Luxembourg, 29 mai 2020 – Aujourd’hui, la Ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable Carole Dieschbourg et le Ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire Claude Turmes ont présenté le programme de relance pour le Luxembourg intitulé « Gréng Relance fir Lëtzebuerg – E Plus fir d’Klima, d’Handwierk an d’Bierger ». Bien que les deux ministres avaient présenté quelques mesures retenues dans le PNEC, ils avaient évité à informer le public sur l’intégralité du plan. Pour Greenpeace, le gouvernement a échoué à accorder à la protection du climat la même priorité qu’à la crise sanitaire COVID-19. Confronté aux impacts de cette crise, le gouvernement a hésité à prendre des mesures importantes afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de renforcer le développement des énergies renouvelables et de réguler l’impact du secteur financier sur le climat. Le PNEC représente une occasion ratée pour enfin lancer un vrai green deal pour le Luxembourg. 

Lors de la consultation publique sur le PNEC, Greenpeace avait exigé des moyens de grande envergure pour lutter contre l’urgence climatique, notamment dans les domaines des transports, des énergies renouvelables, de l’agriculture et du secteur financier. Greenpeace avait demandé au gouvernement de s’engager dans la lutte contre la crise climatique avec la même ferveur que contre la pandémie de Covid-19

La réforme fiscale est sur l’agenda de la coalition et devrait entrer en vigueur l’année prochaine au plus tard. La législation fiscale est extrêmement importante pour financer les dépenses de l’Etat. Le nouveau défi est la planification concrète des revenus et dépenses du gouvernement soumis à des objectifs à long terme, tels que par exemple la crise aiguë du climat et de la biodiversité, les ressources limitées et les injustices sociales dans notre pays.

Raymond Aendekerk, directeur de Greenpeace Luxembourg, déclare: « Nous voyons dans la réforme fiscale un point de départ essentiel pour financer la protection du climat, la justice sociale et une politique économique durable. L’introduction d’une tarification du CO2 est à saluer, mais ça ne suffit pas et actuellement le tarif est loin des attentes pour avoir l’effet fiscal souhaité significatif. Cela doit, ensemble avec d’autres décisions politiques et de vastes mesures de soutien, devenir l’instrument de gérance le plus important de notre société et de notre industrie, dans le but de réduire les activités à forte intensité de CO2 ou de privilégier des alternatives respectueuses du climat. » 

Deux tiers des émissions de gaz à effet de serre du Luxembourg trouvent leurs origines dans la vente de carburants. En 2019, les émissions des gaz à effet de serre ont augmenté par rapport à 2018 dû à l’augmentation de l’importation de diesel et d’essence. Le Luxembourg doit drastiquement réduire cette consommation de carburants, en particulier par le transport routier qui traverse notre pays, parfois même en faisant un détour en raison du prix favorable du Diesel. L’état doit mettre fin à cette pratique. Il faut renforcer et mettre en place des mesures comme l’augmentation des accises à court termes.

Greenpeace exhorte le gouvernement à annuler la suspension des augmentations des accises sur les carburants. La baisse des ventes d’essence et de diesel provoquée par la crise de Covid-19 ne doit pas saper les efforts du Luxembourg pour la protection du climat.

« Les conséquences de la crise du coronavirus illustrent ce que le Conseil national du développement durable et les organisations non gouvernementales pointent du doigt depuis des années: le Luxembourg est tributaire des ventes de carburant, ce qui nuit non seulement au climat mais présente également un risque conséquent pour les finances publiques », explique Frank Thinnes, chargé de campagne Énergie et Climat chez Greenpeace Luxembourg. « La décision du gouvernement de suspendre l’augmentation des accises sur le carburant n’est pas un bon signal. Le financement du budget de l’État ne peut pas dépendre de sources de revenus qui peuvent disparaître du jour au lendemain. Nous devons maintenant tirer les leçons de cette crise et ne ménager aucun effort pour mettre enfin un terme à cette dépendance. »

Finalement, Greenpeace regrette que le gouvernement ait échoué à préparer dans le PNEC le terrain pour développer un cadre légal dont l’objectif serait d’arrêter les investissements du secteur financier dans les énergies fossiles.

« En ratifiant l’Accord de Paris, le Luxembourg est obligé d’aligner les flux financiers aux objectifs climatiques. Ça veut dire que le gouvernement doit mettre fin aux investissements dans les énergies fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz », explique Martina Holbach, chargée de la campagne Finance chez Greenpeace Luxembourg. « Par contre, le PNEC n’oblige toujours pas le Fonds de Compensation (FDC) à désinvestir l’argent publique des entreprises comme ExxonMobil, Total, Shell et BP. En outre, le secteur financier du Luxembourg, dont les investissements sont responsables de plus d’émissions de gaz à effet de serre que toutes les activités privées et commerciales au Luxembourg, n’est pas contraint à des régulations afin de réduire son empreinte carbone. Favoriser la finance verte ne suffira pas pour sauver le climat, c’est trop lent et trop marginal. Si le gouvernement veut contribuer à la protection du climat à une envergure globale, il doit s’attaquer enfin aux investissements bruns des fonds d’investissements. » 

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