La semaine dernière, nous avons lancé une série de discussions en direct qui vont se dérouler pendant un mois, et qui vont explorer les thèmes de la décolonisation de la nature, la restauration des terres et paysages, ainsi que de la justice environnementale.

Ces discussions vont nous permettre d’aborder les points de vue de personnes ayant des choses importantes à dire sur ce que la nature signifie pour elles et, selon le cas, sur la façon dont elles interagissent avec le monde naturel dans leur propre vie. Le point de départ de ces conversations revient à la mission de Greenpeace: maintenir la vie sur Terre dans toute sa diversité. 

Le lien nature-culture

Ronald Brazeau, directeur du Département des ressources naturelles du Lac Simon, dirige les efforts de rétablissement de la harde isolée de caribous de Val d’Or (Territoire de la Première Nation Anishnabe du du Lac Simon, Nord du Québec)

Lorsque nous parlons de la nature, nous évoquons souvent la faune, la flore et la biodiversité. Cela nous amène parfois à oublier que la culture fait également partie de la nature. Les forêts du Canada, par exemple, sont aussi des paysages culturels autochtones dont les caractéristiques reflètent d’innombrables millénaires d’interactions humaines. 

Les liens entre la diversité culturelle et la diversité biologique sont extrêmement profonds. Les exemples sont nombreux. L’ «époustouflante» superposition entre les groupes linguistiques autochtones de la côte ouest et l’ADN des grizzlis me surprend toujours. Dans un contexte très différent, je pense à ma propre jeunesse en Irlande et au caractère indissociable des espaces naturels et des portails dolmens vers le monde de l’au-delà, des sites de tombes anciennes, des sculptures du mystérieux «petit peuple» et de la lente restauration des forêts de vieux chênes d’une grande importance culturelle.

Nous avons donc la responsabilité, en tant que colons et signataires de traités sur des terres autochtones volées, de reconnaître les racines et l’autochtonie des espaces que nous essayons de «protéger». Et que cette protection signifie vraiment «Land Back» – la restitution des terres.

Colonialisme et suprématie blanche dans la culture environnementale

En tant qu’écologistes, nous devons également reconnaître comment la suprématie blanche et le colonialisme dans la culture qui nous entoure ont façonné les mouvements de protection de la nature. Honnêtement, les échecs du mouvement environnemental s’expliquent en grande partie par le fait que nous avons été trop blancs, trop masculins et trop validistes. 

C’est ce qui a conduit Greenpeace à faire campagne contre la chasse aux phoques dans les années 1970, en croyant à tort que cela protégerait les océans. Nous n’avons absolument pas respecté la culture et le savoir des Inuits, pour qui la chasse est en profonde harmonie avec l’environnement. Malgré l’humilité de certains chasseurs·euses Inuits qui ont accepté de nous pardonner, les conséquences de cette terrible erreur de Greenpeace se poursuivent aujourd’hui.

Par ailleurs, le mouvement n’a pas non plus réussi à voir l’interconnexion des inégalités sociales. Cela a limité notre capacité à imaginer les solutions nécessaires aux problèmes environnementaux urgents. Comment se fait-il, par exemple, que dans des grandes villes comme Toronto l’accès aux espaces verts est inégal et démontre une ségrégation raciale très marquée? Pourquoi n’avons-nous pas tous et toutes la possibilité d’explorer les parcs provinciaux? Pourquoi les représentations des «grands espaces» sont-elles si souvent “blanchies”, perpétuant ainsi l’exclusion de nombreuses personnes?

Ces questions appellent des voix différentes, de nouvelles perspectives et d’autres solutions. De meilleures solutions. Mais aussi un objectif de justice et de place partagée dans la nature, en honorant le fait que nous avons tous et toutes un lien avec elle.

Aînée et petite-fille Anishinabe de la Première Nation Anishinabe du Lac Simon (dans le Nord du Québec)

Célébrer la vie dans toute sa diversité biologique et culturelle

Tout simplement parce que, tout comme la culture, le monde naturel ne flotte pas dans l’espace, séparé de nous. Nous ne parlons pas de lieux lointains, mais du monde et des gens qui nous entourent. 

Pendant longtemps, pour de nombreuses personnes au sein du mouvement environnemental, «défendre la nature» signifiait déloger les habitant·es des terres à protéger. Nous savons maintenant que c’est profondément faux et que cela reflète une mentalité coloniale qui sépare l’humanité des autres formes de vie sur Terre, en nous classant supérieure à elles.

Oui, nous avons besoin de l’action du gouvernement, de moins de contrôle des entreprises sur les terres et les ressources, et de plus de pouvoir pour les communautés. Mais si nous voulons vraiment protéger la nature, nous devons aussi faire entendre une diversité de voix, instaurer le respect, renforcer la sécurité et l’inclusion. Nous devons construire un mouvement écologique radical pour la justice dans notre culture et sur la terre.

C’est pourquoi nous nous engageons pour obtenir de meilleures lois pour préserver la nature au Canada. Vous pouvez rejoindre le mouvement et faire une première avancée ici.

Nous espérons vraiment que vous pourrez vous joindre à la conversation, alors voici le calendrier des discussions à venir ! Toutes les présentations en direct (Live) commenceront à 20h EST / 17h PDT.

  • Jeudi 21 avril – via GPCA Instagram : Décolonisation, Protection de la nature & Gouvernance autochtone, avec Rebecca Sinclair d’Indigenous Climate Action –> enregistrement du Live ici !
  • Mardi 3 mai – via GPCA Instagram : Appartenance à l’extérieur : une conversation avec Karen Lai
  • Mardi 10 mai – via GPQC Instagram : A la découverte des espaces de plein air : une conversation avec Mary Soueidan
  • Jeudi 12 mai – via GPCA Instagram : Notre relation avec la nature et les expériences en plein air : une conversation avec Demiesha Dennis, fondatrice de Brown Girl Outdoor World
  • Mardi 17 mai – sur GP Canada Facebook : Apprendre des points de vue autochtones sur notre cheminement pour renouer avec la nature : une conversation avec Carolynne Crawley, fondatrice de Msit No’kmaq
  • Et enfin, jeudi 19 mai – via GPQC Instagram : L’intersectionnalité, centrale dans le mouvement environnemental, avec Lourdenie Jean, fondatrice de « L’Environnement c’est intersectionnel »

Si vous souhaitez en savoir plus sur ces questions et écouter nos sessions en direct avec des invité.es du mouvement de justice sociale et environnementale, nous vous invitons à suivre nos pages Instagram et Facebook.