Depuis quelques semaines, des sympathisant·es se demandent pourquoi nous avons pris la parole et avons soutenu le mouvement Black Lives Matter (#BLM),  et en quoi leur cause rejoint notre mission de protéger l’environnement et de lutter contre les changements climatiques. La réponse est simple: on ne peut pas tendre vers une véritable justice climatique sans justice sociale, justice économique et justice environnementale. L’une des causes profondes de ces inégalités est le racisme systémique. Et le racisme environnemental est également un symptôme du racisme systémique. Nous devons soutenir les droits des peuples autochtones, nous devons oeuvrer pour une véritable réconciliation et nous devons être solidaires des travailleu.ses essentiel·es, précaires et les  travailleu.ses  migrant·es. Et pour ce faire, nous devons relier toutes ces luttes, faute de quoi une relance juste et verte restera inaccessible et nous ne pourrons respecter la portion “paix” qui constitue la moitié de notre notre nom GreenPEACE.  Alors à travers ce blogue nous allons vous dire pourquoi Greenpeace prend part à la conversation sur le racisme ?

Pourquoi soutenir #BLM et pas  #Alllivesmatter ?

Bien sûr, chaque vie compte. La question ne se pose pas. Lorsque nous choisissons de soutenir »Black Lives Matter», ça ne veut pas dire que les autres vies sont moins importantes ou que nous ne les soutenons pas. Par contre, ce mot-clique et son utilisation expriment un message clair: nous reconnaissons que les adultes et les jeunes Noirs sont affectés de manière disproportionnée par le racisme systémique. Ça veut dire que la probabilité qu’ils soient arrêtés, ciblés (par le profilage) et tués par la police est plus élevée. Cet épisode de notre histoire nous rappelle que les communautés autochtones, noires et les minorités visibles sont victimes de discrimination au Canada aussi. Voilà pourquoi selon nous, ne rien dire, c’est devenir complice de cette injustice. C’est pourquoi nous prenons prenons la parole et disons «Black Lives Matter». Nous sommes solidaires de nos alliés qui font partie du mouvement “Black Lives Matter”, qui exigent la fin des meurtres insensés et illégaux de personnes noires, l’application de sanctions sur les corps policiers responsables de morts et d’autres formes de violence cautionnées par l’État. »Black Lives Matter» signifie que toute personne noire qu’elle soit aux États-Unis ou ailleurs a le droit de vivre sans la peur au ventre d’être violentée à tout moment. Malheureusement, dans les semaines qui ont suivi la mort tragique de George Floyd et la vague de protestation qui a suivi, nous continuons d’être témoins de décès aux mains de la police – qui auraient dû et pu être évités –  de personnes autochtones, noires et de couleur au Canada et aux États-Unis. 

Mais n’excluez-vous pas ainsi les personnes blanches qui soutiennent #BLM ?

Le thème de #reverseracism (racisme inversé ou racisme anti-blanc) est devenu “tendance” pour défendre  les personnes blanches. Mais à nouveau, démystifions ce qui sous-tend ce concept. La justice raciale c’est avant tout se rendre compte, donc une prise de conscience, puis contester les dynamiques de pouvoir inégalitaires qui mènent à l’ostracisation ou la discrimination d’un groupe ethnique. Il s’agit donc de reconnaître qu’il y a un système qui privilégie les uns aux dépens des autres et de verbaliser cette injustice. Pourquoi ? Parce qu’en fait le racisme s’exerce à la fois au niveau individuel, mais aussi de manière systémique. Par exemple, des siècles d’oppression aux États-Unis on fait que la population noire a été touchée de manière disproportionnée par les conséquences de la violence historique et des structures de pouvoir actuelles qui sont construites sur ces mêmes principes de racisme et de violence. Et si cela n’était le cas qu’aux États-Unis, il n’y aurait pas eu toutes ces manifestations à l’échelle de la planète, ainsi qu’ici chez nous au Canada. Clairement, nommer le racisme n’est pas du racisme inversé. C’est une idée fausse bien trop généralisée. Cette vidéo l’explique bien.

