Quand je pense à la Journée internationale du droit des femmes, je ne peux m’empêcher de penser à l’exploitation de notre mère la Terre et à toutes les femmes qui souffrent directement et indirectement aux mains des industries de combustibles fossiles, intrinsèquement misogynes.

Comme l’avance la politologue Cara Daggett, «alors que la planète se réchauffe, de nouveaux mouvements autoritaires en Occident adoptent une combinaison toxique de déni climatique, de racisme et de misogynie». Son article de 2018, qui vaut vraiment la peine d’être lu soit dit en passant, explore le concept de la pétro-masculinité, en examinant «la règle historique des systèmes de combustibles fossiles pour renforcer la règle patriarcale blanche», et le lien entre la production de combustibles fossiles, l’identité masculine et le risque qu’elle représente pour les politiques énergétiques post-carbone.

Beaucoup avant elle ont établi des parallèles entre l’oppression de la nature et l’oppression des femmes, et tenté d’expliquer comment l’extraction de combustibles fossiles fonctionne comme une pratique violente en réaction aux problèmes de genre et de climat. L’extraction de combustibles fossiles est l’un des nombreux moyens évidents par lesquels nous punissons la terre en forant, creusant, fracturant, extrayant, enlevant, consommant et exploitant.

Last Chance Alliance activists hold a rally outside Governor Newsom’s State of the State address to highlight the environmental and public health threats posed by California’s oil industry. Activists and community members living on the frontlines of oil production held banners and chanted their demands to underscore the urgency of the climate crisis. The Alliance is comprised of more than 700 environmental, health, justice, faith, labor, community, parent, and consumer organizations.

Non seulement la terre est exploitée par l’industrie des combustibles fossiles, mais les femmes qui se trouvent à proximité sont également mises en danger. Le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a mis en évidence le grave problème de la relation entre les projets d’extraction et la violence à l’égard des femmes autochtones. Le rapport suggère même qu’avant de mettre en œuvre des projets de développement de ressources, il convient d’évaluer les risques qu’ils présentent pour les femmes et les filles autochtones ainsi que les 2ELGBTQQIA. De nombreuses femmes, filles et 2ELGBTQQIA ont décrit leurs expériences douloureuses et troublantes en lien avec ce qui est appelé les «camps d’hommes«, des camps qui accueillent principalement des travailleurs masculins qui arrivent de partout au pays, et même de partout dans le monde, pour travailler. La réalité crue est que ces camps de travail les rendent vulnérables aux agressions et au harcèlement sexuels. La menace est grande pour ces femmes avec l’expansion de projets comme celui de Trans Mountain et d’autres projets à proximité des communautés autochtones. 

Malgré les voix qui s’élèvent contre la violence dont elles sont victimes et les rapports nationaux commandés, les dirigeants politiques masculins du Canada continuent de nier les effets sexospécifiques de l’industrie.

Mais soyons honnêtes, comment pouvons-nous attendre de l’industrie des combustibles fossiles qu’elle traite les femmes avec dignité alors qu’elle est si intrinsèquement masculine? Et comment espérons-nous passer à un monde post-carbone alors que l’extraction des combustibles fossiles est si profondément ancrée dans son identité patriarcale?

Les hommes, les hommes blancs en particulier, profitent de cette exploitation et considèrent les femmes et les BIPOC comme une menace envers leur pouvoir et leur contrôle. Une étude de 2014 a révélé que le déni climatique est «entrelacé avec une masculinité de la modernité industrielle qui est en déclin», tandis qu’une étude de 2011 dans le Global Environmental Change (et rapporté par Mother Jones) a constaté que les hommes blancs étaient surreprésentés parmi les personnes qui nient la réalité des changements climatiques. 

Les femmes se battent pour leur vie sur tous les fronts. D’une part, elles luttent contre les menaces physiques réelles que l’industrie des combustibles fossiles fait peser sur leur corps et leur esprit et, d’autre part, les femmes sont touchées de manière disproportionnée par les changements climatiques et ont la responsabilité d’en atténuer les effets et de s’y adapter. Comme si ce n’était pas assez, elles se battent également pour sauver la planète et lutter contre le changement climatique. C’est pourquoi souvent la défense de nos droits et la protection de notre environnement semble être considéré par plusieurs comme un travail “de femme”, faisant appel à des attributs dits “féminins” se tranduisant par le fait même par une résistance de nos homologues masculins (et, ne devons le mentionner, par des femmes complices qui soutiennent les structures de pouvoir patriarcales).

Alors que nous cherchons des réponses à ces questions fondamentales, je dois admettre que si je peux parfois me sentir plus défaitiste qu’inspirée, il est difficile d’ignorer les voix de femmes étonnantes, de partout dans le monde, qui choisissent de lutter de front contre la misogynie et le déni climatique, comme Alexandra Ocasio-Cortez, Autumn Peltier, Greta Thunberg, Vanessa Nakate, Disha Ravi et Jacinda Ardens pour ne nommer que celles-là. Nous devons reconnaître à quel point notre lutte contre les changements climatiques et pour des idées comme le Green New Deal sont réellement liées à la lutte pour les droits des femmes et continuer à démanteler les structures de pouvoir patriarcales. 

Comme le dit le vieil adage, si ce n’est maintenant, quand ? Si ce n’est pas nous, qui ? 

Ce doit être nous et ce doit être maintenant.

Priyanka

Qui suis je ? Je pense que le droit peut être un outil puissant dans la lutte pour la justice climatique si les communautés sont au centre de celle-ci. Je suis d’avis que le but n’est pas que les femmes prennent simplement le pouvoir aux hommes puisque cela ne changerait rien au monde, mais de détruire complètement la notion du pouvoir.