L’épisode de verglas de ce mois d’avril 2023, même s’il fut bref, a été impressionnant! Alors que les tas de branches jonchent encore les rues, la question est sur toutes les lèvres: les arbres meurtris vont-ils s’en remettre? Il faut bien se l’avouer, le spectacle est désolant en ce début de printemps, d’ordinaire synonyme du grand retour des sorties quotidiennes à bicyclette (pour celles et ceux qui n’en font pas encore à l’année longue!)

On a entendu aux nouvelles que notre forêt est bien adaptée au verglas ou encore que les arbres ayant perdu moins de 30% de leur couronne vont guérir rapidement, mais que ceux qui ont perdu plus de branches seront plus vulnérables, notamment aux maladies. Mais qu’en est t-il des arbres en ville?

Alors que l’on doit augmenter notre canopée urbaine, en particulier dans les ilôts de chaleur, comment s’assurer que nos arbres sont en bonne santé pour les mois et les années à venir? Autant de questions auxquelles nous répondrons ici.

Comment les arbres survivent aux dommages de la tempête

Les arbres, comme les humains, sont susceptibles d’avoir des blessures physiques et de contracter des maladies, mais chacun à sa stratégie pour se défendre et se guérir. Les arbres n’ont pas le luxe de pouvoir se déplacer ni réfugier des intempéries ou autres menaces comme les humains. Exposés à l’année longue, ils sont de nature assez résiliente. Les mécanismes de défenses varient selon les espèces, mais sont toutes aussi créatives l’une de l’autre (ex: perte de feuilles, toxines, odeurs, coopération).

En forêt, il y a souvent une symbiose qui se fait entre des arbres d’une même famille. Par exemple, si un arbre est trop affaibli par l’attaque d’une maladie ou par un insecte, il est possible que celui-ci se sacrifie en transférant ses nutriments aux arbres avoisinants, via ses racines, afin que ceux-ci puissent se renforcer et mieux se défendre contre la menace. En forêt urbaine, le manque de proximité, la densité et les variétés rendent cette approche possible mais moins probable. Cela demande donc une approche plus attentionée.

Lorsqu’il s’agit de branches cassées l’arbre va compartimenter ses blessures afin d’empècher la propagation de pertes. La branche ne va pas repousser. L’arbre choisit plutôt de renfermer et recouvrir d’écorce la blessure afin de protéger les cellules mortes en dessous car toute ouverture est plus susceptible à l’entrée de maladies, de champignons, d’insectes et autres. Un bon élagage peut aider le processus de compartimentation

Attention: Recouvrir les blessures de produits ou de gommes, naturelles ou non, est fortement déconseillé. Si on croyait ceci bénéfique autrefois, on comprend mieux aujourd’hui que cela garde l’humidité et peut accélérer l’infection de l’arbre. Tout comme une plaie sur notre corps, les blessures sur les arbres ont besoin d’air pour «cicatriser». Bien que le processus peut être très lent pour un arbre, il faut faire confiance à dame Nature.

Bonne compartimentation. Crédit photo: Fleurs-fruits-feuilles-de.com     Produit nuisible. Crédit photo: Jardinierparesseux.com   

Élaguer les arbres après le verglas

À la différence de l’élagage, l’émondage d’un arbre est une vieille technique qui ne prend pas en compte la santé de l’arbre, ni la sécurité du public, particulièrement en milieu urbain. 

L’élagage en revanche promet une taille précise pour maximiser les chances de survie et la santé des arbres, tout en minimisant les pertes. Ici il est conseillé de faire affaire avec un arboriculteur certifié, ou un élagueur bien formé.  Si vous choisissez d’entreprendre l’entretien et l’élagage vous-même, voici quelques conseils et techniques à prendre en compte afin d’assurer un bon rétablissement de votre arbre. 

Attention: Avant tout, assurez-vous d’avoir les bons outils et de prendre toutes les mesures de protection et sécurité nécessaires (ex. gants, lunettes, casque). Si il y a une ligne électrique tout prêt, contactez Hydro-Québec. De plus, désinfecter vos outils avant l’utilisation, et avant de passer à un autre arbre. 

Comprendre où et comment tailler l’arbre:

D’ordre général, le moins on coupe, le mieux. Toutefois, les branches cassées ou mortes, les chicots (un bout de branche qui ressort ou le reste d’une branche mal coupée), les gourmands/rejets (repousses verticales résultant souvent d’un stress mais qui puise l’énergie) peuvent demander un entretien.  

Crédit image: Botanix

La 3 bases principales d’une bonne coupe: 

1) Pour favoriser le processus de compartimentation, il est important de couper près (mais pas trop près) du collet (bulbe prêt de l’intersection des branches ou d’une branche au tronc), car il contient le plus de cellules vivantes pouvant reconstruire l’écorce. 

