Le gouvernement Trudeau s’attire de vives critiques suite à sa décision de supprimer la taxe carbone pour les systèmes de chauffage au mazout. Heureusement, nous disposons d’une alternative qui nous aidera à faire face aux crises du coût de la vie et du climat : offrir gratuitement des thermopompes et des travaux d’optimisation de l’isolation à toutes les personnes qui en font la demande, le tout financé par une taxe sur les surperprofits des entreprises pétrolières.

Exigeons une taxe sur les superprofits des pétrolières

La décision de Trudeau de suspendre la taxe carbone sur les systèmes de chauffage au mazout pendant trois ans a suscité le désarroi au sein de la faction économiste des activistes pour le climat, qui craint que cette décision ne conduise à l’effondrement de l’ensemble du système de tarification du carbone.

Seuls 3 % des foyers canadiens sont chauffés au mazout, si bien que la suppression de la taxe carbone sur ce combustible n’aura qu’un impact minime sur la pollution par le carbone. Mais le problème, c’est qu’un grand nombre de ces habitations se situent dans les provinces maritimes, où le Parti libéral cherche désespérément à conserver des sièges lors des prochaines élections. Et il n’y a rien qui plaise plus aux élites politiques et médiatiques du Canada qu’une bonne querelle régionale.

Comme on pouvait s’y attendre, les leaders des autres provinces ont immédiatement proclamé qu’il était injuste de ne pas également supprimer la taxe carbone sur le gaz naturel (qui est la principale source de chauffage à l’ouest du Québec).

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a même ordonné à son entreprise de distribution de gaz provinciale de cesser de percevoir la taxe carbone sur le gaz naturel. Il a reconnu que cette initiative était illégale, mais a omis de préciser que c’est la direction de la compagnie, et non le premier ministre, qui devra assumer la responsabilité de ce délit.

Au niveau fédéral, le leader conservateur Pierre Poilievre a revendiqué le succès des rassemblements Supprimer la taxe que son parti avait organisés dans tout le pays (sauf lorsque ceux-ci ont été annulés en raison du danger imminent que posaient les feux de forêt que le Canada a connus cet été). Loin de proposer une véritable solution à la crise du coût de la vie, ces rassemblements ne sont qu’une mascarade populiste visant à promouvoir les combustibles fossiles.

La réimagination populiste de Poilievre de l’opposition de longue date de son parti à l’action climatique omet une vérité qui dérange. Le principal moteur de l’augmentation rapide du coût du chauffage domestique n’est pas les taxes sur la pollution, mais le prix élevé du pétrole et du gaz, alors que les entreprises pétrolières engrangent des profits records en raison des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.

Sur chaque dollar d’inflation des deux dernières années, vingt-cinq cents ont contribué aux bénéfices des entreprises pétrolières et gazières. En 2022, les plus grandes entreprises canadiennes d’exploitation des sables bitumineux ont réalisé à elles seules 35 milliards de dollars de bénéfices, tout en remettant 29 milliards de dollars à leurs actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions.

Le Bureau du directeur parlementaire du budget vient de déclarer que l’extension de la légère surtaxe sur les profits des banques aux sept entreprises pétrolières et gazières les plus rentables rapporterait 833 millions de dollars par an. Même à ce niveau relativement modeste, une taxe sur les superprofits des entreprises pétrolières et gazières permettrait d’acheter beaucoup de matériaux d’isolation et de thermopompes. Les nouveaux modèles fonctionnent dans les climats froids, ce qui explique leur popularité croissante dans les pays nordiques désireux de ne plus dépendre des combustibles fossiles coûteux et polluants. En y ajoutant quelques améliorations en matière d’isolation et d’efficacité, les Canadien·nes pourraient dépenser beaucoup moins chaque année pour assurer le confort de leurs foyers (le rapport Efficacité pour tous d’Efficacité Énergétique Canada constitue un excellent plan que les gouvernements pourraient et devraient adopter).

Le Premier ministre a indiqué qu’il était ouvert à ce type de solution, affirmant qu’il veut éliminer progressivement le mazout domestique comme son gouvernement le fait pour les centrales électriques alimentées au charbon

Ce n’est peut-être que de la propagande politique à l’heure actuelle, mais c’est une très bonne idée. Pas seulement pour les chaudières à mazout, mais pour toutes les personnes qui dépendent actuellement des combustibles fossiles pour garder leur maison chaude en hiver et fraîche pendant les vagues de chaleur de plus en plus extrêmes provoquées par les changements climatiques.

Nous disposons de la technologie nécessaire pour protéger les Canadien·nes contre l’augmentation des coûts de chauffage au mazout et au gaz, tout en protégeant le climat. Et nous avons un moyen de la financer. 

Exigeons une taxe sur les superprofits des pétrolières