À la fin avril 2024, les représentant·es de plus de 170 gouvernements se réuniront à Ottawa, au Canada, pour négocier un traité mondial des Nations unies sur les plastiques – une occasion unique de commencer à résoudre la crise de la pollution plastique. Il s’agit de la quatrième des cinq séries de négociations. Les enjeux sont considérables : ce qui se passera à Ottawa pourrait déterminer le succès ou l’échec du traité sur les plastiques.

Les leaders mondiaux doivent envoyer un signal à leurs délégations pour qu’elles fassent preuve non seulement d’ambition mais aussi de courage à la table des négociations. Le plastique est au centre des trois crises planétaires que sont les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution. Une action audacieuse peut contribuer à endiguer ces trois crises, mais, le statu quo risque de continuer à les alimenter. Greenpeace travaille avec ses allié·es pour s’assurer que les gouvernements du monde entier sachent ce que signifie une action audacieuse dans le traité.

Un monstre de plastique géant au parc de la rivière Han à Séoul – Une sculpture d’un monstre de plastique géant (8mx2m) a été installée par Greenpeace Séoul avec l’artiste Byungchan Lee au parc de la rivière Han à Séoul. L’objectif est d’appeler le gouvernement coréen à prendre des mesures et à s’engager à soutenir un traité mondial sur les plastiques plus fort, qui vise une réduction de 75 % des plastiques d’ici 2040, en amont de la troisième réunion du Comité intergouvernemental de négociation (CIN3) qui s’est tenu à Nairobi, au Kenya, le 13 novembre 2023. © Greenpeace / Jung-geun Augustine Park

4 choses que le traité sur les plastiques doit contenir

Les délégué·es qui se préparent pour les négociations à Ottawa doivent s’assurer que le traité sur les plastiques remplit quatre objectifs : 

1) plafonner et réduire la production de plastique

2) mettre fin aux plastiques à usage unique

3) établir des objectifs de réutilisation et accélérer une transition juste vers des solutions basées sur la réutilisation

4) veiller à ce que les ressources destinées à soutenir la mise en œuvre du traité soient alignées sur la hiérarchie «zéro déchet«.

Le traité doit également être ancré dans une approche fondée sur les droits humains, en veillant à ce que les droits des peuples autochtones soient respectés et à ce que les perspectives des communautés de première ligne et des autres communautés impactées, telles que les collecteurs de déchets, soient prises en compte dans les discussions sur les solutions. Si les pays ne travaillent pas ensemble pour exiger que ces éléments soient inclus, un traité efficace qui réussit à mettre fin à la pollution plastique sera hors de portée.

Et nous savons que le public est d’accord : un récent sondage de Greenpeace montre que plus de 80 % des personnes dans le monde sont favorables à un traité qui réduirait la production de plastique, mettrait fin aux plastiques à usage unique et accélérerait les solutions basées sur la réutilisation.

Une bannière à la décharge de Dondora au Kenya – Des bénévoles de Greenpeace Afrique tiennent une bannière sur laquelle on peut lire «Réduisez les plastiques de 75 % pour garder la planète en vie», au cœur de la décharge de Dandora. Alors que de vastes étendues de terre sont englouties par les déchets plastiques, cette action souligne l’urgence de notre appel : une réduction de 75 % de la production de plastique. © Greenpeace / Selvin Marete

Ottawa ne doit pas être connu comme le lieu où les négociations du traité ont échoué

Jusqu’à présent, les négociations ont bénéficié à des pays peu ambitieux, dont l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran, qui ont utilisé des questions de procédure pour empêcher le reste du monde d’aller de l’avant. Plus d’une centaine de lobbyistes de l’industrie des combustibles fossiles ont empêché les négociations d’aborder le point le plus important du traité, à savoir le plafonnement et la réduction de la production de plastique.

Le dernier cycle de négociations s’est soldé par un échec cuisant. Toutes les personnes présentes dans la salle plénière de l’enceinte des Nations unies en cette dernière nuit de décembre 2023 ont été choquées, frustrées, déçues et en colère. Pour que les négociations d’Ottawa soient différentes, les responsables doivent se souvenir des sentiments ressentis à Nairobi et canaliser cette colère pour la transformer en action. La stratégie consistant à se plier au plus petit dénominateur commun ne fonctionne manifestement pas. Les pays qui veulent vraiment protéger notre santé, le climat et la biodiversité doivent faire preuve d’une ambition et d’un leadership renouvelés.

Le Canada en tant que pays hôte, l’Équateur qui prend la présidence de la CNI-4, la Norvège et le Rwanda en tant que présidents de Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples (ou HAC – High Ambition Coalition for Nature and People), et les autres membres de la HAC doivent se mobiliser, s’organiser et faire valoir les intérêts des personnes et de la planète plutôt que ceux des entreprises de combustibles fossiles et de pétrochimie, qui sont relèvent du passé et non de l’avenir. Plus de 2,2 millions de personnes dans le monde qui nous ont rejoints pour réclamer un traité mondial sur les plastiques fort nous regarderont, faisant partie d’un mouvement grandissant qui cherche à mettre fin à l’ère du plastique.

Audit de marque sur la plage de Loang Baloq, Lombok – Greenpeace Indonésie a organisé un nettoyage de plage et un audit de marque sur la plage de Loang Baloq à Mataram, sur l’île de Lombok, à Nusa Tenggara Ouest, le samedi 29 octobre 2022. © Greenpeace / Ahmad Subaidi

Ottawa ne peut pas être connu comme l’endroit où les négociations de traité sont restées sans suite. Mais si les appels à l’action sont entendus, elle pourrait au contraire être connue comme l’endroit où elles ont commencé à progresser et à prendre forme. C’est pourquoi nous attendons tout particulièrement du Canada qu’il donne un ton qui reflète l’urgence et l’optimisme constructif nécessaires à la conclusion d’un traité efficace. Le Canada est bien placé pour remettre les négociations sur les rails. Il peut contribuer à rallier les gouvernements du monde entier pour qu’ils fassent passer les gens avant les pollueurs. Il n’y a pas de temps à perdre.

Graham Forbes est responsable de la campagne Plastique à Greenpeace USA et Sarah King est responsable de campagnes Plastiques et Océans à Greenpeace Canada.

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Demandez au gouvernement canadien de faire preuve de leadership et de contribuer à l’élaboration d’un traité mondial sur les plastiques solide!

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