N. B. : Cet article reste largement inchangé par rapport à sa version originale publiée par Greenpeace International. Une brève section supplémentaire a été incluse à la fin pour présenter des idées et des implications spécifiques pertinentes pour la population canadienne.

Avez-vous déjà vu un référendum soutenu par 80 % de la population ? Un tel événement est rare, mais non sans précédent. Il s’agit d’un résultat remarquable, qui témoigne d’un large soutien à la mesure proposée : c’est un vote à prendre au sérieux.

Plus de 80 % des personnes sondées sont favorables à la réduction de la production de plastique

Nous savons que le public est très favorable à la lutte contre la pollution plastique. Des enquêtes antérieures l’ont confirmé. C’est pourquoi, lorsque nous avons demandé à des personnes dans 19 pays de donner leur avis sur la crise du plastique, nous n’avons pas été surpris·e de constater que les résultats vont dans le même sens avec 75 % de personnes favorables à une interdiction des plastiques à usage unique.

Mais nous voulions aussi savoir si le public soutiendrait une proposition que certain·es pourraient juger radicale, mais qui est vraiment essentielle pour lutter contre la crise du plastique : la réduction de la production de plastique. Nous sommes encouragé·es et inspiré·es par le taux de réponse de 82 %. Ce résultat témoigne d’un soutien massif de la part du public, comme le révèle notre rapport «People vs Plastics», publié aujourd’hui.

Mais est-ce vraiment surprenant ? Qui pourrait réellement souhaiter un monde submergé de plastique? Où les rivières sont envahies, les plages jonchées de déchets, où deminuscules morceaux se fragmentent et ne disparaîtront pas avant des décennies, voire des siècles, et où des plastiques s’infiltrent dans nos aliments et dans l’air que nous respirons.
Malheureusement, il semblerait que ce soit exactement ce que veulent les lobbies des combustibles fossiles. Leur influence démesurée sur les processus politiques visant à résoudre la crise du plastique et leur détermination inébranlable à obtenir gain de cause sont extrêmement inquiétantes.

Des activistes de Greenpeace Italie attirent l’attention sur le fait que la pollution plastique commence dès la production : dans ce cas, à l’usine pétrochimique Versalis d’ENI près de Brindisi, en Italie. © Greenpeace / Lorenzo Moscia

2024 est une année décisive pour la lutte contre la pollution plastique

2024 est une année cruciale : d’ici la fin de l’année, un traité mondial juridiquement contraignant sur les plastiques sera négocié. Une étape cruciale de ces négociations aura lieu à la fin du mois d’avril, lorsque les ministres des gouvernements de 173 pays se réuniront au Centre Shaw à Ottawa, au Canada. Les décisions prises ouvriront la voie aux négociations finales qui se tiendront en novembre 2024 à Busan, en Corée du Sud.

En face des représentant·es des gouvernements et des groupes de la société civile tels que Greenpeace et d’autres organisations du mouvement Break Free from Plastic, on peut s’attendre à une importante délégation des industries du plastique, des combustibles fossiles et de la pétrochimie.

Lorsque le traité mondial sur les plastiques a été lancé en 2022, il a fixé un mandat pour traiter l’ensemble du cycle de vie du plastique et freiner la marée montante de la pollution plastique. Cela n’est pas possible sans mettre un frein à la production de plastique et sans mettre un terme à l’ère du plastique. Pour y parvenir, Greenpeace demande que le traité mondial sur les plastiques réduise la production totale de plastique d’au moins 75 % d’ici à 2040 afin de protéger la biodiversité et de garantir que les températures mondiales restent inférieures à 1,5 °C.

Bien entendu, tout cela n’a aucune importance pour le lobby des combustibles fossiles. Ce qui compte le plus pour eux, c’est leur rentabilité, c’est-à-dire les profits réalisés aux dépens des populations et de la planète.

Une activiste thaïlandaise de Greenpeace tient une banderole sur une immense décharge de déchets plastiques à Aranyaprathet Sa Kaeo, sur laquelle on peut lire » Combattez la pollution plastique maintenant «. Elle exhorte les responsables politiques thaïlandais à s’attaquer à la crise du plastique. © Songwut Jullanan / Greenpeace

Contourner le barrage des combustibles fossiles

Lors de la dernière réunion du traité, les lobbyistes des industries des combustibles fossiles et de la chimie ont été plus nombreux que les délégué·es des 70 pays les plus petits. À mesure que les négociations s’intensifient, ce nombre pourrait encore augmenter. Le public doit comprendre que le lobbying des industriel·les empêche les accords constructifs nécessaires pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confronté·es. C’est probablement la raison pour laquelle 60 % des personnes interrogées dans le cadre de notre enquête sont favorables à l’exclusion des lobbyistes des combustibles fossiles et de la chimie des négociations des traités.

