La semaine dernière, les ministres Joly, Wilkinson et Murray ont annoncé que le Canada soutenait un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes dans les eaux internationales. Cette décision a été accueillie favorablement et contribue à alimenter l’élan vers l’objectif ultime de la campagne mondiale de Greenpeace : mettre un terme à l’exploitation minière en eaux profondes avant qu’elle ne commence.

Mais pour ce faire, il faut d’abord que les gouvernements du monde entier acceptent un moratoire au sein de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), l’organe des Nations Unies chargé de réglementer les fonds marins dans les océans qui s’étendent au-delà de la juridiction d’un pays.  

L’industrie est déterminée à mettre la main sur les métaux précieux des grands fonds marins en essayant de pousser les gouvernements mondiaux à accélérer la mise en place de réglementations minières. Pire encore, The Metals Company, une société minière basée au Canada, a déclenché la « règle des deux ans » avec l’aide de Nauru, ce qui pourrait signifier que les entreprises pourraient demander une licence d’exploitation dès cette année. Nous ne pouvons évidemment pas laisser cela se produire. Il faut que les gouvernements du monde entier disent non à l’approbation de toute demande d’exploitation minière. Et c’est exactement ce que dit la déclaration du Canada!

La déclaration fait également état de plusieurs points importants, notamment :

  • la responsabilité collective de préserver la santé et l’intégrité des océans; 
  • une approche de précaution qui s’aligne avec la lutte contre les changements climatiques, la pollution et la protection de la biodiversité et des habitats;
  • le respect des politiques et des décisions fondées sur la science;
  • la prévention des dommages causés au milieu marin par les activités d’exploitation des fonds marins;
  • la priorisation de la protection, de la conservation et de la restauration des océans mondiaux, ainsi que de leur utilisation durable et équitable; 

Le Canada s’est fermement engagé à l’échelle mondiale à protéger et à restaurer la biodiversité marine lors de la COP15 et en soutenant le Traité mondial sur les océans. Les grands fonds marins abritent une diversité de vie unique, fragile et pour la plupart inconnue de la science. Pour rester fidèle à ses engagements, le Canada doit donc tenir parole et utiliser sa position à l’AIFM pour inciter davantage de gouvernements à demander un moratoire et empêcher qu’une nouvelle menace ne pèse sur les écosystèmes océaniques.

Le Canada soutiendra-t-il l’exploitation minière après la mise en place d’une réglementation en la matière?

Nous espérons que non. Mais au-delà de cet espoir, nous continuerons à rappeler au Canada que s’il prend au sérieux ses engagements, il ne lui sera pas possible de soutenir l’exploitation minière compte tenu de ce que les scientifiques découvrent sur les écosystèmes ciblés par l’exploitation minière.

L’exploitation minière des eaux profondes pourrait mettre en péril les moyens de subsistance des communautés du Pacifique et compromettre la sécurité alimentaire. Les scientifiques ont averti que « les communautés qui dépendent des populations de poissons pour leur subsistance pourraient être particulièrement vulnérables aux effets de l’exploitation minière des fonds marins » [1]. Les minerais que les entreprises cherchent à exploiter ont mis des millions d’années à se former et constituent un habitat important pour la vie marine. Les écosystèmes des grands fonds marins sont fragiles et les organismes uniques qu’ils abritent ont une croissance très lente, de sorte qu’ils sont beaucoup moins susceptibles de se remettre d’une perturbation [2]. En mai, un examen des études environnementales a révélé que plus de 5 000 espèces non découvertes auparavant vivent dans la zone de Clarion-Clipperton, la principale zone d’exploitation potentielle.

Qu’est-ce que cela signifie pour les océans?

Rien pour l’instant. Mais les gouvernements qui soutiennent un moratoire peuvent faire gagner du temps à la vie océanique pendant que nous nous mobilisons et que nous continuons à augmenter le nombre de voix qui s’élèvent pour empêcher cette industrie destructrice d’aller de l’avant. Cela signifie également que les scientifiques ont plus de temps pour travailler avec diligence afin de mettre en lumière les merveilles des profondeurs et de montrer aux gouvernements du monde les enjeux et les dommages irréparables qui pourraient être causés si l’exploitation minière venait à détruire les profondeurs.

Tableau en anglais qui démontre les pays qui ont pris position d’une manière ou d’une autre contre l’exploitation minière des eaux profondes (Source: Deep Sea Conservation Coalition)

La montée de l’opposition

L’annonce du Canada fait suite à des appels pressants et créatifs lancés au gouvernement fédéral par des organisations telles que Oceans North, Mining Watch Canada, Nature Canada, Northern Confluence et Greenpeace Canada, afin qu’il utilise sa position au sein de l’AIFM et en tant que pays clé en matière d’océans pour donner la priorité à la protection plutôt qu’à l’extraction. Mais la communauté des ONG n’est pas la seule à craindre les turbulences à venir. Des scientifiques et des experts politiques, des leaders autochtones représentant 56 groupes de 34 pays, des investisseurs industriels, de grandes entreprises automobiles et technologiques, des banques britanniques [3], des groupes de l’industrie des produits de la mer [4], l’initiative financière du Programme des Nations Unies pour l’environnement [5] et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme [6] ont tous exprimé une certaine forme d’opposition à l’exploitation minière en eaux profondes. Ajoutez à cela les milliers de personnes au Canada et dans le monde entier qui ont ajouté leur voix à la campagne de Greenpeace pour mettre fin à l’exploitation minière en eaux profondes et, ensemble, nous continuerons à empêcher cette industrie d’exploiter les fonds marins

Vous n’avez pas encore signé notre pétition? Rejoignez-nous afin d’exhorter le Canada à tenir sa position et d’inciter les autres pays à soutenir un moratoire.

NON à l’exploitation minière en eaux profondes

Nous demandons au Canada d’empêcher le déploiement de l’exploitation minière en eaux profondes avant qu’il ne soit trop tard. Rejoignez le mouvement.

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