Greenpeace exige des mesures cohérentes pour un fonds de pension durable
Luxembourg, le 22 avril 2025 – En amont de la table ronde d’expert·es sur la durabilité du système de retraite luxembourgeois qui se tiendra ce jeudi, Greenpeace appelle la ministre compétente et les participant·es à donner la priorité à la question de la durabilité du fonds de pension souverain, le FDC. Malgré sa demande auprès de la ministre tutelle Martine Deprez, Greenpeace Luxembourg n’a pas été invitée à participer à cette rencontre.
Compte tenu des investissements massifs du fonds dans des entreprises nuisibles au climat et à l’environnement ainsi que dans des entreprises présentant un risque élevé en ce qui concerne les violations des droits humains, Greenpeace demande une stratégie d’investissement ambitieuse pour le FDC qui soit conforme aux conventions internationales signées par le Luxembourg et qui comprenne des objectifs et des mesures clairs en matière de durabilité. Afin de garantir la sécurité juridique à cet égard, le mandat légal du FDC devrait être modifié et la durabilité des investissements devrait être inscrite comme un objectif principal du FDC.
Dans le cadre des discussions sur le financement du futur système de retraites, le FDC et nombreux responsables politiques avancent l’argument selon lequel il est nécessaire d’obtenir les meilleurs rendements possibles sur les placements des réserves de retraite afin de garantir la « stabilité » et la « sécurité » des retraites. Or, les investissements dans des entreprises climaticides ne contribuent pas seulement à aggraver la crise climatique : les expert·es financiers, les compagnies d’assurance et les fonds de pension du monde entier mettent en garde contre les effets du dérèglement climatique sur les marchés financiers et la stabilité de notre système économique.
Le rapport « European State of the Climate 2024 » (ESOTC 2024) récemment publié par le Service Copernicus sur le changement climatique (C3S) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) [1] montre que les effets de la crise climatique sont déjà clairement perceptibles en Europe, notamment à travers l’augmentation des précipitations, des inondations, des vagues de chaleur extrême et de la sécheresse. Selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), le continent européen risque, dès 2050, de se réchauffer de 3°C par rapport à l’ère préindustrielle.
« Il ne peut y avoir de vie ni de retraite sans danger dans un monde dont la température moyenne a augmenté de 3°C. L’aggravation des crises climatique et de la biodiversité menace les générations actuelles et futures et doit donc être prise en compte dans le contexte d’un investissement pérenne des réserves de retraite », explique Martina Holbach, chargée de campagne pour Greenpeace Luxembourg. « En général, les investissements des fonds publics sont soumis à une obligation de diligence particulière. Le FDC doit donc contribuer à la sécurité et à la stabilité dont il se targue en cessant d’investir des milliards de fonds publics dans des entreprises responsables de la destruction croissante des actifs en raison de la crise climatique et du déclin de la biodiversité. »
Greenpeace propose que le cadre juridique du FDC, défini par la loi du 6 mai 2004 relative à la gestion du patrimoine du régime général de pension, soit modifié afin d’y inscrire des critères d’investissement clairs pour le FDC et en accord avec les accords internationaux ratifiés par le Luxembourg [2] ainsi que tous traités internationaux ratifiés ou en cours de ratification par le Grand-Duché. Une modification de la loi devrait également permettre d’exclure les investissements dans certaines entreprises ou certains secteurs.
En mars 2024, Greenpeace avait déposé une plainte auprès du Point de contact national pour les principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales contre les investissements du SICAV-FIS du FDC [2] qui, selon l’organisation de protection de l’environnement, ne respectaient pas les principes directeurs de l’OCDE pour une conduite responsable des entreprises dans les domaines de l’environnement, des droits humains, des intérêts des consommateurs et des consommatrices, et de la divulgation d’informations. En décembre, le FDC a toutefois rejeté une offre de médiation de la part du Point de contact national.
Notes :
[1] « 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en Europe, avec des températures record dans les régions du centre, de l’est et du sud-est. Les tempêtes ont souvent été violentes et les inondations étendues, faisant au moins 335 victimes et affectant environ 413 000 personnes. En septembre 2024, la tempête Boris a touché des centaines de milliers de personnes, avec des inondations, des morts et des dégâts dans certaines régions d’Allemagne, de Pologne, d’Autriche, de Hongrie, de Tchèquie, de Slovaquie, de Roumanie et d’Italie.
Fin octobre, l’Espagne a connu des précipitations et des inondations extrêmes qui ont eu des effets dévastateurs et fait des victimes dans la province de Valence et les régions voisines.
En juillet 2024, le sud-est de l’Europe a connu la plus longue vague de chaleur jamais enregistrée, qui a duré 13 jours consécutifs et touché 55 % de la région. Le nombre de jours avec au moins un « fort stress thermique » (66) et de nuits tropicales (23) dans le sud-est de l’Europe pendant l’été a battu tous les records. »
[2] Y compris l’accord de Paris et la convention sur la biodiversité, la Charte internationale des droits de l’homme, les Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales