Chacun a évidemment sa propre expérience, sa propre histoire. Mais celle-ci est peut-être un peu différente.
Glenn, légateur d’Australie
J’ai forgé un engagement durable et respectueux de l’environnement dans la banlieue nord de Sydney, à la fin des années 1960. À seulement dix kilomètres du centre d’affaires de la métropole, mes amis d’enfance et moi avions l’habitude de profiter de longues journées pleines d’aventures, près des lacs et rivières de la région,qui s’écoulent jusqu’au parc national en aval. Les voies navigables – encore saines à l’époque – étaient un refuge pour papillons de toutes les couleurs, grenouilles de toutes les tailles, anguilles, superbes petits poissons d’espèces locales et même étranges échidnés (animal de la famille des ornithorynques – ndlr) et goanna (varans australiens – ndlr). C’était un pays de merveilles écologiques.
Mais en un peu plus de dix ans, une importante partie du lit de la rivière et de ses affluents, jusqu’alors abondants de vie, a été obstruée par de vastes amas de béton et bitume avec l’arrivée d’un grand centre commercial. Les impacts de ce changement ont été visibles, profonds et durables : en termes de biodiversité, les pertes ont été considérables.
Dix ans plus tard, j’ai vécu à proximité de l’île tropicale de Java dans l’ouest de l’Indonésie, et j’ai étudié à l’université de Yogyakarta. Un jour, un tigre est descendu des forêts au pied du Merapi, un volcan très actif. Attiré par l’odeur des chèvres et du bétail, le félin est entré dans l’enceinte de l’université d’agronomie. C’était effroyable, mais en très peu de temps ce rare tigre javanais a été acculé et abattu. L’un des rares survivants de cette espèce unique !
Un tigre de Java photographié en 1938 à Ujung Kulon.
Ce n’est pas fini. Un autre tigre de Java est, plus tard, descendu des forêts à la recherche de son partenaire désormais mort. La créature désespérée a été capturée et mise en cage dans un zoo des environs. Attristée par la perte de son compagnon et de sa jungle natale, elle n’a survécu que très peu de temps. Quelques années plus tard à peine, l’espèce s’éteignait.
Ces deux évènements majeurs, le premier dans la banlieue de Sydney et le second près des jungles tropicales de Java, m’ont profondément marqué et déterminé à faire ce que tout je peux au cours du temps qu’il me reste à vivre afin de tenter d’enrayer l’appauvrissement insensé de la nature et la destruction de la seule biosphère dont nos vies dépendent.
Léguer à Greenpeace est un geste généreux, déterminé et militant.