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Ces derniers temps, nous entendons parler partout de changement systémique…

Des mouvements jeunesse pour le climat, qui appellent à une transition de notre économie basée sur les combustibles fossiles vers les énergies propres; aux sympathisant·es du mouvement Black Lives Matter, qui appellent à mettre fin au racisme systémique et à définancer la police; en passant par les travailleuses et travailleurs migrant·es exploité.es qui réclament des conditions d’emploi vivables.

…mais qu’est ce que cela signifie en fait?

En gros, le changement de système vise à modifier l’organisation, les modèles, les structures, les règles ou même l’objectif d’un système. Il faut être conscient·es que les systèmes, comme notre économie, sont conçus pour accomplir quelque chose.

Alors que fait notre système économique? Il gère les ressources, les biens et les services de manière à concentrer la richesse et le pouvoir entre les mains de quelques privilégié·es. La mentalité du «profit à tout prix» qui sous-tend ce système a permis aux grandes entreprises de détruire la nature et de mettre en danger notre climat, au nom de la rentabilité. Le système économique en place leur a également permis de s’en tirer sans payer aux travailleuses et travailleurs un salaire décent. Il leur a permis d’utiliser leur pouvoir et de faire pression sur les gouvernements afin qu’ils prennent des décisions qui leur rapportent de l’argent au lieu de lutter contre le racisme ou de mettre fin aux inégalités. 

Mais les choses sont en train de changer.

Des gens de tous les horizons se réunissent. Comme l’a écrit mon collègue Lagi de Greenpeace Afrique, la Covid-19 «est un signal d’alarme qui a ébranlé tous les piliers de notre société, y compris notre mode de vie, comme jamais je ne l’ai expérimenté auparavant» [traduction libre]. Cette pandémie a véritablement mis à nu et exposé les failles de notre système défaillant… et nous avons maintenant la possibilité de tout réimaginer. Un nouveau départ. Reconstruire en mieux. Reconstruire ensemble.

Les problèmes systémiques ne peuvent pas être réglés en se débarrassant simplement des quelques mauvaises pommes dans le panier. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés — changements climatiques, inégalités, racisme — sont profonds et complexes. Nous devons reprogrammer les règles, l’organisation et les valeurs du système, parce que faire les choses de la même façon à répétition et espérer des résultats différents, c’est de la folie, comme le disait Einstein. Il faut arriver à de nouveaux, mais surtout, de meilleurs résultats. 

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Pourquoi Greenpeace défend un changement systémique maintenant?

Chez Greenpeace, nous croyons au pouvoir des gens qui savent évoluer et changer leurs mentalités, et à la remise en question des structures de pouvoir qui prévalent dans la société. Nos détracteurs nous critiquent souvent en disant que ces grands systèmes tiennent tout ensemble — que cette normalité est souhaitable et impossible à changer. Mais aujourd’hui, nous assistons à l’effondrement soudain de ces systèmes.

Pour nous assurer que notre planète ne devienne pas une victime collatérale de la COVID-19, nous devons nous assurer que les plans de relance économique à long terme du gouvernement fédéral donnent un nouveau départ vers une meilleure “normalité”. Cela signifie qu’il faut s’attaquer aux causes profondes qui nous ont rendues vulnérables aux crises comme les pandémies et les changements climatiques.

Comment une relance verte et juste post Covid-19 peut créer un changement systémique

Alors que la pandémie se développait, le Premier ministre Trudeau lui-même a posé la question: « Nous devrions toujours profiter des moments de crise pour réfléchir: Pouvons-nous changer le système pour faire mieux ? ».

Oui, nous le pouvons. Vous trouverez ci-dessous quelques pistes de solutions qui pourraient déclencher un changement de système et ouvrir la voie à une société saine, équitable, durable et pacifique… si le Premier Ministre Trudeau a le courage de les mettre en pratique, évidemment.

