Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publie aujourd’hui son dernier rapport. Il donne des informations fondamentales* sur les impacts qu’aura le réchauffement du climat pour les populations, et sur les façons de s’adapter et d’atténuer les menaces, en augmentation. Nous publions ici une synthèse sans appel : jamais l’humanité n’a fait face à une telle menace climatique. L’inaction des gouvernements est ce qui nous scandalise le plus.

1. Les risques climatiques apparaissent plus rapidement et s’aggravent plus tôt que prévu.

Ce nouveau rapport cloue sur place quiconque ose le lire. Même les plus informé·es et conscient·es de l’emballement du climat. Les changements climatiques causent déjà des pertes et des dommages considérables, détruisant des vies, des écosystèmes et nos moyens de subsistance. Cela va empirer. Les scientifiques du GIEC évaluent que ces risques vont intervenir dès un niveau de réchauffement climatique plus bas que précédemment calculé. D’ores et déjà, les effets du dérèglement sur les écosystèmes et leurs conséquences ont devancé les prévisions. 

2. Chaque dixième de degré supplémentaire aggrave la situation, mais limiter le réchauffement à 1,5°C nous fait conserver une chance de nous y adapter.

Si le réchauffement climatique est limité à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, comme fixé par l’accord de Paris, l’humanité et les écosystèmes subiront moins de pertes, mais y seront néanmoins irrémédiablement confrontés. Au-delà de 1,5 °C, tout sera pire, l’adaptation plus difficile, voire impossible pour certaines populations. Les dommages liés aux aléas climatiques sont inégalement répartis et les pays en développement pourraient subir les plus grosses pertes. 

3. Nous sommes entrés dans une décennie critique

Nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre beaucoup plus rapidement, tout en nous préparant au réchauffement que nous ne pouvons plus empêcher. Or pour que la Terre nous protège, nous devons la protéger. Les terres, les eaux douces, les océans doivent faire l’objet d’une préservation efficace à hauteur de 30% minimum : sans cela, la résilience de la biodiversité et des écosystèmes est menacée. L’humanité avec. 

4. Pour réussir, l’adaptation doit s’appuyer sur les droits et les besoins, en anticipant l’ampleur et la nature réelles des changements.

Cela sera essentiel pour un développement résilient aux changements climatiques. Alors que le réchauffement interagit avec d’autres problèmes d’origine humaine tels que la perte de biodiversité, la surexploitation des ressources et les injustices sociales, les solutions doivent également répondre à ces multiples besoins.

5. Nous ne sommes pas préparés

Dans les pays très vulnérables, il y a eu 15 fois plus de morts à cause des inondations, de la sécheresse et des tempêtes au cours de la dernière décennie, par rapport aux pays à très faible vulnérabilité. Que dit ce chiffre ? Les tentatives d’adaptation aux aléas climatiques ont beau se multiplier autour du monde, elles arrivent trop tard et ne protègent pas ceux et celles qui en ont le plus besoin. Des changements systémiques importants, basés sur des projections réalistes de l’avenir, doivent permettre de développer une résilience inclusive et équitable face aux risques climatiques. 

Nous appelons à l’action climatique sans délai

Le rapport du GIEC ne peut être plus clair : le climat s’emballe inexorablement et la souffrance humaine est déjà bien présente et sera immense si rien n’est fait. Nous devons de toute urgence changer de modèle de société. Il nous faut sortir de notre dépendance aux énergies fossiles, moteur du dérèglement climatique, et facteur de déstabilisation géopolitique majeur. Il est également indispensable de se tourner vers une agriculture agro-écologique. Ces changements de paradigmes doivent reposer sur un partage de l’effort efficace et équitable envers les populations les plus modestes et les plus vulnérables.

Ce rapport doit servir d’électrochoc pour les gouvernements

La transition écologique et la lutte climatique sont la seule voie que l’humanité doit retenir. Au Canada et au Québec, les gouvernements auront la lourde tâche de rattraper le temps perdu sur le front climatique : à ce jour, ils ne respectent pas l’accord de Paris sur le climat. Face à une menace climatique inouïe, l’inaction de la classe politique est inacceptable.

L’augmentation des risques que prévoit ce rapport donne froid dans le dos alors que les changements climatiques causent déjà d’importants dommages aux communautés et aux écosystèmes, et que le Canada et le Québec ne sont pas à l’abri comme l’ont démontré les récentes canicules meurtrières, feux de forêt et inondations. Ce rapport doit servir d’électrochoc pour tous les gouvernements qui doivent mettre en œuvre des changements systémiques sans précédent. Ils doivent assurer une élimination rapide de l’usage des combustibles fossiles et proposer une action climatique beaucoup plus ambitieuse et respectueuse des exigences de la science.

Nos équipes sont mobilisées à 100% sur les menaces qui pèsent sur l’environnement, et s’affairent notamment à ce que l’urgence climatique soit enfin prise au sérieux par les gouvernements. Votre soutien est déterminant et le sera encore plus pour la suite.

*Principaux points à retenir du rapport du Groupe de travail II [En anglais seulement]