Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a publié la synthèse de son 6e Rapport d’Évaluation (RE). Cette synthèse concentre les informations contenues dans les milliers d’articles scientifiques publiés ces 10 dernières années et dans les six rapports constituant le RE. Vous vous sentez déjà perdu·e ? Pas de panique. Nous avons résumé pour vous l’essentiel à retenir de cette publication : 

  • Les gouvernements peuvent encore agir pour garantir un monde vivable pour les générations futures, mais il faut faire vite.
  • Il est nécessaire de mettre rapidement en marche des transitions profondes dans tous les secteurs de nos sociétés.
  • Nos choix et nos actions au cours des 10 prochaines années auront des conséquences cruciales sur l’avenir proche et lointain de la planète.

Envie de creuser un peu plus le sujet ? Alors cet article est fait pour vous.

© Isis Medeiros / Greenpeace

Le changement climatique, causé par les activités humaines, s’intensifie rapidement

Aucune région du globe n’est épargnée. Les impacts du changement climatique, et les pertes et dommages qui y sont liés, se sont généralisés et aggravés depuis la dernière évaluation des scientifiques.

Et c’est pire que ce qu’on pensait

Le GIEC estime que des niveaux d’impacts et de risques “élevés” voire “très élevés” pourront être atteints avec une augmentation des températures plus basse qu’initialement prévu.

À l’heure actuelle, la planète enregistre déjà un réchauffement moyen de +1,1°C (par rapport à l’ère pré-industrielle). Si rien n’est fait, nous nous dirigeons vers une hausse de 3,2 °C.

Quels risques pour quel réchauffement ?

Avec 1,2 °C d’augmentation de la température moyenne du globe, certains écosystèmes uniques seront fortement menacés. Avec 1,5 °C, jusqu’à 14 % des espèces terrestres évaluées pourraient être exposées à un risque très élevé d’extinction. Avec 1,9 °C, la moitié de la population humaine serait exposée à des conditions climatiques mortelles d’ici à 2100, en raison de l’effet conjugué de la chaleur et de l’humidité extrêmes. Entre 2 °C et 3°C d’augmentation, les calottes glaciaires du Groenland et l’Antarctique-ouest auront presque totalement fondu, et ce de façon irréversible.

© Greenpeace / Pedro Armestre

Les populations les moins responsables du changement climatique sont les plus touchées

Près de la moitié de la population mondiale (entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes) vivent dans un environnement très exposé aux aléas climatiques. Entre 2010 et 2020, la mortalité humaine due aux inondations, sécheresses et tempêtes était 15 fois plus élevée dans les régions très vulnérables, par rapport aux régions où les risques climatiques sont plus faibles.

Dans le même temps, les 10 % des ménages les plus aisés à l’échelle mondiale contribuent à hauteur de 45 % des émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation.

En perspective : des risques climatiques élevés voire très élevés, et une absence de réduction des émissions mondiales

Au vu des politiques qui ont été mises en œuvre jusqu’à fin 2020, nous nous dirigeons vers un réchauffement de 2,2 °C à 3,5 °C d’ici à 2100. 

Au lieu d’une division par deux des émissions mondiales d’ici à 2030 – qui serait nécessaire pour respecter la limite de réchauffement à long terme de 1,5° C fixée par l’accord de Paris – aucune baisse ne serait enregistrée d’ici à 2030.

Il est encore possible d’inverser la tendance

© Nathaniel Garcia / Greenpeace

Nous devrions atteindre un réchauffement moyen de la planète de 1,5 °C dans les années 2030. Ce qui importe maintenant, c’est de savoir si le réchauffement s’arrêtera à cette date et s’il sera suivi d’un refroidissement, ou s’il s’envolera vers des niveaux beaucoup plus élevés.

En suivant les trajectoires de réduction des émissions les plus ambitieuses, le réchauffement maximal pourrait atteindre 1,5°C à 1,6°C, puis retomber à environ 1,4°C d’ici la fin du siècle. À condition de prendre rapidement les mesures nécessaires, l’objectif de l’accord de Paris est donc encore à portée de main. 

