Notre économie a sans doute souffert de la pandémie du COVID-19, mais certains parmi nous ont profité financièrement de cette crise. 

Un mois de confinement dû à la pandémie et 5,5 millions de canadien-nes ont soit perdu leur travail ou vu leurs heures réduites de plus de la moitié. Pendant que plusieurs ont des difficultés à payer leurs factures, les propriétaires des plus grosses épiceries ont amassé des millions de profits. Aussi quand les principaux supermarchés ont décidé alors de réduire l’augmentation de salaire de 2$/h (appelée paye des héros ou prime pandémique) aux travailleurs de première ligne, cela a fait tiquer plus d’un!

Suite à l’indignation générale du public, les dirigeants de Loblaw Companies Ltd, Metro Inc, et Empire Company Ltd ont été convoqués aujourd’hui devant le comité des parlementaires pour expliquer les coupures de salaire apparemment coordonnées. Comme le dit le député libéral Nate-Erskine Smith, qui a déposé la motion de ces audiences : « Pour voir des bénéfices records et les dirigeants d’épiceries réduire les rémunérations en pleine pandémie, cela ne semble pas juste ».

Contactez votre député et dites lui que vous êtes pour l’impôt sur les grandes fortunes et un salaire permettant de vivre pour les employé-es.

De nombreux employés et leurs syndicats ont souffert de cette décision, qui a été injustifiée. Une lettre d’un employé d’une épicerie de Kingston, Ontario, le dit le mieux quand il déclare : je reçois le salaire minimum et la plupart de mes revenus servent à payer le loyer. (…) Nous ne voulons pas être étiquetés comme « héros ». Tout ce dont nous avons besoin c’est d’un meilleur salaire – tout le temps. Nous avons besoin d’une certaine protection contre l’exposition au travail et les travailleurs essentiels méritent aussi une vie meilleure ».

Ces géants de l’épicerie justifient cette décision en disant que les choses sont maintenant normalisées. Mais si les entreprises rouvrent leurs portes, la pandémie n’est pas terminée. En fait, cette pandémie a mis à jour les injustices existantes depuis longtemps et a entraîné une plus grande prise de conscience des inégalités de revenus et des risques pour la santé des travailleurs du commerce de détail.

Greenpeace pousse depuis longtemps les détaillants d’épiceries comme Loblaw, Sobeys, Métro et Save-on-Foods à prendre la responsabilité de l’impact environnemental de ce qui se trouve sur leurs étagères, de s’assurer qu’ils entreposent des fruits-de-mer pêchés de façon durable, de résoudre leur problème d’emballage en plastique, à la réduction de gaspillage alimentaire. Soyons solidaires avec les travailleurs de première ligne pour nous assurer que les épiceries, leurs investisseurs et tous les propriétaires milliardaires réparent leur façon de faire et assument aussi la responsabilité du bien-être de ceux qui remplissent leurs étagères.

Pour en savoir plus, continuez la lecture.

Réduction de salaire pour les travailleurs, paiement aux investisseurs

Voici la petite histoire  sur les épiceries canadiennes et leurs propriétaires qui ont réduit la rémunération pandémique des travailleurs de première ligne dans leurs magasins… alors même que leurs bénéfices générés par la pandémie continuent de rouler. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, les grands propriétaires de supermarchés ont récolté plus de 700 millions de dollars de revenus et annoncé des dividendes aux actionnaires dès le début de 2020.

