En 2019, à l’approche des élections fédérales, le gouvernement Trudeau avait promis d’interdire les plastiques à usage unique d’ici 2021. Une étape importante – bien que tardive – de ce processus s’est achevée avec la publication de l’ébauche d’évaluation scientifique de la pollution plastique. Et maintenant? Le moment est venu pour le gouvernement fédéral de décider quels types de plastique doivent figurer dans la liste d’interdiction, et nous avons quelques idées sur la question.

Quel était le but de cette évaluation scientifique?

L’évaluation scientifique a été réalisée dans le cadre du processus d’inscription d’une substance comme «toxique» ou «substance prioritaire» en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE). En bref, il s’agit essentiellement d’une analyse des connaissances scientifiques existantes concernant les effets du plastique sur l’environnement, la biodiversité et la santé humaine.

Le rapport a pour objectif d’informer le gouvernement sur les prochaines mesures à prendre pour créer une réglementation visant à limiter les effets nocifs d’une substance, en l’occurrence le plastique. L’étude s’est intéressée aux microplastiques (>5mm, c’est un dire un morceau comme par exemple un bouchon de bouteille, un morceau de sac plastique ou de styromousse) et aux microplastiques (<5mm, comme  les microparticules, les microfibres et les débris de plus gros objets). Les nanoplastiques sont une sous-catégorie des microplastiques, qui mesurent moins de 100 nm.

Cette évaluation scientifique a tiré des conclusions dont nous étions déjà au fait :

  • La pollution plastique provient de différentes sources et est omniprésente dans l’environnement;
  • Les plastiques se dégradent très lentement et demeurent dans l’environnement;
  • La pollution plastique est susceptible de s’aggraver et de causer davantage d’impacts négatifs, et requiert une action immédiate.

Le rapport a permis de convaincre le gouvernement de passer à l’action, et le ministre Wilkinson a noté que le gouvernement fédéral procéderait à l’interdiction prévue en 2021. Mais il reste encore une inconnue: la liste des plastiques à usage unique qui seront inclus dans cette interdiction.

Le rapport suggère-t-il les types de plastiques qui sont les plus nocifs?

Aucune indication sur les types de plastiques ou d’emballages dont l’usage devraient être encadré n’est fournie dans le rapport. C’est le gouvernement qui devra déterminer cette liste lorsqu’il rédigera sa réglementation sur les plastiques. Et c’est pourquoi nous devons dire clairement au gouvernement que cette réglementation doit refléter l’ampleur du problème. 

Quels plastiques DOIVENT être inclus dans la liste des plastiques visés par l’interdiction?

Greenpeace réclame aux gouvernements de s’orienter vers une élimination progressive de tous les plastiques non-essentiels, en commençant par interdire les plastiques les plus problématiques. 

La première étape est d’exiger une liste exhaustive des plastiques à usage unique problématiques qui devraient être visés par une interdiction en 2021.

Cette liste exhaustive devrait inclure les plastiques…

  • qui polluent régulièrement l’environnement;
  • qui sont reconnus comme toxiques;
  • qui aboutissent dans les sites  d’enfouissement malgré leur supposée recyclabilité;
  • ceux pour lesquels il existe une alternative réutilisable.

Afin de répondre à l’enjeu croissant et mondial de la pollution plastique et de résoudre les problèmes liés aux plus de 3 millions de tonnes de déchets plastiques générées chaque année au Canada, soit près de la moitié du total des déchets plastiques produits annuellement au pays, voici une liste des articles à usage unique qui remplissent les caractéristiques citées ci-dessus et sur lesquels le gouvernement devrait se pencher en priorité :

  • Sacs de plastique (de tout poid et tout format)
  • Tasses à emporter et leur couvercle
  • Bouteilles et leur bouchon 
  • Ustensiles et baguettes
  • Bâtonnets mélangeur 
  • Contenants à emporter
  • Coton-tiges
  • Pailles
  • Bâtonnets de ballon
  • Filtres et paquets de cigarettes

Concernant les types de plastique qui sont non ou difficilement recyclables, et qui contiennent des produits chimiques nocifs pour la santé humaine et l’environnement, les plus problématiques sont : 

  • Les emballages plastique multicouches
  • Le polystyrène et le polystyrène expansé (styromousse)
  • Les plastiques oxo-dégradables, biodégradables ou compostables
  • Les plastiques noir et coloré
  • Le les polychlorure de vinyle (PVC)

 Qu’en est-il des emballages en plastiques dans les épiceries?

Le gouvernement fédéral doit fixer des objectifs globaux de réduction sur tous les emballages en plastique. Parce que le plastique est utilisé inutilement dans de nombreux aspects de la distribution, du transport et de la mise en vente des produits, les entreprises doivent recevoir des directives claires leur permettant de réduire leur production et leur utilisation globales de plastique, en fonction d’une interdiction de certains articles/types de plastique. Si la réglementation ne prend pas en compte les emballages de manière plus générale, l’étendue des emballages en plastique dans les supermarchés ne diminuera pas suffisamment pour avoir un impact significatif.

Repenser l’approvisionnement de nos produits pour un avenir plus juste et plus respectueux de l’environnement

Notre culture du jetable et les systèmes qui la soutiennent polluent et détruisent littéralement notre planète et impactent grandement nos vies. L’interdiction doit s’accompagner d’une réorientation, par le gouvernement fédéral, de la manière dont les entreprises nous livrent leurs produits et dont nous utilisons les biens et services dans notre vie quotidienne. Sans aucun investissement dans des systèmes de distribution de produits basés sur le réutilisable et le zéro-déchet, l’industrie continuera de faire perdurer cette culture du jetable en remplaçant les plastiques à usage unique par une autre alternative jetable. Nous ne pouvons pas les laisser faire. Notre système est brisé, oui, mais jamais auparavant nous n’avons eu autant de pouvoir pour le faire changer.

La quasi totalité des plastiques étant produite à partir de ressources fossiles, ceux-ci ne contribuent pas seulement à la pollution observée dans notre environnement, mais également à la crise climatique.

Nous savons que les communautés à faibles revenus sont affectées de manière disproportionnée par les impacts liés aux changements climatiques. Or ces communautés, si elles vivent aux abords d’usines pétrochimiques, d’usines d’incinération ou de sites d’enfouissement, sont aussi confrontées à davantage d’impacts nocifs pour leur santé. 

Nous devons nous assurer d’investir dans des systèmes de livraison et de distribution qui créent peu ou pas de déchets., et qui font passer la santé et le bien-être des populations avant le profit. Une économie réellement circulaire qui soit créatrice d’emplois durables et axée sur la résilience des communautés. Ces solutions zéro-déchet se développent et nous permettront de fonctionner à l’avenir dans le respect des limites de la nature. Les plastiques à usage unique, eux, n’ont pas leur place dans cet avenir.