles coûte au monde environ 2,9 trillions de dollars par an, soit près de 3,3% du PIB mondial. En effet, les maladies qui résultent de l’exposition aux combustibles chaque année dans le monde correspondent à des pertes économiques d’environ 101 milliards de dollars par an.
  • La Chine, les États-Unis et l’Inde encourent les coûts les plus élevés de pollution atmosphérique liée aux combustibles fossiles dans le monde, avec environ 900 milliards de dollars, 600 milliards de dollars et 150 milliards de dollars, respectivement.
  • En ce qui concerne l’Afrique du Nord et Moyen-Orient, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont les pays qui encourent la facture la plus élevée de pollution atmosphérique par les combustibles fossiles, avec une valeur estimée à 6,9 milliards de dollars, 6 milliards de dollars et 5,9 milliards de dollars par an, respectivement.


Pour un air sain et propre

Plus de 90% de la population mondiale souffre d’un air extérieur toxique. On estime que la pollution atmosphérique cause chaque année plus de 7 millions de décès prématurés dans le monde.

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