La conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) approche. Et une sixième extinction de masse est en cours, mais cette fois-ci l’humain en est la cause. Il est primordial de saisir le sérieux de l’enjeu, de connaître les luttes sur le terrain, et l’action politique nécessaire.  

Le gouvernement du Canada compte protéger 30% des terres et aires marines d’ici 2030,  mais ne protège actuellement que 13.8% des aires marines et 12.5% des milieux terrestres (ratant sa cible internationale de 17% en 2020). En 2018, le vérificateur général du Canada a noté un déclin alarmant de la biodiversité, et de nombreux retards quant à la réponse aux exigences de la Loi sur les espèces en péril. On y note de grandes lacunes, particulièrement pour la protection du caribou. Au Canada, le caribou des bois (forestier) est le symbole de l’enjeu de la biodiversité et une victime de la perturbation industrielle sans contrainte, avec 30% de déclin des populations en 20 ans, et plus de 81% des populations recensées qui continuent à chuter. 

Le Québec en est un exemple flagrant

Les provinces freinent et repoussent sans cesse les actions concrètes nécessaires pour redresser et protéger la biodiversité. Le Québec en est un exemple flagrant. Il peine à consulter les peuples autochtones impactés, continue à émettre des permis de coupes dans des aires à être protégées, suggère de déporter des caribous dans un zoo, commande sans cesse des rapports conditionnels à l’action, met des hardes en enclos sans aucune autre mesure. Plus récemment, la province a repoussé pour la deuxième fois en trois ans la publication d’une stratégie pour sauver cet animal. 

Il est de notre avis que le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) Pierre Dufour échoue à répondre à son mandat de protection de la faune. Son inaction fait l’affaire des grandes forestières qui saccagent l’habitat essentiel au caribou et celui de nombreuses autres espèces. En revanche, il préfère montrer du doigt les communautés autochtones pour expliquer le déclin du caribou, alors que c’est plutôt l’industrie qui est au coeur du problème en coupant et découpant la forêt. 

Le gouvernement fédéral a donné au gouvernement du Québec jusqu’au 20 avril 2022 pour démontrer leur efforts de rétablissement et de protection du caribou. Au lieu d’un plan sérieux, jusqu’à présent, nous avons vu le ministre présenter des excuses et blâmer les peuples autochtones sans aucun fondement.

Des solutions fondées sur les savoirs autochtones ignorées

Lorsque l’on parle de caribou, l’histoire de la Première Nation Anishnabe de Lac Simon est incontournable. Dans le nord-ouest du Québec, au cœur de forêt boréale, une petite population isolée de caribous (Val d’Or) est en danger d’extinction imminente. Aujourd’hui, la harde de caribous de Val d’Or ne comptent que 7 membres. Par chance, on y retrouve également une communauté qui fait tout pour assurer sa sauvegarde. La communauté du Lac Simon travaille à minimiser l’empreinte et l’exploitation industrielle sur le territoire, elle encourage la régénération de la forêt, et finance des études sur le terrain. Leur plan de rétablissement pour les caribous de Val d’Or à été soumis au ministre Dufour, mais il semble accumuler la poussière sur le bureau de ce dernier. 

À l’opposé, en Colombie-Britannique, la harde de caribous Klinse-Za est en plein essor grâce aux efforts de conservation déployés par le leadership autochtone de la Première Nation de West Moberly et la Première Nation de Saulteau. Un bel exemple de ce qui est atteignable en ce qui concerne les caribous et la nature lorsque le leadership autochtone est priorisé et soutenu. 

Selon la cheffe de la Nation Anishnabe du Lac Simon, Adrienne Jérôme « pendant des millénaires, les Algonquins ont pu survivre grâce au caribou. Aujourd’hui, on est redevable envers cet animal et il est hors de question de le laisser disparaître ». Les défis extrêmes auxquels fait face cette Nation, autant dans la sauvegarde du caribou, que dans la préservation de leur culture, est un microcosme d’un combat plus large à l’échelle planétaire. L’impact sur la santé et le mode de vie se fait déjà ressentir au sein de la communauté.  

Depuis quelques années, la Premières Nations du Lac Simon et Greenpeace travaillent ensemble à assurer que le dossier du caribou n’échappe pas aux yeux des décideurs ni ne s’efface de l’esprit du public. Documentation, pétitions, démonstrations pacifistes et pression politique se succèdent. Que l’histoire du Lac Simon et des caribous de Val d’Or serve d’exemple de la lutte devant nous et des efforts possibles. 

Olivier Kolmel, Chargé de la campagne Nature et Alimentation de Greenpeace Canada :

« Non seulement le gouvernement du Québec échoue à répondre à la crise du caribou, mais là, le ministre responsable du dossier jette le blâme sur les peuples autochtones. De l’avis de Greenpeace, le ministre Dufour a perdu toute autorité morale et toute crédibilité, il doit donc démissionner. Son approche ne fait que diviser les gens, inciter au racisme et détourner l’attention de son échec total en tant que ministre. Trop c’est trop. »  

Pour un(e) porte-parole de la Première Nation du Lac Simon, ou un porte-parole de Greenpeace, veuillez contacter : 

Dina Ni, Conseillère aux communications, Greenpeace Canada,  [email protected], +1 416 820-2148

Information additionnelle :