Des feux brûlent des arbres au nord du réservoir Gouin, près de la communauté Atikamekw d'Opitciwan, dans la province de Québec
En juin 2023, des incendies brûlent des arbres au nord du réservoir Gouin, près de la communauté Atikamekw d’Opitciwan, dans la province de Québec. © Renaud Philippe / Greenpeace

L’été dernier, le Canada a connu la pire saison d’incendies de forêt de son histoire, où plus de 18,5 millions d’hectares ont brûlé d’un océan à l’autre et près de 200 000 personnes ont dû être évacuées tout au long de la saison. La fumée toxique générée par ces feux a recouvert les villes de l’hémisphère occidental, transformant la ville de New York en une scène urbaine dystopique aux teintes orangées et faisant du Canada le foyer des 13 villes les plus polluées en Amérique du Nord.

Ressources naturelles Canada prévoit que la saison des feux de forêt au Canada ira en s’allongeant à l’avenir. En outre, les Nations Unies affirment que les feux de forêt à l’échelle mondiale gagneront en fréquence et en intensité, avec une augmentation des incendies extrêmes pouvant atteindre 30 % d’ici la fin 2050. Ces tendances terrifiantes s’expliquent par l’évolution de notre climat. Les émissions de pétrole et de gaz continuent d’augmenter, ce qui exacerbe les changements climatiques et crée des conditions propices à une intensification des feux de forêt.

En quoi les changements climatiques alimentent-ils les incendies extrêmes et destructeurs au Canada?

Les conditions chaudes transforment la végétation en un combustible sec

Les journées chaudes et sèches créent des conditions propices aux feux de forêt. Elles assèchent la flore, comme les herbes et les arbres, ce qui augmente la probabilité qu’elle s’embrase et continue à brûler.

En raison des changements climatiques, le nombre de journées chaudes que le Canada connaît chaque année augmente. Les activités humaines, telles que l’utilisation de combustibles fossiles, ont libéré des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, entraînant un réchauffement de la surface de la planète.

En juin 2021, une vague de chaleur historique a frappé une partie de l’ouest du Canada et des États-Unis. Un nouveau record canadien de 49,6°C (près de 24°C de plus que la normale) a été enregistré à Lytton, en Colombie-Britannique, le 29 juin. Ces conditions chaudes et sèches ont contribué à préparer le terrain pour l‘incendie dévastateur et à progression rapide qui s’est déclaré un jour plus tard et qui a tué deux personnes, bouleversé des vies et détruit de nombreuses maisons dans le village et les environs. 

L’année dernière, un ensemble de « conditions parfaites » – végétation sèche, températures record et vents puissants – ont alimenté les feux destructeurs qui ont ravagé les terres de l’Alberta en mai, ce qui a donné le ton pour le reste de la saison.

Une foudre plus fréquente

Près de la moitié des incendies de forêt sont déclenchés par la foudre, et ces feux représentent plus de 80 % des superficies incendiées. Avec la hausse des températures due aux changements climatiques, les orages électriques sont de plus en plus fréquents. Des scientifiques prévoient une augmentation de 80 % des activités liées à la foudre au Canada d’ici la fin du siècle, ce qui, dans des conditions de sécheresse et de chaleur, augmenterait la probabilité de déclencher des incendies.

Les conditions météorologiques propices aux feux de forêt attisent les flammes

Les journées chaudes et sèches favorisent l’intensification et la propagation des feux de forêt. Les conditions météorologiques propices aux feux de forêt font référence aux variables météorologiques, dont la chaleur et la sécheresse, qui favorisent le déclenchement et la propagation des incendies.

À cause des changements climatiques, la neige fond plus tôt et le gel arrive plus tard, ce qui prolonge la saison des feux de forêt.

Un cycle dangereux

Les changements climatiques alimentent les incendies de forêt qui, à leur tour, alimentent les changements climatiques. Les forêts au Canada absorbent une partie du dioxyde de carbone libéré par l’utilisation de combustibles fossiles. Mais lorsque les forêts brûlent, une grande partie du dioxyde de carbone ainsi stocké est relâchée dans l’air, ce qui accélère les changements climatiques.

Selon le Copernicus Atmosphere Monitoring Service, les émissions de carbone dues aux feux de forêt au Canada en 2023 ont atteint 480 mégatonnes, ce qui représente un pourcentage record de 23 % du total des émissions de carbone dues aux incendies de forêt dans le monde pour cette année-là. À la fin de l’été, on estimait que les incendies de l’année dernière représentaient trois fois l’empreinte carbone annuelle du pays pour 2023, transformant le statut de puits de carbone des forêts d’un océan à l’autre en celui de « super-émetteurs ».

Ralentir le cycle

En 2023, le risque d’incendie de forêt au Québec a doublé en raison de la crise climatique. Cette année, un hiver exceptionnellement doux et des prévisions de printemps et d’été chauds et secs devraient augmenter le risque de feux de forêt graves au début de l’été.

L’augmentation du nombre de feux de forêt extrêmes est en train de devenir la nouvelle norme, détruisant les foyers et les moyens de subsistance des personnes et les habitats des animaux, nuisant à la qualité de l’air et augmentant les émissions de gaz à effet de serre. Que pouvons-nous faire pour endiguer le nombre croissant d’incendies de forêt?

Nous devons commencer par réfléchir à la gestion des feux. Nous devons commencer par réfléchir à la gestion des incendies. Les pratiques et les lois coloniales du gouvernement canadien en la matière ont contribué à aggraver la saison des feux de forêt en déplaçant les communautés autochtones de leurs terres et en rejetant l’intendance autochtone. Le rétablissement de la gouvernance autochtone des terres est une étape essentielle dans la prévention et la gestion des feux de forêt, car les connaissances autochtones traditionnelles et la gestion des terres font partie intégrante du bien-être des écosystèmes et des communautés qui y vivent.

En deuxième lieu, nous devons exiger des grands pollueurs qu’ils abandonnent d’urgence les combustibles fossiles et accélèrent la transition vers les énergies renouvelables, le tout de manière équitable. L’année dernière, une étude de l’Union of Concerned Scientists a établi un lien direct entre l’aggravation des feux de forêt dans l’ouest de l’Amérique du Nord depuis 1986 et les entreprises de charbon, de pétrole et de gaz. Le maintien du statu quo n’est plus concevable alors que des communautés brûlent.

L’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. Outre les feux de forêt, d’autres phénomènes météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques, tels que les inondations et les vagues de chaleur, détruisent des vies et des moyens de subsistance d’un bout à l’autre du pays. En continuant à brûler du charbon, du pétrole et du gaz, les entreprises de combustibles fossiles exacerbent les phénomènes météorologiques extrêmes et engrangent des bénéfices record sans se soucier de la destruction de la planète. En 2023, les catastrophes climatiques au Canada ont causé plus de 3,1 milliards de dollars de dommages assurés, sans compter les répercussions indirectes sur la santé, les moyens de subsistance et les écosystèmes, et sans parler de l’augmentation du coût de la vie. L’industrie des combustibles fossiles est responsable des conséquences des changements climatiques, et ces grands pollueurs doivent réparer les dommages dont ils sont responsables.

Rejoignez-nous pour demander au gouvernement fédéral canadien de tenir les grandes entreprises pétrolières pour responsables en les obligeant à contribuer à un nouveau fonds de réparation climatique, lequel aiderait directement les communautés et les gouvernements locaux les plus durement touchés par la crise climatique et ayant besoin d’un soutien financier pour réparer, reconstruire et s’adapter aux futurs impacts des changements climatiques.