Le 25 décembre dernier, le gouvernement fédéral a publié le très attendu projet de Règlement interdisant les plastiques à usage unique, lançant ainsi une période de consultation publique de 70 jours. L’année dernière, les « articles manufacturés en plastique » ont été ajoutés à la liste des substances toxiques en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, ouvrant ainsi la voie à la réglementation des plastiques à usage unique problématiques et non-essentiels. Malheureusement, la portée de la réglementation est loin d’être à la hauteur de l’urgence de la situation actuelle. Et nous devons absolument faire entendre nos voix lors de la consultation publique afin de contrebalancer le discours de l’industrie. 

Les six « articles manufacturés en plastique » visés par l’interdiction proposée sont les suivants : les bâtonnets à mélanger, les pailles, les anneaux pour emballage de boissons, récipients alimentaires fabriqués à partir de plastiques problématiques ou en contenant, les ustensiles et les sacs d’emplettes. Les manchettes laissent envisager que ces articles, s’ils sont fabriqués en plastique, ne seront plus produits, vendus ou distribués, mais ce n’est pas le cas. Si certains critères sont respectés, les ustensiles, récipients alimentaires et les tasses en plastique pour emporter continueront de faire partie de votre quotidien et d’aboutir dans nos décharges et dans l’environnement.

Le projet de règlement note qu’un article en plastique à usage unique est « problématique sur le plan environnemental » s’il :

  • est répandu dans les environnements naturels ou urbains, selon la science citoyenne, la société civile ou les données sur l’audit des déchets municipaux;
  • est connu pour causer des dommages à l’environnement (par exemple risque d’ingestion ou d’étranglement pour la faune), ou qui est suspecté d’en causer

Il y a bien plus que six articles en plastique à usage unique qui répondent à ces critères et qui devraient être visés par le projet de règlement. Le plastique s’immisce dans nos communautés et dans l’environnement de nombreuses façons, et la seule façon d’interrompre ce flux et de prévenir les dommages potentiels est de s’assurer que la portée des règlements corresponde à l’ampleur du problème, et qu’ils soient mis en œuvre rapidement et de manière rigoureuse. 

Nous avons énuméré ci-dessous cinq idées clés pour que le ministre Guilbeault renforce les règlements avant qu’ils ne soient finalisés. Voici comment vous pouvez contribuer à mettre en branle ce plan d’action avant la fin de la période de consultation publique le 5 mars prochain!

Étape 1 : Rédigez un courriel adressé à Tracey Spack, directrice, Division des affaires réglementaires des plastiques, pour Environnement et Changement climatique Canada, à l’adresse courriel [email protected].

Étape 2 : Expliquez en premier lieu pourquoi vous pensez que l’interdiction des plastiques devrait être améliorée et étoffée dans votre courriel. Voici quelques points clés à mentionner : 

  1. Élargissez la liste des interdictions pour inclure au moins les gobelets et couvercles de boissons chaudes et froides, les bouteilles et bouchons en plastique, les filtres de cigarettes, les emballages en plastique souple (p. ex. emballages alimentaires en plastique multicouches et sacs de fruits congelés), l’utilisation de polystyrène expansé sous toutes ses formes ainsi que l’utilisation de SPFA (ou PFAS), de bisphénols, de substances oxo-dégradables, de phtalates, de PVC et de pigments noirs dans la production de tout article.
  2. Interdisez toutes les alternatives à usage unique. Ne permettez pas qu’un article à usage unique soit troqué contre un autre. Les alternatives en plastique et biosourcées aux articles interdits ne contribuent ni à résoudre notre crise des déchets, ni à promouvoir des systèmes véritablement zéro déchet. Veillez à ce que les définitions des articles interdits s’étendent à tous les types de plastique, et encouragez le passage à des matériaux et systèmes de réutilisation et de recharge plus durables par le biais de celles-ci.
  3. Veillez à ce que l’interdiction s’applique aux exportations. Nous devons réduire la production de plastique dans son ensemble, et arrêter de contribuer à la crise mondiale des déchets et de la pollution.
  4. Mettez en œuvre l’interdiction en 2022. L’interdiction fédérale doit rattraper les interdictions proposées à travers  le pays et entrer en vigueur dès qu’elle sera finalisée.
  5. Encouragez et normalisez les emballages et les systèmes réutilisables. Le règlement ne va pas assez loin pour faire comprendre que les emballages réutilisables, les systèmes de réutilisation et de recharge et les solutions véritablement zéro déchet représentent l’objectif ultime. La hiérarchie zéro déchet ne devrait pas seulement être citée comme référence, mais suivie en priorisant la reconception, la réduction et la réutilisation. Si les entreprises ne sont pas tenues de se tourner vers des solutions de réutilisation et de réduire leur dépendance au plastique et aux combustibles fossiles, les objectifs du Canada en matière de climat, de zéro déchet plastique et de restauration environnementale d’ici 2030 ne se concrétiseront jamais.

Étape 3 : Incluez votre nom, votre code postal, votre ville et votre numéro de téléphone dans votre soumission si possible.

Étape 4 : Partagez ce tweet!

Étape 5 : Partagez ce blogue sur vos réseaux sociaux et taguez le ministre Guilbeault pour encourager d’autres personnes à faire part de leurs commentaires d’ici le 5 mars.

Nous avons tous·tes été témoins des plastiques polluants répandus qui aboutissent dans l’environnement et débordent des poubelles en milieu urbain. La propre évaluation du gouvernement a identifié plus de six articles en plastique à usage unique comme étant problématiques, mais a choisi de se fier au mythe du recyclage et à la rhétorique de l’industrie plutôt que de prendre des mesures vigoureuses. 

Au final, le gouvernement fédéral doit s’engager à atteindre des objectifs globaux de réduction du plastique, des objectifs de réutilisation et une élimination progressive de tous les plastiques non essentiels. Il doit au minimum passer à l’action dès maintenant pour éliminer les types de plastiques les plus polluants et les plus générateurs de déchets ainsi que renforcer les règlements proposés, ce qui nous permettrait de délaisser notre système centré sur l’élimination pour nous diriger vers des systèmes de réutilisation zéro déchet et responsables sur le plan environnemental et social.