ABCD
Chaînes d’épiceriesLoblaw, Maxi, No Frills, Real Canadian Superstore Sobeys, Safeway, FreshCo, IGA, Foodland,Farm BoyThrifty Foods, Rachelle BéryMétro, Métro Plus, Super C, et Food BasicsSave on Foods,Quality Foods, Buy-Low-Foods, Choices Market 
Maison MèreLoblaw Companies LtdEmpire Co.Metro Inc.Jim Pattison Group
Coupure pandémique des salaires des travailleurs2$/hre de complément chez Hero Pay finissant le 13 juin avec un bonus égal à 2semaines chezHero Pay2$/hre de complément chez Hero Pay finissant le 13 juin avec un bonus égal à 2semaines chezHero Pay2$/hre de complément chez Hero Pay se terminant le 13 juin et offrira un bonus de 200$ pour le personnel à plein temps et 100$ pour le personnel  à mi-temps2$/hre de complément  pandémique chez Save-On-Food jusqu’au 30 mai (remplacé par un choix de 10% de remise en magasin ou 30x points de fidélité sur les achats en magasin) 
Revenu net ajusté pendant le COVID-19352M$ pour le trimestre finissant le 21 mars 2020 (hausse de 21,4% par rapport au même trimestre de 2019) L’impact de COVID-19 sur les ventes au détail est estimé à 751M$181,2M$ au trimestre se terminant le 2 mai 2020 (hausse de 43.2% par rapport au même trimestre de 2019) COVID-19  a influencé le saut des ventes de 37% pendant 4 semaines débutant le 8 mars182,8M$ au trimestre, se terminant le 14 mars 2020 (hausse de 17.9% par rapport au même trimestre de 2019) L’augmentation des ventes due à la pandémie du COVID-19 est estimée à 125 millions de dollarsNon accessible au public
Dividendes aux investisseurs annoncés pendant  COVID-19 ?Oui, payable les 30 juin/1er juilletOui, payable le 31 juillet (a aussi annoncé un dividende annuel par action augmenté de 8,3% à 0,52$)Oui, a déclaré un dividende trimestriel de 0,225$ par action le 21 avril 2020 (augmentation de 12,5% par rapport au même trimestre 2019)Non accessible au public

Les milliardaires derrière certaines des marques

Galen Weston

Galen Weston est le président émérite de George Weston Limited, (son fils est le président exécutif de la société et PDG), qui détient Loblaw Companies Limited, qui a son tour possède un bon nombre d’épiceries ainsi que la plus grande pharmacie au Canada, Shoppers DrugMart/Pharmaprix. Les Westons comptent parmi les personnes les plus riches du Canada. Alors que l’entreprise a exprimé sa conviction d’un « salaire minimum progressif » et soutiendrait « tout effort mené par le gouvernement pour établir un salaire décent », la preuve est évidente, et cela semble essayer de vendre le concept, après tout rien ne les empêche de verser aux salariés un salaire décent. (Et n’oublions pas: en 2017, l’entreprise s’est plainte auprès des actionnaires sur les risques financiers liés à l’augmentation du salaire minimum qui a porté des accusations d’essayer de saboter politiquement une telle augmentation)

Chaînes d’épiceries possédéesValeur nette au 8 juillet 2020
Bloomberg Billionaire Index
Croissance de la valeur nette
Pendant COVID-19
12 mars  – 8  juillet 2020*
Loblaw, No Frills, Maxi, Provigo, Real Canadian Super Store et + 8.02G$ US 790M$ US

* Le 12 mars est le jour après que L’OMS ait déclaré une pandémie

Jim Pattison

On dit que Jim Pattison serait le sixième homme le plus riche du Canada. Il est le PDG et le propriétaire du conglomérat privé Jim Pattison Group à qui appartient Save-on-Foods ainsi que d’autres chaînes de supermarchés de l’ouest canadien. Il détient également des parts dans les ressources naturelles, de la foresterie (Cantor et West Fraser Timber) aux mines de diamants (Canterra Minerals) et aux combustibles fossiles comme le gaz naturel (avec quelques compensations carbone) ainsi qu’au charbon (Westshore Terminals) – Malgré le fait que Pattison dise seulement l’année dernière qu’il est « un partisan d’essayer de faire tout ce qui est possible pour l’environnement ».

