Action at Barclays’ HQ in London over Dirty Oil Pipeline Funding. © Chris J Ratcliffe / Greenpeace
© Chris J Ratcliffe / Greenpeace

Malgré de beaux discours, les banques continuent d’investir dans les énergies fossiles

L’édition 2020 du rapport Banking on Climate Change, le rapport le plus complet sur le financement des énergies fossiles par les banques privées internationales, révèle que celles-ci ont alloué près de 2700 milliards de dollars de financement aux énergies fossiles depuis l’adoption de l’accord de Paris, avec, depuis 2016, une somme chaque année plus élevée. Ce nouveau rapport dévoile l’irresponsabilité des grandes banques privées qui continuent de nous pousser vers le point de non-retour.

Banking on Climate Change 2020, publié par Rainforest Action Network, BankTrack, Indigenous Environmental Network, Oil Change International, Reclaim Finance et le Sierra Club, comptabilise à l’échelle mondiale l’ensemble des financements de 2100 entreprises dans les secteurs du charbon, du pétrole et du gaz sur la période 2016-2019.

Le rapport constate que le financement des entreprises du secteur des énergies fossiles continue d’être dominé par les grandes banques américaines : JPMorgan Chase, Wells Fargo, Citi et Bank of America. Trois banques européennes figurent dans le top 15 des plus gros financeurs sur la période 2016-2019 : Barclays en tête, puis HSBC et BNP Paribas. Toujours d’après le rapport, Crédit Suisse a été le plus grand bailleur de fonds hors Chine de l’extraction du charbon au cours des quatre dernières années, bien que ses investissements aient diminué depuis 2017.

Selon Alison Kirsch, chercheuse en chef sur le climat et l’énergie pour Rainforest Action Network, le rapport Banking on Climate Change 2020 brosse un tableau très inquiétant de la manière dont les grandes banques nous mènent vers un véritable désastre climatique. Tandis que le bilan des morts et des destructions en raison des inondations, sécheresses, incendies et tempêtes sans précédent s’alourdit, il est inadmissible de laisser les banques approuver de nouveaux prêts et lever des capitaux pour les entreprises qui s’obstinent à augmenter leurs émissions de carbone.

Johan Frijns, directeur de BankTrack, affirme qu’”au cours de l’année dernière, les banques se sont bousculées pour revendiquer leur soutien aux objectifs de l’accord de Paris. Les Principles for Responsable Banking ainsi que les nouveaux Equator Principles, signés par plus d’une centaine de banques, approuvent tous deux les objectifs mondiaux en matière de protection du climat. Pourtant, les données de Banking on Climate Change 2020 montrent que ces engagements certes louables ne font guère de différence, et que le financement bancaire de l’industrie des combustibles fossiles continue de nous mener vers le gouffre climatique. Il est grand temps que les banques mettent un terme au financement de tous les nouveaux projets d’énergies fossiles et suppriment de toute urgence celui des projets existants. Ce devrait être l’objectif global de Glasgow (1) pour toutes les banques“.

Le rapport “Banking on Climate Change 2020” met également en évidence les manquements inacceptables des banques en matière de droits humains en raison de leurs financements des projets, comme celui de l’oléoduc Line 3 en Amérique du Nord, auquel s’opposent les peuples autochtones, le projet de fissuration du bassin de Vaca Muerta en Argentine, ou encore le projet d’expansion de la  mine de charbon de Turów en Pologne. Ces exemples mettent en évidence l’absence de politiques efficaces en matière de droits humains pour empêcher ces institutions de financer des projets très problématiques et les entreprises qui les soutiennent.


© Banking on Climate Change 2020

(1) La COP26, qui se tiendra à Glasgow est une étape cruciale pour que les banques alignent enfin leurs politiques et leurs pratiques sur les rails d’un monde à 1,5°C, dans lequel les droits humains seraient pleinement respectés.