Pourquoi soutenez-vous le définancement de la police (#Defundthepolice) proclamé par d’autres groupes civils ?
D’abord, parce que nous soutenons et suivons la direction du mouvement BLM. Ensuite, parce que la brutalité policière est aussi une réalité bien propre à nous au Canada. Les communautés autochtones, noires et de couleur courent un plus grand risque d’être violentées. En plus, des experts ont démontré que le recours aux interventions policières n’est pas le moyen le plus efficace de maintenir l’ordre dans des situations délicates. Lorsque la peur ou le pouvoir prend le dessus, les policiers peuvent recourir aux armes à feu face à des personnes non armées, ce qui, comme nous l’avons vu à maintes reprises, peut être fatal. C’est pourquoi moins financer les corps policiers pour mieux financer les programmes sociaux de santé mentale ou de développement communautaire est très important.

En quoi est-ce lié à notre travail pour une relance juste ?

En plus de définancer la police et d’investir dans des programmes communautaires, rendre les transports publics gratuits est l’une des trois politiques antiracistes importantes qui doivent faire partie des plans de relance économique COVID-19.  Pourquoi ?  Vous pouvez en apprendre plus à ce sujet ici. Ce qui motive notre raison d’être chez Greenpeace c’est de changer les systèmes en place qui détruisent l’environnement et font peser un fardeau disproportionné sur les communautés. Nous ne pourrons #mieuxreconstruire ni travailler vers une #RelanceJuste et verte tant et aussi longtemps que les communautés marginalisées, souvent les communautés de couleur, souffrent. Voilà pourquoi le travail de Greenpeace est profondément lié et dépendant du succès des groupes de travail qui poussent pour une meilleure justice raciale, sociale et égalitaire des genres. Les crises sanitaires et économiques actuelles ont dévoilé les inégalités sociales et raciales que notre système couve. Les conseils provenant des communautés marginalisées doivent être entendus pour concevoir un plan de relance qui réponde à leurs besoins et réduise les inégalités sociales systémiques. C’est d’ailleurs l’une des recommandations que nous avons officiellement faites aux décideurs politiques au niveau fédéral.

Pouvez-vous me démontrer comment la justice raciale et environnementale sont connectées ?

D’une part, le 21 Juin, nous avons souligné la Journée nationale des peuples autochtones au Canada. Il suffit de peu de choses pour se souvenir et réaliser que jusqu’à ce jour, les communautés autochtones sont parmi les plus vulnérables en matière de santé, d’économie et de prospérité. Nous avons eu la chance de recevoir ce blogue co-écrit par Carole Brazeau, arrière grand-mère Anishnabe, et de sa fille Jennifer, grand-mère elle-même, qui nous illustrent savamment comment elles subissent encore aujourd’hui le racisme systémique dans leur vie de tous les jours et comment ce racisme a un effet sur leur avenir. Finalement, on saisit en quoi le système colonialiste et capitaliste en place alimente le racisme systémique et le changement climatique dont elles font les frais aussi en tant qu’autochtones.D’autre part, la vision de Greenpeace recoupe celle de la #BLM. Elles sont interconnectées dans la mesure où les deux mouvements oeuvrent pour une planète plus paisible, juste et plus écologique et tout cela ne peut être accompli sans une base de justice sociale. La vision de #BLM touche autant au désinvestissement des énergies fossiles qu’à l’assainissement des eaux, l’accès à une eau potable et une qualité d’air respirable. Notre collègue de Greenpeace US a pris le temps d’expliquer en trois temps comment justice raciale et environnementale se chevauchent dans ce blogue.

Alors le racisme détruit l’environnement?

Oui, c’est le cas, et nous le combattons non seulement pour cette raison, mais aussi parce qu’il détruit des vies humaines. Il nous faut admettre que les injustices raciales sont profondément enracinées dans la société canadienne. Voilà pourquoi Greenpeace lève la voix contre le racisme et la brutalité policière qui vise les Noirs, les autochtones et les minorités visibles. C’est inhumain et ça suffit. Trop, c’est trop.

Le racisme systémique ne détruit pas que l’environnement. Il détruit des vies.