En ce dimanche 8 mars 2020, journée internationale des droits des femmes*, réfléchissons un instant aux violences faites envers toute une partie de la population uniquement en raison de son genre. Réfléchissons-y non seulement en tant qu’hommes envers les femmes mais aussi en tant que femmes envers d’autres femmes. Car il ne s’agit pas seulement de lutter contre les inégalités de genre, mais contre toutes les formes de domination et de discrimination.

Écologie et féminisme

Depuis les premières préoccupations écologiques, les femmes ont toujours incarné le visage de la lutte pour la planète, principalement parce qu’elles en sont les premières impactées. Pourquoi ? D’une part, parce que ce sont elles qui, dans le modèle hégémonique patriarcal, gèrent le foyer. Et, d’autre part, parce que ce sont les personnes les plus démunies qui subissent de plein fouet la crise climatique et que 70% des personnes qui vivent dans la pauvreté sont des femmes. Des études ont par ailleurs montré que les violences contre les femmes augmentent à la suite d’une catastrophe naturelle en raison du stress post-traumatique, du manque de ressources (eau, nourriture, énergie…) et de la disparition temporaire des systèmes de régulation de la violence (forces de l’ordre mais aussi moyens de communication etc.). À elles donc – à nous – la lourde tâche de penser à l’avenir du monde.

Les problématiques écologiques sont ainsi indissociables des problématiques féministes et ce, partout à travers le monde : car elles concernent toutes les femmes.

© Jeremy Sutton-Hibbert / Greenpeace

Ne pas invisibiliser la parole des personnes de couleurs

Janvier 2020, alors en pleine couverture du Forum Économique Mondial, l’AP publie un portrait de groupe des jeunes activistes présentes sur place afin de rappeler la responsabilité du secteur financier dans la crise climatique. Mais sur la photo manque Vanessa Nakate, militante ougandaise, effacée lors du recadrage.

Moins d’un mois plus tard, Karin Louise Hermes, militante germano-philippine, se retire de la lutte environnementale. Parce qu’elle réalise qu’elle n’est y est admise que pour en montrer la “diversité”, comme un contre-exemple à la question de la blancheur écrasante du mouvement environnemental et que sa parole n’est finalement pas prise en compte.

Ce que ces réalités alarmantes nous rappellent, c’est qu’encore en 2020, une femme ne peut parler publiquement d’écologie et être plus ou moins prise au sérieux qu’à la seule condition d’être blanche. Quand bien même, on ne le répètera pas assez, les femmes sont les premières victimes du réchauffement climatique. Et c’est le monde dans lequel nous voulons continuer à vivre ? Il n’en est pas question.

Solidarité avec les femmes du monde entier

Avant toute chose, il s’agit de prendre conscience de ses propres biais, de son propre racisme. De son propre sexisme. Ne pas réduire le discours des femmes de couleurs à la seule diversité, au seul témoignage. Écouter – vraiment écouter – leurs expertises, leurs avis. Ne pas les effacer. Ne pas se contenter de les  inclure, mais travailler avec elles, ensemble, main dans la main, car si toutes nos luttes ne se ressemblent pas, nous ne pourrons pas y faire face séparément.

En ce 8 mars 2020, journée internationale des droits des femmes, célébrons Xiye Bastida, Isra Hirsi, Ayakha Melithafa, vous et toutes les autres qui, à travers le monde, se lèvent pour l’avenir de tou·tes.

* Par femme on entend ici toute personne qui se désigne comme femme ou qui est socialement identifiée comme femme.