Au-delà des mesures tripartites, l’État doit investir d’urgence dans la transition énergétique, économique et écologique.

Luxembourg, 23 septembre 2022Face à la crise énergétique, le gouvernement du Luxembourg a échangé avec les partenaires sociaux dans le cadre d’une tripartite et a annoncé mardi soir un paquet de mesures s’élevant à plus d’un milliard d’euros. Greenpeace demande une enveloppe d’urgence d’au moins un milliard d’euros supplémentaire pour enfin lancer la transition énergétique du pays grâce à des mesures ciblées pour le climat, tout en respectant les priorités des besoins sociaux.

Au cours des dernières années, les effets de la crise climatique sont devenus de plus en plus visibles en Europe, y compris au Luxembourg. Le Grand-Duché a été touché par des inondations, vagues de chaleur, sécheresses et tempêtes. S’y ajoutent maintenant des hausses de prix très marquées pour le gaz (les prix de gros ont été multiplié par 10) mais également pour l’électricité et les produits pétroliers. Un paquet de mesures vient d’être proposé par la tripartite, destiné à limiter l’impact de la pression inflationniste sur les ménages et sur les entreprises. Le montant évoqué des aides s’élève à plus d’un milliard d’euros. [1] Or, ces mesures n’ont aucune efficacité dans le long terme. Ce montant aurait pu être investi de façon plus ciblée afin de renforcer la transition énergétique et de combattre la pauvreté énergétique à moyen et long terme.

« Pour la plupart des mesures, aucune distinction n’est faite entre les bénéficiaires présentant des faibles revenus et ceux disposant d’un gros patrimoine, on arrose tout le monde », explique Frédéric Meys, chargé de campagne chez Greenpeace Luxembourg. « D’autre part, aucune variation n’existe entre les gros consommateurs et les plus petits. Ceux consommant et polluant le plus bénéficient d’une compensation équivalente sur les factures énergétiques. Les mesures devraient être plus ciblées pour ceux qui en ont besoin. »

Sans établir de distinction d’une part entre les personnes capables de supporter la charge supplémentaire de la hausse des prix et celles qui ne le sont pas, et d’autre part, entre les petits et les grands consommateurs, c’est faire preuve de peu de solidarité.

Greenpeace Luxembourg demande au gouvernement de mettre à disposition au moins un milliard d’euros supplémentaire pour initier enfin une transition énergétique et économique verte qui apparaît comme des investissements rentables. [2] Si nécessaire, la limite de la dette publique fixée à 30 % du PIB par le Luxembourg devrait être levée, surtout en regard de l’urgence et l’importance de la crise présente et à venir. [3] Cette limite ne devrait plus nous contraindre pour des investissements porteurs de sens pour les générations futures et pour ne plus subir le diktat de pays hostiles ou ne respectant pas les droits humains.

A force de penser à court terme, on ne se prépare pas suffisamment pour la transition énergétique, qui aurait déjà dû être initiée depuis bien longtemps.

« La crise énergétique actuelle est le résultat de décennies d’inaction en ce qui concerne l’action climatique », ajoute Frédéric Meys. « Ne pas agir maintenant aura comme conséquences de futures crises énergétiques. Il faut entendre l’appel des jeunes qui se répètent dans nos rues, arrêter de reporter la transition énergétique éternellement et enfin sortir de ce cercle vicieux. La dette environnementale continue de s’accumuler mais un jour il faudra la payer. »


Notes :

[1] https://gouvernement.lu/fr/actualites/toutes_actualites/communiques/2022/09-septembre/21-tripartite.html
[2] Une étude de l’Université de Stanford, portant sur 142 pays, montre que des investissements dans les énergies renouvelables peuvent être considérés comme des investissements rentables, rentabilisés en des temps très courts.
[3] Les règles du traité de Maastricht, qui est actuellement suspendu à cause de la crise Covid, impose un endettement des pays membres à maximum 60 % du PIB et 3 % du déficit public. Une réforme du traité s’impose afin que les dépenses pour la transition écologique et pour le bien commun en générale ne soient plus vues comme simple dette mais comme un investissement pour le futur.