2) Pour une bonne pousse et circulation de la sève, il est important que l’angle de la coupe se fasse suivant la direction d’une branche ou bourgeon – mais tout en préservant le collet. 

3) Afin d’éviter que l’écorce se déchire et s’arrache lors d’une coupe, il est bon de faire une première incision dans la branche sur le côté opposé (prioritairement le côté face au sol) de la taille complète. Ceci est surtout le cas pour des branches de plus gros gabarits. 

Taille prêt du collet

Crédit image: Espacepourlavie

Coupe directionnelle

Crédit image: Espacepourlavie

Coupe évitant la déchirure de l’écorce

Crédit image: Espacepourlavie

Quand élaguer son arbre: Si l’élaguage peut se faire en tout temps, la règle généale est d’éviter d’enlever plus de 20% de la masse foliaire. Pour ce qui est de la période idéale, selon nos recherches, le meilleur temps pour élaguer un arbre se fait au début du printemps ou à la fin de l’automne alors que l’arbre est en semi-dormance, il fait toujours frais et l’exposition aux insectes et maladies est très faible. De plus, la circulation de la sève, nécessaire pour la ‘cicatrisation’, reste active. Si pas urgent, l’hiver est préféré pour les tailles majeures. Ainsi, les semaines suivant la crise du verglas 2023 sont idéales pour élaguer. 

Sauver un arbre déraciné

Un arbre représente tant de choses pour une propriété, ses habitant·es et la nature, il est donc difficile de concevoir la possibilité d’en perdre un. Il y a des cas où nous n’avons pas grand choix malheureusement. Lorsque l’on parle d’arbre déraciné, c’est vraiment du cas par cas. De façon générale, plus l’arbre est jeune, plus facile que c’est pour celui-ci de se remettre sur pieds, au sens propre comme au figuré. Il faut agir vite toutefois, dans la semaine suivant le déracinement. Ici il est conseillé de bien creuser autour de l’arbre tout en évitant d’abîmer ses racines. Avant de le redresser ou transplanter il est conseillé d’enrichir le sol avec de l’engrais naturel, compost et minéraux pour permettre à l’arbre de bien rétablir ses forces. Une fois remis en place, il faut assurer de bien l’arroser et le maintenir en place quelques années avec un tuteurage solide. Il faut s’assurer de ne pas étouffer l’arbre en ficelant la circonférence complète du tronc. Utiliser du caoutchouc là ou il y a contact avec l’écorce et vérifier que l’humidité ou autres indésirables ne s’y accumulent.  

L’importance des arbres en ville

arbre détruit par le verglas 2023 parc laurier
© Lydie Padilla

Les arbres en ville apportent  énormément de valeurs et bénéfices, autant écologiques, que pour notre santé physique et mentale, que sur le plan économique. 

Les forêts urbaines sont essentielles dans la lutte aux changements climatiques et la perte de biodiversité. L’abondance d’arbres dans toute la ville contribue à modérer les températures, à réduire les points chauds ainsi que les gaz à effets de serre. En été, une rue bordée d’arbres peut abaisser la température ambiante de près de 5॰C. Les forêts urbaines servent ainsi à atténuer la pollution, les effets du changement climatique et aident les citoyens à s’adapter à la nouvelle normalité. Les arbres en milieu urbain sont aussi un refuge, un habitat et une source d’alimentation pour de nombreux animaux et insectes.  En tant qu’hôte d’une grande variété d’espèces animales et végétales, ils contribuent également à préserver la biodiversité. Plus nous avons de diversité dans une forêt urbaine, plus nous sommes résilient·es face aux diverses crises environnementales. 

Petites forêts, micro forêts, massifs d’arbres dans les espaces verts, arbres de rue sont autant de façons dont les arbres contribuent au bien-être des citadin·es.  Leur présence nous protège des inondations, réduit les incidences d’hospitalisation durant les canicules, apaise l’esprit lors d’une marche et aide même à accélérer la guérison dans certains cas. Les propriétés avec des arbres ont une meilleure valeur sur le marché mais profite aussi d’économie d’énergie lorsque ces arbres jouent les isolants et régulent la température. Une bonne foresterie urbaine aide aussi les villes à baisser les coûts liés à la gestion des eaux et pluies.  

Enfin, toutes les raisons sont bonnes pour valoriser et préserver nos arbres. Toutes les raisons sont bonnes pour s’assurer que nous augmentons la canopée et la diversité de nos forêts. 

Rejoignez le mouvement et contribuez à protéger la biodiversité!

Broadback Valley Forest in Canada. © Oliver Salge / Greenpeace
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