Il est essentiel de limiter autant que possible tout dépassement de 1,5 °C, car le refroidissement ultérieur n’annulerait pas les effets irréversibles déclenchés par le pic de réchauffement (tels que la disparition d’espèces ou la fonte de la calotte glaciaire). 

Le solaire et l’éolien ont le vent en poupe

Nous avons tous les outils nécessaires pour diviser par deux les émissions mondiales d’ici à 2030. Le GIEC estime que nombre de solutions pourraient être mises en œuvre à moindre coûts, voire nous permettre de réaliser des économies.

Les principaux leviers à actionner sont le développement des énergies solaire et éolienne, dont les coûts sont désormais équivalents voire inférieurs à ceux des combustibles fossiles,  la protection et la restauration des forêts et autres écosystèmes, l’adoption de modèles alimentaires et agricoles respectueux de l’environnement et le déploiement de l’efficacité énergétique.

Pour Greenpeace, les conclusions du GIEC impliquent également que les investissements dans les parcs nucléaires doivent cesser – qui cumulent fissures, déboires, retards et anomalies, mettant en danger la sûreté et la sécurité – et que les investissements dans les renouvelables et la sobriété énergétique doivent avoir priorité.

L’une des mesures qui présenterait le plus gros potentiel de réduction des émissions, c’est la transition vers des régimes alimentaires que le GIEC qualifie d’“équilibrés et de “durables” (balanced sustainable diets), c’est-à-dire des régimes faibles en viande. 

Il faut sortir rapidement des énergies fossiles

D’après les graphiques du GIEC, les infrastructures de combustibles fossiles existantes nous conduisent d’ores et déjà vers un dépassement du seuil de réchauffement de 1,5°C. Il est donc évident, comme l’a clairement déclaré l’Agence internationale de l’énergie, que tout nouveau projet d’extraction des ressources fossiles est indésirable. 

Comment agir concrètement ?

Il faut mettre en place de vraies mesures structurantes pour parvenir à des transitions “rapides et profondes dans tous les secteurs et systèmes”, et ne pas compter sur des technologies qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Par exemple, les technologies de capture et stockage du carbone présentent, d’après le GIEC, un potentiel très limité dans le laps de temps que nous avons pour agir.

La justice sociale et intergénérationnelle : un impératif

D’après le GIEC, intégrer des mesures climatiques aux politiques macroéconomiques permet de favoriser des trajectoires à faibles émissions, mais aussi la création d’emplois ou la protection sociale, notamment dans les régions en développement.

Ce qui se joue, c’est aussi l’avenir des générations futures, qui seront celles qui paieront les pots cassés de notre inaction. Ce graphique du GIEC illustre assez bien dans quelles proportions, en fonction de notre année de naissance, nous seront affectés par le dérèglement climatique.

L’argent, le nerf de la guerre

Si un effort a été fait l’an dernier lors de la COP27 pour que les pays qui ont le plus de responsabilités dans la crise climatique soutiennent ceux qui en ont le moins, l’argent manque encore cruellement. Ou plutôt, l’argent est là mais n’est pas investi là où il faut.

D’après l’Agence internationale de l’énergie, les compagnies pétrolières et gazières ont engrangé 4000 milliards de dollars de bénéfices l’an dernier, alors que les émissions du secteur énergétique atteignaient un nouveau record.

Malgré l’urgence, les investissements publics comme privés sont encore davantage tournés vers les énergies fossiles que vers l’adaptation et l’atténuation climatiques. Ainsi, il faudrait investir entre trois et six fois plus par rapport aux niveaux actuels pour répondre aux besoins d’atténuation, notamment dans les pays en développement.

Au Luxembourg comme partout dans le monde, les solutions et l’argent sont là. Il ne faut donc pas baisser les bras, mais au contraire se retrousser les manches pour pousser les gouvernements à agir contre le changement climatique si l’on veut que notre belle planète reste habitable.