Dans le précédent article de ce blogue, nous avons évoqué l’impact de la guerre en Ukraine sur le climat et les combustibles fossiles. Ce conflit a aussi de nombreuses implications pour la paix et la sécurité, et fait surgir le spectre d’un danger nucléaire. La situation étant en perpétuelle évolution, il se peut que les événements aient pris un nouveau tournant lorsque vous lirez cet article.

Risques de radiations nucléaires

Comme si nous n’avions pas assez de raisons de nous inquiéter, l’Ukraine compte également 15 réacteurs nucléaires en activité. Ceci vient s’ajouter aux réacteurs endommagés et à l’arrêt de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Il s’agit de la première fois qu’une guerre majeure se déroule dans un pays possédant plusieurs réacteurs nucléaires et de nombreux déchets hautement radioactifs. L’Ukraine dispose aussi de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporizhzhia, située sur le fleuve Dniepr, dans le sud du pays. Il y a quelques semaines, les forces russes ont pris le contrôle de cette installation nucléaire, et un incendie qui s’est déclaré pendant l’assaut a fait craindre des fuites radioactives. Bien que cela ne se soit pas produit, l’idée qu’une installation nucléaire puisse être endommagée fait froid dans le dos. Si l’enceinte de confinement et les systèmes de refroidissement du réacteur de Zaporizhzhia venaient à être endommagés, cela pourrait entraîner des émissions radiatives comme celles que nous avons connues à Fukushima ou à Tchernobyl. Cette analyse se base sur des recherches et un exposé technique réalisés par des experts du nucléaire (en anglais) compilés par Greenpeace International.

Un accident ou une attaque délibérée contre l’un de ces réacteurs nucléaires, ou bien une panne d’électricité prolongée entraîneraient un véritable désastre. La meilleure façon de s’en protéger est donc que l’invasion russe cesse au plus vite. Depuis le début de la guerre, Greenpeace International surveille de près ces installations nucléaires ainsi que les répercussions éventuelles du conflit sur celles-ci, et continuera à le faire.

Encore de nos jours, on parle souvent de l’énergie nucléaire comme une source d’énergie pouvant résoudre notre dépendance aux combustibles fossiles. Toutefois, les centrales nucléaires s’avèrent non seulement dangereuses en période de conflit (comme nous le constatons actuellement) et lors d’une catastrophe naturelle, mais elles sont également plus coûteuses et plus longues à devenir opérationnelles que les énergies renouvelables. L’énergie nucléaire ne peut donc tout simplement pas rivaliser avec les énergies renouvelables en termes de coût, de rapidité de mise en œuvre et de sécurité (pour en savoir plus sur ce sujet, lisez cet article du blogue de Greenpeace International en anglais seulement).

Paix et sécurité

28 février 2022 Greenpeace UK projette «No War» sur l’emblématique Tower Bridge à Londres.

Chaque être humain mérite de vivre dans des conditions de paix et de sécurité, quelle que soit la partie du monde où il se trouve. Malheureusement, l’invasion de l’Ukraine vient s’ajouter aux dizaines de conflits dans le monde qui ont dévasté des pays tout entiers et chassé les populations de chez elles. Selon un rapport du HCR Canada, on compte à l’heure actuelle un nombre sans précédent de personnes fuyant un conflit, l’oppression et la violence dans le monde. Avant le début de la guerre en Ukraine, ce nombre s’élevait à 82,4 millions de personnes à l’échelle mondiale. Nous devons désormais y ajouter les plus de 3,4 millions de personnes qui ont fui l’Ukraine ainsi que les quelque 10 millions de personnes déplacées dans le pays. Selon le même rapport, les conflits en Syrie, au Vénézuéla, en Afghanistan, au Soudan du Sud et au Myanmar contribuent également à faire augmenter le nombre de personnes déracinées à l’heure actuelle.

Par ailleurs, l’invasion de l’Ukraine a fait l’objet d’une couverture médiatique et de réactions très différentes que celles qu’ont provoqué les autres conflits qui font rage actuellement. Nous devons prendre garde à ces préjugés. En effet, force est de constater que les réfugiés ukrainiens sont traités différemment des réfugiés ou migrants arrivant du Moyen-Orient ou d’Afrique par leurs voisins européens. À cet égard, des étudiants africains et indiens qui tentaient de fuir l’Ukraine ont été victimes de racisme.

