Cet article a été traduit et légèrement adapté d’une version différente publiée par Greenpeace International afin de l’adapter au contexte canadien.

Dans les profondeurs de l’océan Pacifique nord se trouve une chaîne isolée de plus de 800 monts sous-marins. Ces oasis de vie, connues sous le nom de « monts sous-marins de l’Empereur », abritent une grande variété de coraux et d’éponges d’eau froide, ainsi que des créatures plus petites comme des crustacés et des étoiles de mer.

Une tortue et des poissons sur des coraux. © Lorenzo Moscia / Greenpeace

Comme beaucoup d’autres monts sous-marins, ils jouent un rôle crucial dans la migration et le cycle de vie des grands animaux marins tels que les baleines bleues, les cachalots et les baleines à bosse. Même les oiseaux, y compris le plus vieil oiseau sauvage connu au monde, un albatros de Laysan connu sous le nom de « Wisdom », se nourrissent dans ce point chaud de la biodiversité.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles la vie océanique autour des monts sous-marins de l’Empereur est florissante. S’élevant à plus de 100 mètres au-dessus des fonds marins qui les entourent, les monts sous-marins sont constamment inondés de nourriture par les courants océaniques. Cette nourriture attire les petits poissons, qui à leur tour attirent les grands prédateurs, comme les thons et les requins. Un mélange de surfaces dures et molles, de corniches et de dépressions fournit également une variété d’habitats permettant à la vie marine de s’épanouir.

Les États-Unis ont protégé la partie la plus méridionale des monts sous-marins de l’Empereur située dans leurs eaux nationales, le monument national marin Papahānaumokuākea. Ce monument, et la zone océanique qui l’entoure, revêtent une grande importance cosmologique et traditionnelle pour la culture hawaïenne. Il s’agit d’un environnement ancestral et d’une incarnation du concept hawaïen de parenté entre humains et monde naturel.

Des poissons sur du corail et un·e plongeur·se en arrière-plan. © Lorenzo Moscia / Greenpeace

Malheureusement, le reste des monts sous-marins de l’Empereur en haute mer reste ouvert aux activités de pêche humaine destructrices. Bien que la pêche de fond ne représente que 2,1 % de toutes les activités de pêche apparentes dans la région, elle a déjà dévasté de nombreux écosystèmes d’eau profonde vulnérables et à croissance lente.

Les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) sont des organisations internationales composées de pays qui partagent un intérêt pour la gestion de la pêche dans une zone particulière. L’ORGP responsable de la gestion de la pêche autour des monts sous-marins de l’Empereur est la Commission des pêches du Pacifique Nord (CPPN). Depuis sa création en 2015, les mesures qu’elle a adoptées pour protéger les monts sous-marins de l’Empereur se sont révélées inadéquates. Lors de la dernière réunion de la CPPN en avril 2024, les États-Unis et le Canada ont demandé la fermeture des monts sous-marins au chalutage de fond jusqu’à ce qu’on comprenne mieux ces écosystèmes vulnérables et leurs habitants. Malheureusement, les membres de la CPPN n’ont pas adopté la proposition des États-Unis et du Canada, échouant une fois de plus à mettre un terme à la pêche de fond pour protéger la précieuse vie marine.

Une baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) est ici en train de sauter au-dessus de la surface de l’eau de l’océan Pacifique. © Michael S. Nolan/Seapics.com

Les données scientifiques sont claires : les monts sous-marins de l’Empereur ont besoin d’une protection urgente. Pourtant, à chaque saison de pêche, ils sont menacés à cause de l’échec des organisations régionales de gestion des pêches. Cette incapacité à protéger les monts sous-marins empereurs est un nouvel exemple de la nécessité d’un traité historique sur l’océan mondial, qui donne aux gouvernements les moyens de créer des sanctuaires océaniques autour de nos écosystèmes les plus précieux en haute mer.

Cependant, le traité ne pourra entrer en vigueur que lorsqu’au moins 60 gouvernements l’auront inscrit dans leur législation nationale. Si les gouvernements veulent vraiment protéger au moins 30 % des océans d’ici à 2030, ils doivent ratifier le traité de toute urgence. Cela inclut le Canada.

Alors que les gouvernements s’efforcent d’officialiser leur soutien au traité, ils doivent également commencer à élaborer des propositions visant à protéger pleinement les écosystèmes marins vulnérables tels que les monts sous-marins de l’Empereur. Le Canada a fait preuve de leadership tout comme les États-Unis, mais il doit maintenant veiller à ce que leurs appels se transforment en actions dans les océans.

Vous pouvez vous joindre à nous pour exhorter le Canada à protéger les océans. Signez notre pétition demandant au gouvernement fédéral d’agir rapidement pour ratifier le traité mondial sur les océans et de travailler à la création d’un réseau de sanctuaires océaniques. ⤵️

Appelons à la création de sanctuaires marins mondiaux dès maintenant

Le Traité mondial sur les océans doit être signé par 60 pays d’ici 2025 pour devenir juridiquement contraignant. Signez la pétition pour que le Canada fasse partie du nombre!

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Jeanette Meyer est responsable de la campagne numérique mondiale pour la campagne « Protégeons les océans » de Greenpeace International.

Sarah King est stratège principale de la campagne de la nature et la biodiversité chez Greenpeace Canada.