La capacité d’action et d’influence des lobbies des combustibles fossiles est considérable. Les gouvernements s’alignent sur les positions de l’industrie contre la volonté de leur population.Par exemple, les gouvernements indien et chinois sont opposés à la limitation de la production de plastique, malgré le soutien de l’opinion publique à la réduction de la production de plastique, qui s’élève à 92 % en Chine et à 86 % en Inde. Au Brésil, où le soutien public est de 89 %, le gouvernement brésilien ne précise pas s’il est en faveur d’une réduction progressive de la production de plastique.

Le soutien en faveur d’une forte action sur les plastiques est manifeste partout dans le monde : il est temps d’écouter les populations

La volonté politique ne suffit pas pour que le traité mondial sur les plastiques aboutisse : il faut aussi le soutien de l’opinion publique. La vague de préoccupation publique concernant la pollution plastique ressortie de notre enquête confirme qu’il n’y a aucun doute à ce sujet. Le soutien en faveur d’une action forte sur les plastiques existe à l’échelle du globe, quels que soient les pays et les données démographiques. C’est dans les pays du Sud, qui continuent d’être inondés par de grandes quantités de déchets plastiques en provenance du Nord, et où les gens vivent quotidiennement avec les impacts des déchets plastiques, comme le Mexique, la Thaïlande, les Philippines et la Malaisie, qu’il est le plus fort.

Des militant·es mexicain·es dénoncent la présence de déchets plastiques dans la zone naturelle protégée de Sian Ka’an, dans le district de Riviera Maya, avec des lettres géantes sur le pont de Boca Paila indiquant «Mexico sin plasticos» (Mexique sans plastique). © Mario Dib / Greenpeace

Cet appel à l’action pour réduire la production de plastique et préserver l’environnement envoie un message fort aux gouvernements réunis dans le cadre du traité mondial sur les plastiques : ayez le courage de vous opposer à l’industrie des combustibles fossiles et de défendre les intérêts des populations.

Pour relever les défis posés par la pollution plastique, nous avons besoin que le traité mondial sur les plastiques soit une lueur d’espoir, qu’il marque la fin de l’ère du plastique et qu’il inverse la tendance de la pollution plastique. La santé et la résilience de notre planète et de ses habitant·es est un droit fondamental qui doit être préservé pour toutes les générations futures. Le pouvoir d’apporter un changement durable est entre nos mains.

Qu’en pensent les Canadien·nes ?

Les points de vue exprimés au Canada renforcent l’urgence d’agir : 73 % des personnes interrogées au Canada affirment qu’il est nécessaire de réduire la production de plastique pour mettre fin à la pollution plastique.

Principales conclusions pour le Canada :

  • 73 % des personnes interrogées affirment qu’il est nécessaire de réduire la production de plastique pour mettre fin à la pollution plastique ;
  • 70 % des personnes interrogées soutiennent un traité mondial sur les plastiques qui réduit la production afin de stopper la perte de biodiversité et de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.
  • 83 % des personnes interrogées soutiennent un traité mondial sur les plastiques qui oblige les gouvernements et les entreprises à abandonner les emballages plastiques à usage unique au profit d’alternatives réutilisables et rechargeables.
  • 64 % des personnes interrogées déclarent que le traité mondial sur les plastiques doit interdire les emballages à usage unique.
  • 72 % des personnes interrogées se disent préoccupées par les effets du plastique sur la santé de leurs enfants.

Vous pouvez lire le communiqué de presse de Greenpeace Canada ici.


À l’approche des négociations du traité mondial des Nations unies sur les plastiques, il s’agit d’informations essentielles que les gouvernements du monde entier, y compris les dirigeant·es du Canada, doivent prendre en compte pour s’assurer que nous aboutissions à un traité qui place l’opinion publique avant les intérêts des pollueurs, afin de mettre un terme à l’ère du plastique.

Plastique
Dites au Canada de soutenir un traité mondial ambitieux sur les plastiques

Si les leaders de ce monde font preuve de suffisamment d’audace, un traité mondial sur les plastiques ambitieux pourrait mettre fin à l’ère du plastique pour de bon. Rejoignez la campagne dès maintenant!

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Angelica Pago est responsable des communications et des médias sur les plastiques au niveau mondial chez Greenpeace USA.

Léanne Colbeck est chargé·e de campagne numérique chez Greenpeace Canada.