Pour contrer la désinformation de l’industrie du plastique entourant l’usage du réutilisable durant la Covid, Greenpeace USA lance un nouveau rapport, Reusables are doable, pour mettre en évidence les solutions zéro déchet qui ont fait leur preuve durant la pandémie, et ce, en toute sécurité. Ce rapport liste des solutions zéro déchet qui ont continué d’opérer ces derniers mois ou ont été mises en place dans le monde entier pour assurer la distanciation physique, incluant des systèmes de distribution sans contact. Petit tour d’horizon.

Les solutions qui ont le vent en poupe

On le dit souvent, pour contrer la pollution plastique et la crise des déchets, les solutions existent. Contenants réutilisables et rechargeables, modèles axés sur la consigne, certaines de ces solutions ont même connu un fort engouement ces derniers mois.

Loop est peut-être l’une des initiatives les plus connues, surtout au sud de la frontière. La compagnie spécialisées dans l’épicerie en ligne propose à sa clientèle des produits de marques bien connues livrés dans des contenants et emballages réutilisables et consignés. Ces emballages sont ensuite retournés, nettoyés et remis dans le circuit. D’abord présente aux États-Unis, Loop se développe maintenant sur les marchés mondiaux et travaille avec de grandes marques comme Cascade, Tide, Pantène, Tropicana ou encore Häagen Daz. Répondant aux directives de la FDA, la compagnie applique de haut standards d’assainissement qui garantissent la sécurité de ses systèmes de réutilisation en boucle fermée.

Preuve du succès de ce concept d’épicerie en ligne zéro déchet, d’autres entreprises surfent maintenant sur le même créneau comme The Wally Shop, qui a récemment étendu ses opérations à l’échelle nationale, et Zero qui offre également la livraison de produits d’épicerie dans des contenants réutilisables. En version “vrac”, l’entreprise chilienne Algramo s’est spécialisé dans les distributeurs automatiques et un service de livraison dans des contenants réutilisables par véhicule électrique qui permet à la clientèle de ne payer que la quantité de produit dont elle a besoin. Aux États-Unis, Ecopod propose un format de recharge similaire pour les produits de soins personnels et de nettoyage.

Wendi Wu / Greenpeace

Du côté de la vente à emporter, nos voisins du Sud peuvent aussi compter sur CupClub, un service de tasses réutilisables et consignées à l’image de La Tasse au Québec. Mais le modèle existe également pour les repas à emporter. C’est ce que propose Dispatch Goods qui entretient des partenariats avec des restaurants locaux. Le concept est simple et pratique : vous commandez votre repas, vous le faites livrer, et une fois terminé, le contenant est collecté à votre porte par l’entreprise.

Et en temps de Covid, ça donne quoi? 

Les impératifs sanitaires dus à la COVID-19 ont conduit les entreprises à s’adapter, particulièrement dans le secteur de la restauration. Certaines entreprises ont préféré opter pour des emballages jetables, alimentant ainsi la crise de pollution plastique déjà en cours, plutôt que de se tourner vers les emballages réutilisables jugés moins sécuritaires. Mais ce préjugé ne tient pas la route. Dans une lettre ouverte parue au mois de juin, 130 expert·es de la santé ont rappelé qu’en respectant les mesures d’hygiène de base, les emballages réutilisables peuvent être utilisés en toute sécurité durant la pandémie, soulignant également que le plastique jetable n’est pas intrinsèquement plus sûr que le réutilisable. 

Dans un monde déjà aux prises avec une crise de pollution plastique, ce rappel a été largement salué. D’autant plus qu’il est possible de privilégier le réutilisable en toute sécurité en mettant en pratique un système « sans contact ». Au Royaume-Uni, l’organisme City to Sea s’est attelé dès le mois d’avril à fournir des conseils aux entreprises pour privilégier le réutilisable et le café sans contact tout en protégeant la santé des travailleurs, des travailleuses et de la clientèle ; en Australie, Plastic Free Places fournit des directives pour les contenants et sacs à emporter réutilisables ; et en Nouvelle-Zélande, la campagne Takeaway Throwaways offre des exemples de systèmes sans contact et de commerces faisant la part belle au réutilisable. 

Du côté des grandes chaînes de café, Starbucks vient récemment d’annoncer le retour des tasses réutilisables dans ses cafés et la mise en place d’un système de café sans contact, mais uniquement en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. (?!) Rien de nouveau en revanche du côté du Canada ou des États-Unis où depuis le mois de mars la tasse réutilisable est persona non grata. Mais il n’est pas trop tard pour faire entendre raison à la compagnie :

La révolution du réutilisable est synonyme de justice environnementale

L’indignation ne cesse de croître au sujet des dangers du plastique et de ses conséquences sur l’environnement et la santé, ce qui n’empêche pas de grandes compagnies pétrolières, anticipant la baisse de la demande en combustible fossile, d’investir des milliards de dollars dans l’industrie du plastique et le développement de nouveaux complexes pétrochimiques pour assurer leur avenir. Alors que la production de plastique ne cesse de croître, d’alimenter la crise climatique et d’impacter particulièrement les communautés à faible revenu et les communautés racisées qui vivent près des sites de production et d’élimination aux États-Unis et partout dans le monde, il est primordial pour les gouvernements et les entreprises de traiter le problème à la mesure des maux qu’il génère et de s’éloigner le plus possible de la culture du jetable tout en renforçant les économies locales.



© Nandakumar S. Haridas / Greenpeace

Les innovations liées à la tendance du zéro déchet se développent et représentent une très bonne opportunité de travailler ensemble pour solutionner cette crise environnementale sans précédent en investissant dans des technologies et des systèmes de fabrication, de distribution et de livraison innovants axés sur le réutilisable qui soient créateurs d’emplois durables, utiles aux communautés et bon pour la planète. Bien sûr, pour transformer les systèmes existants, il va nous falloir user d’imagination et accepter le changement afin d’éviter un retour à l’anormal. Si 2020 nous a appris une chose, c’est que face à des défis d’ampleur, des changements marqués sont possibles et sont même inévitables.

Prenez deux minutes aujourd’hui pour interpeller Starbucks sur la nécessité de s’éloigner de la culture du jetable et de créer un précédent afin que d’autres grandes compagnies investissent elles aussi dans les solutions réutilisables qui soient sécuritaires pour les gens et la planète!


Tous les exemples fournis dans ce blogue ont pour but d’illustrer le type de changements nécessaires dans le commerce de détail, la restauration et les biens de consommation courante dans le monde entier. Greenpeace ne cautionne aucun des produits, marques ou entreprises cités dans ce blog.