Investir dans les énergies vertes et les logements verts et abordables:

Le gouvernement fédéral devrait réécrire les règles qui permettent actuellement de polluer avec pas ou peu de conséquences, il devrait investir dans la reconstruction de nos villes afin que nos systèmes de transport et nos logements soient zéro carbone (pour en savoir plus, voir cet article du Hill Times). Les politiques cohérentes dans ce domaine comprennent :

  • Le développement des infrastructures en transports publics gratuits et électrifiés.
  • Passer à 100 % d’énergies renouvelables en investissant dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la satisfaction de la nouvelle demande d’électricité (comme pour le e-transit) avec des sources d’énergie zéro carbone.
  • La constructions et la rénovation de logements sociaux verts et abordables partout au Canada, et plus particulièrement dans les communautés autochtones, Métis et Inuits et dans les communautés à faible revenu.

Se concentrer sur la justice socio-économique et sur les “infrastructures sociales” 

Cela commence par respecter les droits des communautés à faible revenus ou racialisées, un point sur lequel notre système économique actuel échoue, notamment en favorisant les communautés blanches et riches. Les choix politiques pour y remédier sont notamment les suivants:

  • Instaurer un salaire décent, un revenu de base universel et un impôt sur la fortune pour les personnes et les entreprises les plus riches au Canada.
  • Soutenir les recommandations du mouvement Black Lives Matter et du mouvement des travailleuses et travailleurs migrant·es #StatusForAll, incluant la mise en place de filets de sécurité sociale et de santé adéquats.
  • Respecter les droits autochtones, agir selon les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, et légiférer sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
  • Assurer un financement national durable des services de garde d’enfants, veiller à ce que le travail d’aidant naturel souvent assumé par les femmes soit correctement rémunéré et que les mesures de relance incluent les femmes (en particulier les femmes de couleur) les plus touchées par la «she-cession«.

Construire une économie circulaire

Actuellement, notre économie est basée sur le modèle du “exploiter-fabriquer-jeter” : les entreprises prennent les ressources naturelles qu’elles veulent, fabriquent des choses à vendre pour faire du profit, et ensuite les consommatrices et consommateurs doivent s’arranger avec  l’obsolescence et les déchets. Une économie circulaire permet d’éviter le consumérisme effréné. Elle se concentre sur l’utilisation responsable des ressources naturelles, la réparation et la réutilisation des biens et matériaux existants, et la fin de la consommation jetable — rien ne va à la décharge. Pour y parvenir, les gouvernements devraient :

  • Créer des fonds de soutien à l’innovation, dans le but de développer des systèmes de consigne et de réemploi; des systèmes de réparation et de réusinage; une économie de partage au travers de centres de prêt d’équipements fonctionnant à la manière des bibliothèques; ainsi que des systèmes régénératifs capables de restaurer, de rénover ou de revitaliser leurs propres intrants.
  • Soutenir les mesures de transition destinées aux travailleuses et travailleurs de l’industrie pétrochimique, afin de les intégrer à l’économie circulaire de manière juste et équitable.

Investir dans des solutions basées sur la nature:

La préservation et la restauration de nos forêts, milieux humides, prairies et océans, des milieux urbains aux milieux ruraux, est l’occasion tout indiquée de créer des emplois de qualité, y compris dans les régions rurales ou éloignées. Un tel programme nous permettrait de stocker plus de carbone dans le sol afin de lutter contre les changements climatiques et protéger la biodiversité. 

Mais quel genre d’emplois verts, vous demanderez-vous? Bonne question! Des projets clé-en-main tels que:

  • Créer un programme d’emploi fédéral axé sur la restauration des écosystèmes et des habitats essentiels, l’entretien des aires protégées, l’élimination des espèces invasives, ainsi que la collecte et le suivi des données.
  • Offrir des prêts et du financement aux projets d’agroforesterie, aux cultures de couverture végétale, à l’agriculture biologique régénérative, ainsi qu’à la végétalisation des milieux humides, des rivages et des terres peu productives.

Vous voulez aller encore plus loin? Consultez les propositions détaillées de Greenpeace: 

Mieux reconstruire : propositions politiques de Greenpeace Canada pour une relance juste et verte