Action Solidarité Tiers Monde (ASTM) et Greenpeace demandent une future stratégie d’investissement du FDC en accord avec la protection du climat et des droits humains

Luxembourg, 18 octobre 2022  Selon des informations de l’ASTM et Greenpeace, une proposition d’une nouvelle stratégie d’investissement durable sera présentée au conseil d’administration du Fonds de Compensation FDC ce jeudi 20 octobre. A l’heure actuelle,  les deux ONG n’ont pas d’informations sur comment le fonds va garantir que les 26 milliards d’euros d’argent public [1], venant des cotisations sociales, seront investis dans le respect de l’environnement, du climat et des droits humains. Greenpeace Luxembourg et l’ASTM exigent plus de transparence et une implication active de la société civile ainsi que de la Chambre des Députés dans l’élaboration de la nouvelle stratégie d’investissement du fonds.

© Frederic Meys, Greenpeace

Le FDC est en train de développer sa nouvelle stratégie d’investissement pour les 5 ans à venir. Lors d’une rencontre avec le ministre de la Sécurité sociale Claude Haagen la semaine dernière, les deux ONG ont demandé plus d’informations sur la future stratégie d’investissement. Malheureusement, il en est ressorti clairement que la nouvelle stratégie du fonds de pension sera décidée en interne chez le FDC et que ni la société civile ni la Chambre des Députés ne sera informée ou impliquée à l’avance. 

« Ceci est inacceptable ! Nous parlons de l’argent de plus de 400.000 employé·e·s du secteur privé au Luxembourg qui ne veulent certainement pas que leurs cotisations soient investies sans respecter les droits humains. Nous regrettons vivement que ni le ministre de tutelle, ni le conseil d’administration du FDC n’aient jusqu’à maintenant donné la possibilité à la société civile de s’exprimer sur la future stratégie d’investissement » expliquent les représentant·es de Greenpeace et ASTM.

Les deux ONG appellent les membres du Conseil d’Administration du FDC à s’engager pour une stratégie d’investissement réellement durable obligeant le FDC à cesser tout investissement dans des entreprises qui violent les droits humains, détruisent l’environnement ou alimentent la crise climatique.

En outre, elles exigent du Ministre Claude Haagen de rejeter toute stratégie qui n’est pas conforme aux instruments internationaux ratifiés par le Grand-Duché [2]. En outre, le ministre devrait enfin présenter une proposition de loi garantissant que le mandat du FDC inclut des critères de durabilité et une implication active de la société civile dans le processus d’élaboration de toute nouvelle stratégie.

« A huis clos, on décide comment investir l’argent public. Ceci est indigne d’un gouvernement qui fait de la protection du climat, des droits humains et de la participation citoyenne son cheval de bataille » expliquent les représentant·es de Greenpeace et ASTM. « Ce n’est pas ça, la transparence ! Afin d’assurer que les investissements du FDC soient conformes aux objectifs de l’accord de Paris et aux normes relatives aux entreprises et droits humains, il est indispensable que des parties prenantes telles que la société civile soient  impliquées. »

Selon un rapport des deux ONG, le fonds de pension luxembourgeois continue à placer de l’argent public dans des entreprises qui violent les droits humains et alimentent la crise climatique. Par ses investissements, le FDC contribue à des atteintes au droit à la vie, au droit à la santé, aux droits des travailleurs et aux droits à la liberté et à la sûreté de la personne. De plus, il continue à financer la crise climatique, la pollution de l’eau et de l’air et la destruction des habitats et des ressources naturelles, alors qu’un environnement propre, sain et durable est un droit humain [3]. 


[1] A titre de comparaison, les recettes et les dépenses du budget de l’Etat luxembourgeois pour l’année 2023 s’élèvent à environ 26 milliards d’euros et sont donc du même ordre de grandeur que les actifs du FDC.

[2] Pour en citer que quelques uns : l’Accord de Paris sur le changement climatique; les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme; les principes des huit conventions fondamentales de l’OIT tels qu’énoncés dans la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail.

[3] Résolution 48/13 du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, https://undocs.org/fr/A/HRC/RES/48/13