Luxembourg, le 17 Novembre 2021 –  Ce matin, à l’occasion d’une réunion de son conseil d’administration, la Banque européenne d’investissement (BEI) a été rebaptisée par des militant·es de Greenpeace qui ont utilisé des banderoles, des pancartes et des cubes gonflables pour changer le nom de la banque en « European Greenwashing Bank ». Les militant·es ont ainsi dénoncé l’hypocrisie et le greenwashing de la BEI, qui continue à financer des projets et des entreprises nuisibles au climat tout en prétendant contribuer à la lutte contre le changement climatique.

Copyright : Anaïs Hector

La banque continue de financer des projets néfastes pour le climat, notamment relatifs aux gaz fossiles figurant sur la liste des projets d’intérêt commun (PIC) [1] et liés aux infrastructures gazières existantes (p.ex. l’extension d’un réseau). La BEI n’a pas réussi à mettre sur sa liste noire les grands pollueurs et les entreprises de combustibles fossiles, comme PGE en Pologne, le plus grand émetteur de gaz à effet de serre du pays. Elle continue de financer l’expansion des autoroutes, comme l’A49 en Allemagne, qui détruit la forêt séculaire de Dannenröder. La banque soutient également l’agriculture industrielle et ne n’inspecte pas environ un tiers de ses financements, qui sont effectués par des intermédiaires financiers.

« Comment la BEI peut-elle prétendre être la banque climatique de l’UE alors qu’elle continue à financer certaines des entreprises les plus polluantes d’Europe et soutient la destruction d’une forêt séculaire pour faire place à une autoroute ? Ces projets climaticides mais aussi le greenwashing de la Banque doivent cesser dès maintenant », commente Frank Thinnes, responsable de la campagne Climat et Énergie à Greenpeace Luxembourg. « En tant qu’institution publique, la BEI, sous la direction de son président Werner Hoyer, est tenue de respecter l’objectif de l’accord de Paris sur le climat, qui consiste à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Elle doit joindre le geste à la parole, fermer toutes ces portes dérobées qui permettent le financement des grands pollueurs et faire son devoir pour enrayer la crise climatique. La BEI n’a aucune excuse pour continuer à financer les combustibles fossiles, l’expansion des autoroutes et l’agriculture industrielle. » 

Greenpeace met en garde sur le fait que les récentes annonces de la BEI et sa feuille de route sur le changement climatique (“EIB Group Climate Bank Roadmap 2021-2025”) ne mettront pas un terme à cette situation et laisseront de nombreuses portes ouvertes pour le financement de projets et d’entreprises nuisibles à l’environnement. Si la BEI continue d’agir comme elle le fait, les conséquences de la crise climatique que nous connaissons déjà, telles que les inondations, les sécheresses et les incendies, ne feront qu’empirer.

Greenpeace appelle les directeurs de la BEI et les ministères des finances associés à respecter leurs engagements climatiques et à cesser le greenwashing. La BEI doit en priorité cesser de financer des projets liés aux combustibles fossiles, arrêter de soutenir les entreprises émettrices de carbone en imposant des critères climatiques stricts à ses clients, notamment les intermédiaires, et revoir sa politique de transports pour ne plus financer les voies rapides et autoroutes.

Copyright : Anaïs Hector

Sous la supervision du président Hoyer et de gouverneuses et gouverneurs tels que le ministre luxembourgeois des Finances Pierre Gramegna, la BEI doit enfin exiger de ses clients qu’ils mettent en place des plans de décarbonisation crédibles tout en implémentant un mécanisme d’évaluation pour valider l’efficacité de ces plans. « Nous demandons à Pierre Gramegna de veiller à ce que la BEI, la plus grande institution financière multilatérale au monde, s’aligne véritablement sur l’accord de Paris », explique Frank Thinnes. « Son soutien actif à l’établissement de critères clairs et solides pour la clientèle de la BEI pourrait contribuer à la transformation de cette dernière en véritable modèle de durabilité pour les institutions financières. »


Notes : 

[1] Projets liés à la sécurité, à la compétitivité et à la satisfaction des besoins énergétiques

Blockade of Shell's Harbour in Rotterdam. © Marten  van Dijl / Greenpeace
Interdisons la publicité et les parrainages climaticides !

Signez l’Initiative Citoyenne Européenne pour bannir la publicité et les parrainages en faveur des combustibles fossiles !

S'engager