Nous vivons un moment décisif pour l’humanité. Afin d’éviter les pires impacts de l’urgence climatique, nous avons besoin d’actions climatiques en accord avec l’Accord de Paris. C’est ce qui sera attendu du 26ème sommet de l’ONU sur le climat (COP 26) qui débutera ce vendredi à Glasgow en Ecosse.

© Johanna de Tessières / Greenpeace

La COP26 de Glasgow revêt une importance capitale, il s’agit en effet du moment limite que les Etats se sont fixés pour faire part des mesures concrètes leur permettant d’atteindre l’objectif fixé lors de l’accord de Paris en 2015.

Les ambitions actuelles des pays en matière de réduction de gaz à effet de serre ne sont pas suffisantes. Elles nous mènent à un scénario où la terre connaîtra un réchauffement bien supérieur à 1,5°C (niveau de réchauffement maximum fixé comme objectif à Paris en 2015). Des mesures concrètes doivent donc être prises lors de la COP26 pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et intensifier les efforts d’adaptation au changement climatique.

Face à l’ampleur du défi à relever, Greenpeace a formulé 4 demandes qu’elle transmettra par tous les moyens aux gouvernements lors de cette COP26. Ces exigences peuvent nous permettre de garantir un avenir plus équitable, plus sûr, et plus durable.

  1. Arrêter immédiatement tous les nouveaux projets d’exploitation d’énergies fossiles 

La COP26 doit marquer, pour le monde entier, la fin de l’ère des énergies fossiles. Après ce sommet, nous devons nous engager à ne plus accepter aucun nouveau projet d’exploitation de combustibles fossiles, où que ce soit. En parallèle, les projets et les infrastructures existants devront être éliminés, et cela au regard de notre objectif de 1,5°C de réchauffement maximum. Cela signifie très concrètement que, passée la COP26, il ne pourra plus y avoir aucun nouveau puits de pétrole, de nouvelle centrale au charbon, de nouvelle mine de charbon et de nouveau projet gazier.  

Outre la fin de nouveaux projets liés aux énergies fossiles, nous exigeons également la cessation de nouveaux investissements. Les soutiens publics aux projets existants devront eux aussi être abandonnés peu à peu. Une priorité particulière doit être accordée à l’élimination progressive et rapide de l’exploitation du charbon. 

Le texte de décision finale de la COP26 devra mentionner directement les énergies fossiles comme les responsables principaux de la crise climatique. 

L’élimination progressive des énergies fossiles doit se faire dans le cadre d’une transition juste pour les travailleurs, les travailleuses, et les communautés affectées. 

Si nous nous donnons les moyens de les faire advenir, des solutions énergétiques intelligentes, efficaces et durables existent aujourd’hui.

  1. Fixer des objectifs ambitieux qui permettent de réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030

Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), si nous voulons avoir une chance sur deux de limiter le réchauffement terrestre à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, nous ne devrions pas émettre plus de 500 milliards de tonnes de CO2. Et cela à compter du début de l’année 2020. Pour arriver à deux chances sur trois de rester en deçà de 1,5 °C, et éviter ainsi les pires scénarios climatiques, nous devons même nous limiter à 400 milliards de tonnes. Malheureusement, les activités humaines sont actuellement responsables de plus de 40 milliards de tonnes d’émissions par an. 

Nous devons donc prendre des mesures urgentes et décisives pour réduire de moitié les émissions mondiales d’ici à 2030, et nous mettre sur la voie de l’objectif « zéro émission nette » en 2050. Si les gouvernements ne parviennent pas à améliorer les engagements de réduction des émissions qu’ils ont soumis aux Nations unies, ils feront échouer l’objectif de l’accord de Paris sur le climat. Dans le cadre des engagements actuels, les émissions augmenteront de 16 % d’ici à 2030, ce qui nous place sur la voie d’un réchauffement de 2,7 °C d’ici à la fin du siècle! 

Les pays du G20 représentent près de 80 % des émissions mondiales. La plupart d’entre eux n’ont pourtant pas encore amélioré leurs plans climatiques pour la COP26. Il s’agit notamment de l’Inde, la Chine, l’Australie, l’Arabie saoudite, la Russie et du Brésil. Les pays les plus riches doivent donc s’engager en priorité à Glasgow.

© Kemal Jufri / Greenpeace
  1. Rejeter l’ouverture d’un marché mondial des compensations carbone

La COP26 fera resurgir les mécanismes de compensation des émissions. Ne soyons pas dupes, il s’agit là de fausses solutions. La compensation n’empêche pas les émissions de pénétrer dans l’atmosphère et de la réchauffer. Elle empêche seulement les pollueurs d’être identifiés comme tels. Les mécanismes de compensation des émissions de carbone sont en réalité une astuce comptable. Le dernier rapport du GIEC est clair : le monde doit procéder à des réductions immédiates et drastiques des émissions… Jouer avec les compensations nous amènerait sur le chemin opposé.

Il s’agit tout simplement d’un permis de continuer à polluer, d’encourager la marchandisation de la nature. Les compensations permettent aux entreprises et aux gouvernements puissants de s’approprier les terres de communautés vulnérables, de piétiner les droits humains et de violer l’intégrité environnementale.

Regardons les choses en face : la compensation est une escroquerie, elle ne fonctionne pas et l’étendre ne fera que retarder une action réelle.

  1. S’engager financièrement pour les nations les plus vulnérables, les plus affectées par le changement climatique 

Le changement climatique est un problème mondial qui nécessite une solution mondiale empreinte de solidarité et dans laquelle les plus gros émetteurs prennent leur responsabilité pour aider les pays les plus pauvres, les plus frappés par le changement climatique.  

Une série d’Etats, parmi lesquels les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon, le Canada et l’Australie s’étaient engagés en 2009 à mobiliser dès 2020 un financement climatique de 100 milliards de dollars par an en faveur des pays en voie de développement. 

En 2020, ils n’y sont pas parvenus.

Les pays engagés doivent présenter à la COP26 un plan solide et transparent qui montre comment les 100 milliards de dollars seront versés chaque année au cours des cinq prochaines années et comment ils seront consacrés au développement de systèmes énergétiques propres et à la transition vers l’abandon des énergies fossiles. 

En outre, des fonds supplémentaires seront nécessaires pour traiter et compenser les dommages déjà causés par les impacts climatiques dans les pays vulnérables. 

© Julie Dermansky / Greenpeace

Nous pouvons y arriver!

Tous ces changements ne se produiront pas tout seuls. Depuis l’accord de Paris, on a assisté à une remarquable prise de conscience et à un énorme regain d’activisme. Des millions de personnes sont descendues dans la rue, le climat s’est invité comme thème central de nombreuses élections partout dans le monde, et de plus en plus de personnes portent la lutte pour la justice climatique devant les tribunaux et… gagnent. Les mobilisations citoyennes fonctionnent. 

L’enjeu de cette COP26 sera donc d’assurer l’équité et la justice, en particulier pour les communautés vulnérables. 

Il s’agira de savoir à qui appartient l’avenir, entre d’un côté les pollueurs qui profitent des industries à l’origine de cette crise et de l’autre, les personnes qui subissent de plein fouet ses impacts – les peuples autochtones, les communautés vulnérables et les jeunes du monde entier.


Source Article : Greenpeace Belgique

Make Something Week in Hong Kong. © Patrick Cho / Greenpeace S'engager