Comment devrions-nous réagir face à tout cela? Nous pouvons continuer à prendre des décisions qui reposent sur la bienveillance et la gentillesse, et résister aux rhétoriques cherchant à alimenter les divisions et à blâmer « l’autre ». Nous pouvons continuer à appeler nos gouvernements à mettre fin aux restrictions imposées aux réfugiés afin que toute personne en quête de sécurité puisse se mettre à l’abri.

Un autre facteur déterminant pour la paix et la sécurité dépend de l’accès à la nourriture. L’Ukraine et la Russie représentent les deux plus grands pays exportateurs de céréales au monde. La Russie fournit également une grande partie des engrais utilisés dans le monde. Le conflit pourrait donc engendrer des pénuries alimentaires susceptibles d’aggraver le sort des gens et provoquer davantage de conflits. Tout comme la pandémie de COVID-19 a perturbé les chaînes d’approvisionnement, la guerre en Ukraine révèle la fragilité de notre système d’approvisionnement alimentaire actuel ainsi que notre dépendance excessive à l’égard des engrais dérivés des combustibles fossiles. Nos gouvernements doivent protéger le droit à l’alimentation et soutenir les pays fragilisés par la rupture des approvisionnements et la hausse des prix des denrées alimentaires. Cette situation met encore plus en évidence la nécessité de créer une production alimentaire résiliente, locale et écologique.

Chaque jour, nous observons dans des reportages et terribles images de la guerre en Ukraine, les dangers considérables auxquels le peuple ukrainien est exposé. Bien que notre organisation n’ait aucun bureau en Ukraine, elle dispose toutefois de bureaux dans les pays voisins : Pologne, Slovaquie, République tchèque et Roumanie. Elle possède aussi un bureau en Russie. Dans l’ensemble de ces pays, notre personnel et nos bénévoles courageux font tout leur possible pour aider les personnes affectées. Une grande partie des efforts menés dans les pays limitrophes de l’Ukraine se concentrent sur la manière d’aider les organisations humanitaires qui bénéficient d’une grande expérience dans la distribution de secours et dans l’assistance médicale, et sur la manière d’aider les personnes chassées de chez elles à se mettre en sécurité En Russie, la population, les médias et les organisations de la société civile font face à une vaste campagne de répression. Utiliser le mot « guerre » en référence au conflit en Ukraine est désormais puni par la loi. Alors que les médias étaient déjà largement dirigés et contrôlés par l’État russe, aujourd’hui, les quelques rares médias indépendants qui existaient ont cessé leurs activités. En dépit de la situation, des gens en Russie continuent de protester contre l’invasion de l’Ukraine. Des milliers de personnes ont été arrêtées dans différentes villes du pays, et certaines ont été victimes de violences policières.

27 février 2022 Manifestation contre l’invasion russe en Ukraine à Saint-Pétersbourg.

Alors que les tensions ne font que de s’accentuer, davantage de personnes risquent d’être chassées de leur foyer en raison de l’insécurité : que ce soit à cause du conflit en Ukraine, des conflits dans d’autres régions du monde, de l’insécurité alimentaire ou des répercussions croissantes des changements climatiques et des catastrophes naturelles. Nous devons nous préparer à soutenir et à accueillir toutes les personnes qui fuient la guerre, les persécutions, les catastrophes et la pauvreté.

Merci de signer la pétition (en anglais) de Leadnow qui vise à simplifier le processus de demande d’asile de toutes les personnes fuyant la guerre et la persécution.

Vous voulez aller plus loin? Vous pouvez appeler votre député·e ou lui écrire pour vous enquérir des mesures prises pour accélérer la transition vers l’abandon des combustibles fossiles et pour soutenir l’ensemble des personnes réfugiées. Dites-lui à quel point cette question est importante pour vous. Trouvez votre député·e et ses coordonnées ici.

18 mars 2022 – Des militants nordiques de Greenpeace mènent une action contre une expédition de charbon de la Russie vers Kouvola, en Finlande. L’objectif de la manifestation est de rendre visible la façon dont l’Europe continue de financer la guerre de la Russie en Ukraine par le biais des importations de combustibles fossiles. Ils ont écrit «non à la guerre» en russe sur le côté des wagons de train, afin qu’ils puissent être lus lors de leur retour en Russie.