Luxembourg, le 30 juillet 2024 – En cette période olympique, Votum Klima [1] suit le marathon du Luxembourg et de la Terre. Parviendront-ils à atteindre la ligne d’arrivée, soit l’équilibre entre l’empreinte des activités humaines et les ressources naturelles générées annuellement ?

Crédits : Anaïs Hector

Le jour du dépassement de la Terre (earth overshoot day) tombe cette année le 1er août, ce qui constitue une perte d’un jour par rapport à 2023. Cette date symbolique tombait le 25 décembre en 1971 et n’a fait que progresser dans la mauvaise direction depuis. Concrètement, cela signifie que nous avons collectivement épuisé en 7 mois toutes les ressources générées par la planète en une année et que l’humanité vit à crédit. 

En écho à l’actualité olympique, Votum Klima a organisé une course symbolique entre la  Terre et le Luxembourg pour voir lequel atteindrait la ligne d’arrivée, le point d’équilibre entre la régénération des ressources naturelles et le prélèvement de celles-ci par l’activité humaine. Malheureusement, ni l’une ni l’autre n’est arrivé au bout de l’effort, victimes de pratiques non durables comme la surconsommation, la surutilisation des énergies fossiles pour se déplacer, pour se chauffer… Le Luxembourg s’est écroulé rapidement, son jour de dépassement tombant le 20 février — soit le premier pays européen à atteindre cette limite. La Terre n’a pas non plus atteint la ligne d’arrivée, échouant donc ce 1er août 2024. Si la population mondiale vivait comme au Grand-Duché, il nous faudrait plus de sept planètes pour survivre.

À l’échelle mondiale, le constat n’est pas plus brillant. En effet, le mode de vie des pays occidentaux et développés exerce une pression sur les ressources qui n’est pas durable non plus : au rythme actuel, il faudrait 1,7 planète pour répondre à la demande. L’humanité vit de plus en plus à crédit tandis que les factures commencent à s’accumuler. De nombreuses régions du monde, souvent dans les pays les moins responsables de cette situation, en subissent déjà les contraintes effroyables : manque d’eau, chaleurs accablantes… 

Par son action, Votum Klima veut tirer la sonnette d’alarme et rappeler l’urgence de repenser notre système. Dans ses dernières revendications, la plateforme rappelle que sans changement profond de notre économie, de notre société et de nos modes de gestion et de gouvernance, la transition écologique ne pourra pas aboutir. Ce n’est que par un changement de paradigme, en remettant en cause la croissance économique comme seul étalon de réussite sociétal que nous pourrons résoudre les problèmes de pollution et d’inégalités grandissantes.

La préservation des ressources disponibles est un élément central pour atteindre un équilibre durable. En effet, l’environnement naturel et la biodiversité sont dans un état préoccupant, y compris au Luxembourg. Pour développer la résilience des territoires et régénérer les ressources endommagées, un ensemble cohérent d’actions politiques ambitieuses et socialement justes sont nécessaires, à tous les niveaux et dans tous les domaines. Renaturer les milieux aquatiques naturels et les espaces verts, créer des corridors écologiques ou encore renforcer la protection juridique de la nature font partie des solutions concrètes. 

Au niveau mondial, l’agriculture industrielle est une cause majeure des problèmes environnementaux. Différentes études montrent qu’il est possible de nourrir une population croissante tout en respectant l’environnement, à condition d’adopter des changements ambitieux dans la consommation (moins de produits d’origine animale et moins de gaspillage alimentaire) et dans la production alimentaire. L’agriculture biologique, l’agroécologie, la permaculture et les autres techniques restauratrices des milieux naturels, représentent des alternatives à l’agriculture industrielle, car elles respectent les ressources et les animaux et suivent les cycles naturels.

Les solutions ne manquent pas face à l’urgence : développement de la circularité de l’économie par le réemploi et le partage, sobriété énergétique et mobilité partagée, font également partie des revendications développées.

Récemment, le gouvernement a présenté le plan national pour le climat et l’énergie. Nous sommes sur la bonne voie, mais pour arriver aux objectifs fixés, nous avons besoin de mesures plus efficaces en matière de protection du climat, comme le développement de la taxe carbone socialement équitable ou l’extension des transports publics.

Nous demandons au monde politique de prendre le sujet à bras le corps et d’apporter les réponses nécessaires afin d’assurer un monde juste et durable, pour permettre au Luxembourg d’atteindre la ligne d’arrivée de l’équilibre durable. Cela doit devenir le cœur du développement de notre société. 


Notes : 

[1] Votum Klima est une plateforme qui réunit les associations suivantes : Greenpeace, ASTM, CELL, Caritas Luxembourg, Cercle de coopération, etika, Eurosolar Lëtzebuerg, frères des hommes, Fairtrade Lëtzebuerg, partage, SOS Faim, natur&ëmwelt, Vereenegung fir Biolandwirtschaft Lëtzebuerg a.s.b.l., proVelo.