Le Golden Gate Bridge masqué par la fumée et les cendres des feux de forêt californiens, le 10 septembre 2020 à San Francisco, en Californie. © George Nikitin / Greenpeace

Vous souvenez-vous du ciel orange dystopique qui a régné sur New York (et sur twitter/X) l’été dernier? Des nombreuses manchettes sur les records climatiques se succédant les uns après les autres? Des images émouvantes des feux de forêt et des dégâts causés par les ouragans, les inondations et les vagues de chaleur? Je suis incapable de les oublier.

Les journées les plus chaudes, le mois le plus chaud et, une fois l’année 2023 conclue, l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre.

Alors que la crise climatique semblait être une menace lointaine pour de nombreuses personnes, elle nous frappe aujourd’hui de plein fouet, nous avertissant que 2023 n’est qu’un avant-goût amer de ce qui nous attend. Pourtant, malgré les prévisions climatiques pessimistes, il existe de nombreux moyens d’atténuer les phénomènes météorologiques extrêmes et de s’y adapter, de renforcer la résilience de nos communautés, de réparer les dégâts et de restaurer le monde afin qu’il soit sûr et vivable pour tout le monde. Pour faire de ce futur une réalité, nous devons investir dans la réparation climatique. Et la principale responsable de la crise climatique, à savoir l’industrie des combustibles fossiles, devrait être la première à payer pour les dommages occasionnés.

Les phénomènes météorologiques extrêmes se succèdent et deviennent de plus en plus fréquents

Alors que la planète continue de se réchauffer en raison de la consommation incessante de combustibles fossiles, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les feux de forêt, les vagues de chaleur, les inondations et les ouragans gagnent en fréquence et en intensité.

En 2023, le Canada a connu sa saison des feux de forêt la plus destructrice jamais enregistrée. D’un océan à l’autre, plus de 18,5 millions d’hectares de forêts ont brûlé, entraînant l’évacuation de près de 200 000 personnes, ravageant des communautés autochtones et rurales et exposant des millions d’individus au-delà de nos frontières à un air toxique. Cet été, une vague de chaleur survenue à la mi-juin dans l’est du Canada a fait grimper le mercure à 40°C, obligeant des millions de personnes à se mettre à l’abri de la chaleur.

Des chercheur·ses ont conclu que les incendies de forêt de 2023 dans l’est du Canada et la canicule de juin 2024 ont été rendus plus intenses et plus probables en raison de la crise climatique.

Il suffit de jeter un coup d’œil aux médias internationaux pour se rendre compte que notre situation n’est pas exceptionnelle. Au Mexique, les chaleurs extrêmes de mai et juin 2024 ont tué 125 personnes. Au début du printemps, une vague de chaleur généralisée a contraint des millions de personnes en Asie à endurer une température de 40°C, entraînant la fermeture de milliers d’écoles et exposant les personnes déplacées internes, comme à Gaza, à des conditions extrêmement précaires et dangereuses. Enfin, la semaine dernière, l’ouragan Beryl a touché terre de manière spectaculaire sur plusieurs îles des Caraïbes, causant des dégâts catastrophiques dans les îles du nord de la Grenade. 

La liste est longue. Les phénomènes météorologiques extrêmes perturbent le mode de vie que nous connaissons et les communautés touchées doivent faire face aux conséquences coûteuses des catastrophes climatiques.

Houses flooded following the passage of Hurricane Ida.
nondations à Lafaitte, en Louisiane, à la suite de l’ouragan Ida. L’ouragan Ida était un ouragan de l’Atlantique de catégorie 4, mortel et destructeur, qui est devenu le deuxième ouragan le plus destructeur et le plus intense à frapper l’État américain de Louisiane, derrière l’ouragan Katrina. Après le passage de la tempête, la quasi-totalité de la production pétrolière le long de la côte du Golfe a été arrêtée. Vol fourni par Southwings. © Julie Dermansky / Greenpeace

Le coût croissant des dommages causés par les phénomènes météorologiques extrêmes

En 2022 et 2023, les phénomènes météorologiques extrêmes au Canada ont causé plus de 3,1 milliards de dollars de dommages assurés. Alors que les coûts directs engendrés par les catastrophes climatiques et assumés par la population canadienne augmentent chaque année, les entreprises d’extraction de pétrole et de gaz au Canada ont réalisé un bénéfice record de 63,1 milliards de dollars en 2022, suffisant pour couvrir 20 fois la facture des dommages assurés.

