Lorsque nous réfléchissons à la façon d’aborder la reprise économique post-COVID, un mot ressort particulièrement : la santé. 

La santé de nos proches, de nos communautés, de la faune et des écosystèmes naturels. Je pense que beaucoup d’entre nous ont une appréciation toute renouvelée des questions reliées à la santé, ce qui nous fait nous sentir bien. Nous avons également vu ce que le fait de donner un peu de répit à la planète peut avoir comme résultat, pour la vie sauvage entre autres. Si nous prenons du recul et examinons les obstacles ou les menaces qui pèsent sur notre santé et celle de la planète, la liste est malheureusement longue. Les combustibles fossiles sont dans la ligne de mire, tout comme le plastique, un des principaux sous-produits du pétrole et du gaz.

À chaque étape de son cycle de vie, le plastique pollue. La contribution du plastique à la pollution de l’air, des sols et de l’eau commence bien avant qu’il ne devienne un déchet. Il menace la santé de tant de manières différentes que nous ne nous en rendons peut-être même pas compte. 

C’est pourquoi, lorsque nous évoquons la relance verte, davantage de justice sociale et climatique et un avenir plus sain, l’idée d’y inclure les plastiques à usage unique sonne faux.  

Illustration : Sébastien Thibault

Air et climat 

Les crises du climat, des océans, de la biodiversité et de la pollution plastique sont toutes liées. 

La science a démontré que les océans et les espèces marines qu’ils abritent jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat. Mais de nouvelles recherches suggèrent que la pollution plastique pourrait avoir un impact négatif sur la capacité de l’océan à absorber le dioxyde de carbone et à le stocker en profondeur. 

Des scientifiques ont découvert que les microparticules de plastique peuvent affecter la capacité du phytoplancton à absorber le CO2 pendant la photosynthèse à la surface de l’océan, et à transporter ce carbone vers les profondeurs [1]. Un rapport (disponible en anglais) du Center for International and Environmental Law (CIEL) estime que les niveaux actuels d’émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au plastique menacent notre capacité à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5°C – le seuil de réchauffement au-dessus duquel nous augmentons les risques pour l’humanité et l’environnement. 

Les plastiques contribuent également aux émissions de gaz à effet de serre et aux polluants atmosphériques dangereux lors de l’extraction [2] et du transport des combustibles fossiles, du raffinage et de la fabrication des plastiques, de la gestion des déchets, en particulier de l’incinération, et même lorsqu’ils se retrouvent sous forme de déchet dans l’environnement. 

Faune et écosystèmes

La faune et la flore sont les plus touchées par les impacts négatifs du plastique sur leur santé, en particulier dans l’environnement marin. Ces minuscules phytoplanctons qui forment la base de la chaîne alimentaire constituent également le premier maillon d’une chaîne toxique qui affecte de nombreuses espèces. 

On estime que le plastique trouvé dans les océans cause la mort de centaines de milliers de créatures marines chaque année. Beaucoup des animaux qui survivent peuvent souffrir de problèmes de reproduction, se blesser ou tomber malades plus facilement, ou encore avoir une perte d’appétit, les rendant plus faibles. Nous avons toutes et tous vu ces images de tortues marines ou de baleines victimes du plastique, et nous le voyons dans nos propres communautés : canards, oies ou autres animaux sauvages qui subissent les impacts de notre pollution. Il est encore difficile de connaître l’ampleur des dégâts causés par le plastique sur le vivant, mais comme les microparticules se répandent dans l’air, l’eau et les sol, il constitue une menace supplémentaire pour toute la biodiversité. 

La santé des écosystèmes repose sur un équilibre délicat mit en péril par la pollution associée au plastique et à ses additifs chimiques. Les habitats sont dégradés, perturbés et étouffés, les sols contaminés et la chimie naturelle altérée. Les plantes et les animaux ne peuvent pas se développer et ne survivent souvent pas à long terme dans des habitats pollués et détruits. 

Poisson prisonnier d’un sac en plastique sur la plage de Freedom Island, Manila Bay.

