Tels des enfants refusant de mettre leur tuques à -20°C, les cinq grandes banques canadiennes accusent un retard de plus en plus important par rapport à d’autres banques mondiales qui font les premiers pas, parfois hésitants, vers l’alignement de leurs politiques de financement sur les exigences de la science du climat. Pour sa part, Desjardins n’a pas de politique pour cesser de financer de nouveaux projets liés aux combustibles fossiles .

Greenpeace Canada a demandé aux banques de cesser de financer de nouveaux projets liés aux énergies fossiles ET de cesser de financer les sociétés qui développent la production et le transport des énergies fossiles. Les banques européennes mentionnées ci-dessous ont récemment pris des mesures concernant le financement de projets, tandis que les banques canadiennes font l’inverse!

ING : Pas de $ pour les nouveaux gisements de pétrole et de gaz, ni pour les pipelines et les terminaux  

Le 14 mars dernier, la banque néerlandaise ING a annoncé qu’elle ne financerait plus les projets d’infrastructures («midstream») comme les pipelines et les terminaux, qui permettraient d’exploiter de nouveaux gisements de pétrole et de gaz (ING a mis fin au financement de nouveaux projets pétroliers et gaziers en mars 2022). Cette nouvelle politique s’applique également à ses activités de négoce de pétrole et de gaz, pour lesquelles des objectifs alignés sur la trajectoire Net Zero de l’Agence internationale de l’énergie seront annoncés en 2024. ING serait ainsi la première grande banque à fixer des objectifs pour réduire les volumes de pétrole et de gaz commercialisés qu’il finance.

HSBC : Pas de $ pour les nouveaux gisements de pétrole et de gaz

La plus grande banque du Royaume-Uni, HSBC, a mis à jour sa politique énergétique pour soutenir la transition nette zéro en décembre 2022 afin de préciser qu’elle «n’accorderait plus de nouveaux prêts ou de financements pour les projets relatifs à de nouveaux gisements de pétrole et de gaz et aux infrastructures connexes lorsque leur utilisation principale est liée à de nouveaux gisements». 

Il y a toutefois un hic : La branche canadienne de HSBC a été exemptée de cette nouvelle politique, car elle est en train d’être vendue à… RBC! RBC – la plus grande banque du Canada – défend de l’expansion de l’extraction du pétrole et du gaz, au mépris du climat.

NatWest : Suppression progressive du financement des nouveaux projets pétroliers et gaziers d’ici à 2026.   

En février 2023, NatWest (anciennement Royal Bank of Scotland) a annoncé qu’elle n’accorderait pas de prêts basés sur les réserves dans le but spécifique de financer la prospection, l’extraction et la production de pétrole et de gaz pour de nouveaux clients. À partir de 2026, elle ne renouvellera pas, ne refinancera pas et n’étendra pas les prêts basés sur les réserves existants spécifiquement destinés au financement de la prospection, de l’extraction et de la production de pétrole et de gaz.

NatWest: Phasing out $ for new oil and gas projects by 2026.   

Barclays : Pas de $ pour les sables bitumineux.

Dans un cadre plus restreint, mais néanmoins significatif, Barclays (deuxième banque du Royaume-Uni) a annoncé en février 2023 qu’elle ne financerait pas les sociétés d’exploration et de production de sables bitumineux, ni la construction de nouvelles infrastructures ou de pipelines de sables bitumineux.

Fait intéressant à noter, le rapport annuel de Barclays indique que sa politique précédente (adoptée en 2020) consistait à n’accorder des financements qu’aux clients du secteur de l’exploration et de la production de sables bitumineux ayant des projets visant à réduire sensiblement l’intensité globale de leurs émissions et un plan pour que l’entreprise dans son ensemble ait une intensité d’émissions inférieure à celle du producteur mondial médian de pétrole d’ici la fin de la décennie. Grâce à cette politique, l’exposition des prêts aux clients de l’exploration et de la production des sables bitumineux a été réduite à zéro à la fin de l’année 2022.

En bref : aucune des entreprises de sables bitumineux n’a pu convaincre les comptables de Barclays qu’elles étaient sérieuses au sujet de leurs revendications «net zéro» tant annoncées.