Luxembourg, 10 novembre 2021 Cet après-midi, des activistes de Greenpeace se sont rassemblé·es devant la filiale de TotalEnergies à Luxembourg-ville pour dénoncer les pratiques de greenwashing du géant pétrolier. Malgré son changement de nom en « TotalEnergies » et les sommes colossales investies dans son image de marque, le pétrole et le gaz resteront le cœur de métier du groupe Total pour les décennies à venir. Dans le contexte particulier de la COP26, qui appelle à la prise de mesures en vue d’une élimination générale des combustibles fossiles, expert·es et ONG mettent en garde contre le principe de compensation des émissions de carbone et contre les campagnes marketing trompeuses des entreprises pollueuses. L’initiative citoyenne européenne « www.banfossilfuelads.org » vise à interdire ces pratiques d’éco-blanchiment.

Copyright: Anaïs Hector

Le groupe Total fait partie des cinq plus grosses entreprises productrices d’énergies fossiles [1]. Les émissions de gaz à effet de serre de Total se chiffrent à 488 millions de tonnes par an, ce qui participe à une augmentation de la température moyenne globale de +4° [2]. En parallèle Total dépense chaque année 52 millions de dollars pour son image climatique, soit 29 % de son budget marketing (le pourcentage le plus élevé parmi les cinq « carbon majors ») [3]. Sur son propre site Internet luxembourgeois [4], TotalEnergies promeut les compensations volontaires de CO2 et s’engage ainsi à contrebalancer les émissions de gaz à effet de serre causées par ses activités. Pourtant, la plupart des produits vendus par l’entreprise pourraient être remplacés par des énergies renouvelables réellement respectueuses du climat, et dont on possède, déjà à l’heure actuelle, la technologie. 

Selon les climatologues, le monde doit à la fois procéder à des réductions d’émissions immédiates, drastiques et cohérentes, mais également promouvoir les puits de carbone naturels afin d’atteindre les objectifs climatiques. « Les mécanismes de compensation, comme le programme Redd +, que TotalEnergies met en avant, permettent de continuer à polluer l’environnement et favorisent la commercialisation de la nature », dénonce Frank Thinnes, chargé de campagne Climat et Énergie. « Ce modèle a déjà conduit à l’accaparement des terres, à la destruction de la biodiversité et à des violations des droits humains ». 

Au niveau mondial, le groupe s’est donné pour objectif d’atteindre la neutralité pour les émissions directement liées à ses opérations ainsi que celles liées à l’utilisation de ses produits d’ici 2050 [5]. En mars 2021, la coalition d’investisseur·euses Climate Action 100+ a estimé que TotalEnergies ne respecte que partiellement ses propres critères en matière d’effort climatique – et que sa politique n’est de toute façon pas compatible avec un objectif global de limitation du réchauffement climatique à 1,5°C [6].

Greenpeace demande aux pays participant à la COP26 de rejeter les projets de l’industrie visant à créer un marché mondial de la compensation carbone, car les mécanismes de compensation ne feront que retarder les véritables mesures de protection du climat. Les compagnies pétrolières telles que TotalEnergies ne considèrent la sauvegarde de l’environnement que comme un critère secondaire et cherchent à continuer la commercialisation de leurs produits climaticides. C’est la raison pour laquelle leurs lobbyistes sont présents aux négociations à Glasgow : la création de marchés de compensation carbone leur offrirait une nouvelle échappatoire une nouvelle échappatoire afin de prétendre à une image positive et engagée, en plantant des arbres par exemple, tout en poursuivant leurs activités destructrices en sous-main.

Il est temps d’interdire leurs mensonges : « vous vous souvenez des cow-boys cool de la publicité Marlboro, comme Wayne McLaren ou David McLean ? Ces messieurs sont morts à cause des effets de la consommation de cigarettes. À l’époque, les publicités de l’industrie du tabac étaient trompeuses. Aujourd’hui, ce sont les mensonges et le greenwashing des entreprises comme TotalEnergies qui dupent les consommateur·ices tout en détruisant notre climat et notre avenir », regrette Frank Thinnes. 

À l’instar de l’interdiction de la publicité pour le tabac, Greenpeace et 20 autres organisations internationales demandent l’interdiction de la publicité pour les entreprises polluantes qui agissent en contradiction avec l’accord de Paris et pour les combustibles fossiles. Ces derniers nuisent et mettent en danger des millions de personnes. Grâce à l’initiative citoyenne européenne www.banfossilfuelads.org, chacun et chacune peut soutenir cette revendication. Si la pétition atteint un million de signatures en Europe, l’Union européenne s’engage à en examiner les revendications, ce qui pourrait aboutir à une véritable loi internationale. 


Notes aux rédactions : 

[1] Exxon, Chevron, Shell, Total et BP. 

[2] Oxfam France (2021) Climat: CAC degrés de trop – le modèle insoutenable des grandes entreprises françaises

[3] Influence Map, “Big Oil’s Real Agenda on Climate Change”, 2019, p. 12

[4] https://services.totalenergies.lu/ 

[5] https://www.climateaction100.org/company/Total/ 

[6] https://www.globalwitness.org/en/press-releases/hundreds-fossil-fuel-lobbyists-flooding-cop26-climate-talks/

Vidéo : Uncover the greenwash scams of the global oil industry