Notre santé, celle de notre communauté

Chaque type de plastique contient des additifs chimiques qui lui confère une propriété particulière en fonction de l’utilisation souhaitée. Nombre de ces additifs sont associés à des problèmes de santé, tandis que d’autres n’ont pas encore fait l’objet d’études poussées. Certains des produits chimiques les plus courants, notamment les phtalates et le bisphénol A (ou BPA), ont été associés notamment à l’infertilité et à certains cancers. Tandis que d’autres comme le polystyrène (styromousse), le polychlorure de vinyle (PVC) et les plastiques portant le code n°7, seraient responsable d’une augmentation du lessivage de produits chimiques dans l’environnement [3].  

Vous l’aurez compris, nous en connaissons encore bien peu sur les impacts des matières plastiques sur la santé humaine. Pourtant, nous sommes en contact avec le plastique de façon quotidienne. La question se pose donc de savoir ce à quoi nous expose cette matière présentée comme garante d’hygiène par les lobbies qui souhaitent contrer les efforts de réduction tant attendus. Des microplastiques, des nanoparticules de plastique et des additifs chimiques ont été trouvés dans l’air, l’eau (qu’elle soit embouteillée ou non) et dans notre nourriture, faisant peu à peu leur chemin jusque dans notre organisme [4].

Nous savons également que les communautés défavorisées vivant à proximité des sites de pétrochimiques ou des incinérateurs sont davantage exposées aux toxines, ce qui impactent directement leur santé. La production de combustibles fossiles et notre gestion inadéquate des déchets — à travers nos exportations vers les pays d’Asie notamment, ont un lien avec le racisme environnemental, qui exploite et met à rude épreuve les communautés vulnérables et marginalisées [5]. 

Un #FuturSansPlastique et à faible impact carbone

Alors que nous nous efforçons de combler les lacunes de nos connaissances concernant les impacts du plastique sur la santé, nous devons adopter une approche prudente. Tous les plastiques à usage unique sont-ils essentiels? Lesquels représentent une menace pour notre santé? Quels sont ceux que l’ont retrouvent systématiquement dans l’environnement?

Le faux discours des défenseurs et défenseuses du statu-quo sur la prétendue hygiène du plastique en matière de sécurité sanitaire vise à nous convaincre que tous les plastiques jetables sont une nécessité. Cet argument marketing date des années 1950, bien avant la pandémie, et il contnuera de tourner en boucle tant que nous ne nous poserons pas les bonnes questions. Mais avant que la pandémie ne nous frappe, un mouvement grandissant de personnes a commencé à s’émanciper de ce discours. 

Le gouvernement fédéral s’est alors engagé à interdire les plastiques à usage unique d’ici 2021. 

Les ministres fédéraux de l’Environnement et du Changement Climatique et de la Santé sont responsables de la réglementation des plastiques. Pourquoi ? Car ils représentent un problème de santé urgent pour les gens et la planète. Alors que le gouvernement met en place des plans de relance, nous devons créer les conditions d’un avenir meilleur. Les ministres Wilkinson et Hajdu doivent maintenir leur position en interdisant une liste exhaustive de plastiques jetables, ce qui constituerait une étape clé de la transition vers une économie sans combustibles fossiles. Pour consulter la liste complète des plastiques interdits, cliquez ici. 

Rejoignez plus de 5 000 personnes qui ont déjà écrit au ministre Hajdu, au ministre Wilkinson et au comité ministériel sur l’environnement et l’économie et prenez quelques minutes pour leur demander une liste complète des plastiques à usage unique à interdire pour une relance verte et juste. 

[1] David Santillo, Kathryn A. Miller & Paul Johnston, Microplastics as Contaminants in Commercially Important Seafood Species, 13 Integrated Envtl. Assessment & Mgmt. 516, 516-21 (2017), https://www.ncbi.nlm.nih.gov/ pubmed/28440928. 

[2] Heikkinen, Niina (2017) “Health Effects of Oil and Gas Emissions Investigated in Texas”, E&E News, June 12th 2017. https://www.scientificamerican.com/article/health-effects-of-oil-and-gas-emissions-investigated-in-texas/

[3]  https://environmentaldefence.ca/2019/05/01/plastics-harming-health-three-simple-things/ 

[4] https://www.ueg.eu/press/releases/ueg-press-release/article/ueg-week-microplastics-discovered-in-human-stools-across-the-globe-in-first-study-of-its-kind/; https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31476765
[5] Blackwell, Victor; Drash, Wayne and Lett, Christopher (2017) Toxic tensions in the heart of “Cancer Alley”, CNN, https://edition.cnn.com/2017/10/20/health/louisiana-toxic-town/index.html