Avec environ 350 millions d’hectares de forêts, le Canada est le troisième pays le plus boisé de la planète. À bien des égards, les forêts au Canada, tout comme la nature, sont au cœur de notre identité.
Toutefois, en cette Journée internationale des forêts, un nouveau géant de l’exploitation forestière s’est installé dans les forêts canadiennes, un géant lié à une déforestation des plus inquiétantes à l’échelle mondiale. La disparition de la faune et les changements climatiques accentuent la pression face au sort de nos forêts.
Des enquêtes récentes ont soulevé d’importantes questions sur les personnes qui profitent directement de cette affaire. Mais au lieu d’aider, le gouvernement fédéral continue de faire de l’éco-blanchiment face à une industrie destructrice. Nous demandons des réponses et exigeons des lois plus strictes pour protéger la nature.
Examinons de plus près cette nouvelle menace pour les forêts et découvrez comment vous pouvez agir dès aujourd’hui.
Les enquêtes des médias sur Paper Excellence créent une onde de choc politique
Au cours de la semaine dernière, CBC News, Glacier Media et le Halifax Examiner ont publié une série d’articles incroyables sur la propriété obscure de la plus grande société d’exploitation forestière du Canada, Paper Excellence.
Ces reportages s’appuient sur une enquête sans précédent, menée par Greenpeace Canada et ses alliés. Cette enquête révèle la structure complexe de l’actionnariat de Paper Excellence et à notre désarroi ses liens au fameux groupe Sinar Mas, une société privée basée en Indonésie, responsable d’une déforestation massive ainsi que de conflits sociaux.
Alors que Paper Excellence affirme être indépendante de l’empire Sinar Mas, l’enquête de la CBC a conclu que « la réalité et la rhétorique ne sont souvent pas alignées ». Ces révélations ont provoqué une onde de choc dans tout le Canada et ont incité les responsables politiques à demander des auditions à la Chambre des communes.
Une structure de propriété complexe dans cinq provinces
Paper Excellence possède aujourd’hui des usines dans la moitié des provinces canadiennes : Colombie-Britannique, Nouvelle-Écosse, Ontario, Québec et Saskatchewan. Au cours de l’année écoulée, elle a connu une croissance exponentielle avec l’achat de la société forestière controversée et litigieuse Produits forestiers Résolu. L’ampleur des activités de Paper Excellence garantit désormais qu’elle aura un impact sur les forêts pendant des générations.
Toutefois, la structure complexe de l’actionnariat de Paper Excellence empêche les communautés locales, les peuples autochtones, les syndicats et les écologistes de la tenir pour responsable de ses actes.
Malgré une structure d’entreprise à plusieurs niveaux avec des sociétés de portefeuille dans de nombreuses juridictions, les résultats de notre enquête ont fourni des preuves solides que le groupe Sinar Mas contrôle Paper Excellence. On note des liens familiaux, des chevauchements dans la gestion et des déclarations de lobbyistes.
L’analyse s’est appuyée sur l’examen de centaines de documents du registre des sociétés accessibles au public au Canada, en Indonésie, en France, au Brésil, aux États-Unis, dans les îles Vierges britanniques et dans d’autres juridictions. Nos preuves comprenaient même le papier à en-tête officiel de Sinar Mas utilisé par Paper Excellence lorsque l’entreprise a acheté sa première usine ici.
Une période critique pour les forêts du Canada
La prise de contrôle de l’industrie forestière par Paper Excellence intervient à un moment critique pour les forêts du Canada. La disparition d’espèces sauvages emblématiques comme le caribou, l’augmentation des émissions dues à l’exploitation forestière non durable et l’incapacité du gouvernement à protéger les forêts anciennes ont donné lieu à certains des plus grands actes de désobéissance civile de l’histoire du Canada.
La situation est tout aussi grave dans les provinces où Paper Excellence est désormais implanté. Au cours des 20 dernières années, les forêts anciennes de Colombie-Britannique ont été réduites de moitié. Au Québec, les mesures de protection des forêts, pourtant nécessaires et urgentes, sont bloquées face à la pression de l’industrie. En Ontario, le gouvernement a scandaleusement exempté l’industrie forestière du respect de la loi provinciale sur les espèces menacées !
À ceci, les lois existantes qui visent à protéger la faune et la flore sont faibles et mal appliquées. Dans certains cas, cela reflète des années de lobbying de la part de l’industrie forestière afin de maintenir le statu quo.
L’éco-blanchiment fédéral ne sert à rien
On pourrait s’attendre à ce que le gouvernement fédéral suive la situation de près et fasse tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les forêts pour les générations futures.
Mais honnêtement, cela ne semble pas être le cas.
Par exemple, nous avons découvert à la fin de l’année dernière qu’alors que le gouvernement se préparait à accueillir un sommet mondial sur la nature à Montréal, son ambassadeur auprès de l’Union européenne faisait pression contre les exigences environnementales strictes imposées aux produits forestiers provenant de pays comme le Canada. Une lettre de l’ambassadeur ignorait l’impact considérable de l’exploitation forestière sur la faune et prétendait que les exigences essentielles en matière de traçabilité seraient trop « lourdes » à respecter pour des géants de l’industrie multimilliardaire (comme Paper Excellence).
Le ministère des Affaires étrangères n’est pas le seul à faire de l’éco-blanchiment dans le secteur de l’exploitation forestière. Le département de Ressources naturelles Canada continue de répéter les arguments de l’industrie qui sembleraient dire que toute l’exploitation forestière canadienne est durable.
Appel exigeant des réponses et à des actions
Le gouvernement fédéral doit se réveiller. Le public mérite des réponses et des actions concrètes du gouvernement. Et quel meilleur moment qu’aujourd’hui, Journée internationale des forêts, pour les obtenir ? Voici deux façons d’agir pour les forêts aujourd’hui :
- Tweeter au nom des forêts
Premièrement — des réponses. Le public canadien a le droit de savoir exactement qui profite de toute cette exploitation forestière, quel en est l’impact sur les forêts et quels sont les plans de Paper Excellence pour l’avenir. Le gouvernement peut faire en sorte que cela se produise.
Demandons au député John Aldag, président du comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes, et au ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, de convoquer le PDG de Paper Excellence pour qu’il témoigne devant le comité de la Chambre.
- Demander des lois pour protéger les forêts et la biodiversité
La prise de contrôle de l’industrie forestière par Paper Excellence rend plus urgente que jamais l’adoption par le gouvernement d’une nouvelle législation visant à protéger les forêts et la nature. Plus de 40 000 personnes ont demandé au ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, d’agir en ce sens. Ajoutez votre nom ici au nom des forêts !