À l’échelle mondiale, les phénomènes météorologiques extrêmes ont causé des dommages estimés à 2,8 billions de dollars américains entre 2000 et 2019, soit un coût stupéfiant de 16,3 millions de dollars américains par heure. Un lourd fardeau qui accable des personnes comme vous et moi.

Alors que les communautés tentent de se remettre des traumatismes liés aux catastrophes climatiques et de reconstruire après les dégâts causés par les incendies, les tempêtes et les inondations, elles sont confrontées à la menace constante de nouveaux phénomènes météorologiques extrêmes. Les efforts de réparation, d’adaptation et de préparation ont un coût énorme et au lieu de continuer leurs affaires habituelles, l’industrie des combustibles fossiles doit payer pour sa pollution.

A person is walking through debris following heavy rainfall.
Des militant·es de Greenpeace aident à distribuer des dons, à enlever les débris et les décombres et à nettoyer les maisons et les rues après les fortes pluies qui ont frappé la côte nord de l’État de São Paulo. Les habitants de la côte savent que les phénomènes météorologiques extrêmes liés au climat sont de plus en plus fréquents. La même tempête s’est abattue sur leurs maisons et sur les résidences secondaires situées près de la plage. Mais, en plus de la pluie, l’inégalité est également extrême. Les habitant·es de Vila Sahy, à São Sebastião, l’endroit le plus touché, ont vu leurs maisons détruites et leurs vies fauchées non seulement par la cupidité des riches, mais aussi par l’absence de politiques publiques de prévention et d’adaptation pour garantir des villes plus sûres. © Diego Baravelli / Greenpeace

La solution : un fonds de réparation climatique financé par l’industrie des combustibles fossiles

Au Canada, la législation actuelle sur l’environnement et le climat présente des lacunes en matière de financement et de politique pour remédier aux dommages engendrés par la crise climatique.

Nous avons besoin d’un fonds de réparation climatique pour aider les communautés et les gouvernements locaux à se préparer, à réagir et à s’adapter aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Le fonds serait utilisé pour :

  • Réparer les dommages directs et indirects causés par les impacts des changements climatiques au Canada et ailleurs;
  • Couvrir les coûts d’adaptation aux phénomènes météorologiques extrêmes;
  • Renforcer la résilience des communautés en première ligne de la crise climatique.

Cela implique de fournir un abri, de l’équipement, un soutien, des soins de santé et des soins d’urgence aux personnes touchées par les catastrophes climatiques. En tant que première responsable de la crise climatique, nous pensons qu’il est juste que l’industrie des combustibles fossiles soit celle qui finance ce fonds.

En pratique, le fonds de réparation climatique serait financé en renforçant la législation existante sur le climat et l’environnement au Canada.

Pour ce faire, les mesures suivantes pourraient être prises : 

Le fonds de réparation climatique pourrait également prendre la forme d’une nouvelle loi fédérale ou provinciale similaire au Vermont Climate Superfund Act.

Il ne s’agit là que de quelques-unes des options permettant de faire du fonds de réparation climatique une réalité et de s’assurer que les communautés soient prêtes à faire face à un monde où les catastrophes climatiques sont plus destructrices.

Le temps est venu pour l’industrie pétrolière de payer la facture

Un contremaître effectue une mission de reconnaissance sur la route principale. Feux de forêt au Québec, au nord du réservoir Gouin, près de la communauté atikamekw d’Opitciwan. © Renaud Philippe / Greenpeace

La science est désormais claire : les conditions météorologiques extrêmes sont un fléau mondial et continueront d’affecter la vie et les moyens de subsistance des gens au cours des prochaines années. Un fonds de réparation climatique nous fournirait les ressources nécessaires pour renforcer notre résilience. L’industrie des combustibles fossiles, qui alimente les phénomènes météorologiques extrêmes d’un continent à l’autre, doit être tenue pour responsable de ses actes et doit immédiatement contribuer au nouveau fonds de réparation climatique afin de compenser les dommages qu’elle a causés.