Depuis la pandémie de mars 2020, sa fortune de multi-milliardaire a augmentée d’environ 1,08 milliards, mais cela ne l’a pas empêché de proclamer qu’il n’a rien à dire dans les réductions de salaire, dues à la pandémie, pour les travailleurs de première ligne dans sa chaîne d’épicerie Save-on-Foods.

Chaînes d’épiceries possédéesValeur nette au 8 juillet 2020
Bloomberg Billionaire Index
Croissance de la valeur nette
Pendant COVID-19
12 mars  – 8  juillet 2020
Save on Foods, Quality Foods, Buy-Low Foods, Choices Markets5.54G$ US1.08G$ US

Weston et Pattison ne sont pas les seuls. D’autres parmi l’élite riche du Canada ont aussi des intérêts dans le domaine des épiceries, comme la famille Sobeys, dont certains membres siègent au comité d’administration de Empire CO (et sont propriétaires de Sobeys, Safe-Ways, FreshCo, IGA et Rachelle Béry). En 2018, leur richesse était évaluée à 2,88 milliards.

Sobeys avec Loblaws, Metro et d’autres détaillants sont accusés également de collusion , fixant prétenduement le prix du pain pendant 14 ans, et ce depuis 2001 – violant ainsi les lois canadiennes sur la concurrence en augmentant le prix du pain – un aliment de base pour de nombreuses personnes. Avec un tel antécédent il est compréhensible que le député Ernskine-Smith dit qu’il « aimerait s’assurer d’aucune collusion qui pourrait réduire le salaire des travailleurs essentiels en pleine pandémie ».

Solutions pour les peuples et la planète? Un impôt sur la fortune pour les milliardaires; un salaire décent pour les employés

Nous savons déjà que les inégalités sont importantes quand on parle d’environnement. Les plus grands pollueurs ont tendance à être les plus riches. Alors que les changements climatiques devraient faire grimper considérablement les prix des denrées alimentaires, ce sont les plus pauvres qui seront frapper le plus durement. Pour résoudre les crises climatiques et de biodiversité de notre planète, nous avons besoin de changer les règles du système qui ont permis aux élites riches de donner la priorité aux profits au détriment des relations que nous entretenons entre nous et avec la nature.

Personne de devrait être autorisé à amasser injustement richesses et influence aux dépends des clients, des travailleurs ou de la planète dont nous dépendons – mais si nous n’agissons pas maintenant, c’est exactement ce qui va continuer de se produire. Un nouveau rapport publié le mois dernier par le gouvernement fédéral montre que la concentration de la richesse au Canada est pire que ce que nous pensions : 1% des familles les plus riches possèdent un quart de la richesse de ce pays. Pendant ce temps la classe moyenne possède un autre quart et les 40% des plus pauvres possèdent un maigre 1,2%.

Notre système économique est profondément brisé. Le fait que la COVID-19 l’ai exposé si impitoyablement, cela nous donne une chance de recommencer à zéro. C’est pourquoi Greenpeace plaide pour un changement des systèmes : veillant à ce que les plans du gouvernement Trudeau pour la relance économique post-pandémique (attendue cet automne), visent à résoudre les problèmes d’inégalité, d’injustice et de crise environnementale à la racine.

Un impôt sur la fortune pour les couches les plus riches de la société est une politique que nous soutenons pour rétablir l’équilibre de notre société. Une étude publiée la semaine dernière a révélé par exemple, qu’une telle taxe pourrait générer 5,6 milliards de dollars en fonds publiques ce qui pourrait soutenir les ménages à faible revenu. Nous devons aussi nous assurer que les employés essentiels des épiceries et des détaillants ne reviennent pas à la normale parce que la normale n’était pas suffisante. Ils méritent un salaire décent, comme souligné par la campagne syndicale d’Unifor « Salaire Équitable pour Toujours ».

Dites à votre député-e que vous souhaitez un impôt sur la fortune et une relance juste et verte