En décembre dernier, le Canada a accueilli une conférence sur la biodiversité décisive : la 15e conférence des parties de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB), mieux connue sous le nom de COP15. Il s’agissait d’un moment crucial pour la faune et la flore, qui traversent une crise grave au niveau mondial ainsi qu’au Canada.

La dernière itération du plan d’action pour la protection de la biodiversité remonte à 2010, et aucun de ces objectifs n’a été atteint. Le Canada s’était notamment engagé à protéger 17 % des zones terrestres d’ici 2020, mais cette promesse se fait toujours attendre trois ans plus tard.

C’est pourquoi Greenpeace Canada fait campagne aux côtés de ses sympathisant·es et de ses allié·es pour une meilleure protection de la nature, notamment en se mobilisant lors de la COP15, où nous avons déployé une énorme banderole en plein centre-ville de Montréal pour demander que cette conférence transforme ce point de basculement en un tournant décisif pour la nature.

Greenpeace appelle les délégués des États qui visitent Montréal pour la COP15 à travailler ensemble en vue d’obtenir un accord ambitieux qui protège la nature et garantisse les droits des Peuples Autochtones.

Plusieurs d’entre vous se posent peut-être les questions suivantes : Que s’est-il passé exactement à la COP15? Quels résultats ont été obtenus? Quelle est la prochaine étape? Et qu’est-ce que cela signifie pour le Canada?

Ne vous inquiétez pas. Nous sommes là pour vous éclairer! 

Que s’est-il donc passé à la COP15? 

Des milliers de personnes venues du monde entier – y compris des négociateur·rices, des leaders politiques, des activistes, des ONG et (malheureusement) des lobbyistes d’entreprise – ont convergé vers Montréal pour deux semaines intenses de conférence. Mais ce sont surtout les leaders autochtones qui ont occupé le devant de la scène.

Des jeunes autochtones de toute l’île de la Tortue ont interrompu le discours d’ouverture du premier ministre canadien Justin Trudeau pour lui rappeler que le Canada colonial constitue la plus grande menace pour leurs moyens de subsistance, leurs terres et la biodiversité.

Nos allié·es autochtones du monde entier ont ensuite pris la parole lors d’une conférence de presse soutenue par Greenpeace Canada pour rappeler aux leaders de ce monde l’importance des droits des peuples autochtones pour la protection de la nature. Ils sont les véritables gardiens des terres depuis des temps immémoriaux, mais se retrouvent pourtant exclus du processus de négociation concernant leur avenir. 

Orpha Novita Yoshua, une femme autochtone Namblong de Papouasie occidentale, en Indonésie, a déclaré : « Personne ne connaît mieux la valeur de la forêt que les peuples autochtones, et personne ne sait mieux comment la protéger ».

La même semaine, la toute première marche de la COP en faveur de la biodiversité a circulé dans les rues de Montréal. Cette marche historique a été dirigée par des peuples autochtones du monde entier, en particulier des femmes, afin de réclamer une meilleure protection de la nature et le respect des droits des peuples autochtones. 

Quels ont été les résultats de la COP15?

En fin de compte, la COP15 s’est soldée par un accord mondial pour la protection de la nature. L’entente n’est toutefois pas parfaite; elle contient beaucoup trop d’échappatoires qui permettent aux entreprises de continuer à exploiter la nature. 

Néanmoins, les peuples autochtones ont remporté une grande victoire. Grâce à leur dévouement et à leur travail acharné, le texte final, connu sous le nom de Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, reconnaît officiellement le rôle central des droits et des connaissances des peuples autochtones dans la préservation de la biodiversité mondiale. Si les gouvernements tiennent parole, cela pourrait signaler la fin des attitudes coloniales en matière de conservation et le début d’une nouvelle ère. Les droits et les contributions des peuples autochtones sont spécifiquement mentionnés dans de nombreux objectifs, y compris le nouvel engagement constituant à protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030.

C’était une nouvelle incroyable. Mais la vérité est que, quelle que soit l’ampleur de cette victoire, le vrai travail ne commence que maintenant. 

Que doit-il se passer après la COP15?

L’accord de Kunming-Montréal a été largement qualifié d’« historique », mais pour qu’il le soit, nous devons nous assurer que toutes les promesses soient suivies d’actions concrètes. Nous n’avons pas de temps à perdre avec les fausses promesses – la nature est déjà en crise, et nous aussi. 

Comme l’a dit le chef de la communauté congolaise de Lokolama, Valentin Engobo : « Les hôtes [de la COP15] ont pris en compte nos droits, et je les en remercie, mais nous craignons qu’iels ne retournent à leurs affaires habituelles par la suite. »

Malgré son arrivée tardive à la COP15 en raison de retards dans l’obtention de son visa, Valentin n’a jamais renoncé à délivrer son message en participant virtuellement à la conférence de presse et en accordant de multiples entrevues pendant les derniers jours de négociations. 

Voilà à quoi ressemble le dévouement. Et nous n’attendons rien d’autre des décisionnaires qui devront appliquer l’accord afin de protéger l’avenir de la nature.

Qu’est-ce que cela signifie pour le Canada? 

Le gouvernement fédéral canadien – et c’est tout à son honneur – a fait preuve d’un leadership fort en matière de protection de la nature au cours de la conférence. Toutefois, il s’est également montré étonnamment incohérent et contradictoire dans son approche en la matière, avec des lois existantes censées protéger la biodiversité mais qui, en fait, sont inadéquates, ne disposent pas des ressources nécessaires et ne sont que faiblement mises en œuvre.

Il va sans dire que ce manque d’engagement et de cohérence a eu des répercussions significatives sur l’état de la faune et de la flore au Canada – selon une étude sans précédent réalisée en 2022, plus de 2 000 espèces sauvages au Canada sont confrontées à un risque élevé d’extinction. 

La seule façon de remédier à ces échecs persistants et à ce manque de cohérence au niveau fédéral est d’adopter une nouvelle législation permettant au Canada de respecter ses engagements internationaux en la matière de protection de la nature.

Nous savons que beaucoup d’entre vous s’inquiètent déjà de l’état actuel de la vie sauvage. D’après nos recherches, plus de 80 % de la population canadienne est désormais préoccupée par la crise mondiale de l’environnement. Cette inquiétude est tout à fait justifiée – c’est de notre survie dont il est question. 

Plus de 40 000 d’entre vous ont déjà signé la pétition appelant le gouvernement fédéral à adopter une nouvelle législation afin de protéger la nature et la biodiversité. Et notre effort conjoint porte déjà ses fruits. Quatre mois seulement après avoir occupé l’extérieur du bureau de Steven Guilbeault pour attirer son attention sur la crise environnementale, il s’est déjà engagé à adopter une nouvelle législation sur la protection de la nature. 

Cela n’aurait pas été possible sans votre soutien continu. C’est vous qui avez signé notre pétition, appelé le cabinet du ministre et tagué ce dernier sur les réseaux sociaux. Ce sont ces petites actions qui témoignent de la grande capacité d’action du pouvoir populaire.

Ensemble, nous montrons que nous en avons assez que le gouvernement priorise les entreprises motivées par le profit plutôt que l’environnement et les droits de la personne. 

Notre message est clair : les humains font partie du monde naturel, et ce de manière indissociable. Merci de nous aider à le faire passer.