Esch-sur-Alzette, le 19 mai 2020 – Greenpeace exhorte le gouvernement à annuler la suspension des augmentations des accises sur les carburants annoncée il y a quelques jours. La baisse des ventes d’essence et de diesel provoquée par la crise de Covid-19 ne doit pas saper les efforts du Luxembourg pour la protection du climat. Tandis qu’au niveau européen, le Grand-Duché fait campagne pour un “Green Deal”, il continue à domicile d’alimenter sa propre dépendance aux énergies fossiles. Ce sont en grande partie ces dernières qui ont fait augmenter le bilan national de CO2 de 7,5% en 2019 [1] ! Surmonter la crise économique et sanitaire ne doit pas se faire au détriment de la protection du climat. Le gouvernement doit rendre disponibles tous les moyens afin d’atteindre les objectifs pour la protection du climat.

« La crise du coronavirus illustre ce le Conseil national du développement durable et les organisations non gouvernementales pointent du doigt depuis des années : le Luxembourg est tributaire des ventes de carburant, ce qui nuit non seulement au climat mais présente également un risque conséquent pour les finances publiques » [2], explique Frank Thinnes, chargé de campagne Climat et Énergie pour Greenpeace Luxembourg. « La décision du gouvernement de suspendre l’augmentation des accises sur le carburant n’est pas un bon signal. Le financement du budget de l’État ne peut pas dépendre de sources de revenus qui peuvent disparaître du jour au lendemain. Nous devons maintenant tirer les leçons de cette crise et ne ménager aucun effort pour mettre enfin un terme à cette dépendance. »

La situation actuelle, provoquée par la crise sanitaire, a fait dégringoler la vente de pétrole et de diesel : le groupement pétrolier luxembourgeois a en effet constaté une chute de 50% à 90% pour les différentes pompes à essence. Pour l’État, c’est également, via les accises, une perte sèche de plusieurs millions d’euros.

 « Le plan de relance du gouvernement luxembourgeois devra se détourner des entreprises qui dérèglent le climat et détruisent la biodiversité, et non pas viser le retour à une croissance économique à forte intensité de gaz à effet de serre », déclare Frank Thinnes. « C’est maintenant à l’État de conditionner le versement des aides publiques, et de contraindre les firmes concernées à investir dans la transition écologique. L’argent de l’État ne doit sous aucun prétexte encourager à la contribution des crises à venir. Greenpeace demande une transparence totale sur l’attribution de ces aides. »


Notes aux rédacteurs et rédactrices

(1) Deux tiers des émissions à gaz à effet de serre du Luxembourg trouvent leurs origines dans la vente de carburant. En 2019 l’importation de diesel et d’essence a augmenté (Statec). Le Luxembourg doit drastiquement réduire cette consommation de pétrole, en particulier par le transport routier qui passe notre pays, parfois même en faisant un détour en raison  du prix favorable du Diesel. L’état doit mettre fin à cette pratique. Il faut renforcer et mettre en place des mesures comme l’augmentation des accises à court termes, comme prévu dans le PNEC.

(2) Déjà en 2008 un avis du CSDD démontrait la dépendance nocive de plusieurs accises, comme celle de la vente des carburants, dans le budget de l’état du Luxembourg. Après la crise immobilière de 2008/2009, le pays a recommencé comme avant  et la vente de carburants a atteint  de nouveaux records par la suite. En définitive, on peut reprocher à l’État de ne pas savoir tirer les conséquences des crises précédentes, puisqu’à nouveau, l’État est confronté à une forte baisse de ses recettes avec la chute des ventes de carburants.