Des années de lutte contre la pollution plastique et les plastiques à usage unique risquent-elles d’être réduites à néant?

Cette année 2020 devait être celle du climat. Celle aussi d’un virage marqué vers une économie moins dépendante des plastiques à usage unique. Au mois de février, le gouvernement fédéral avait rendu publique son ébauche d’évaluation scientifique de la pollution plastique. Les recherches menées par les scientifiques du gouvernement ont fourni suffisamment de preuves des dommages que cette pollution cause sur nos collectivités et l’environnement pour que le gouvernement s’oriente vers une interdiction des plastiques à usage unique les plus problématiques en 2021. Puis la crise de la Covid-19 a frappé. 

Depuis, on a vu une résurgence de l’utilisation de plastique jetable. Les cafés et supermarchés ont mis sur pause leurs programmes visant à encourager le réutilisable. Les restaurants ont été forcés de se tourner uniquement vers la vente à emporter. Diverses épiceries ont fermé leurs sections de produits alimentaires en vrac. Enfin, les systèmes de consigne sont à l’arrêt, laissant présager qu’une bonne partie des contenants qui auraient pu être réutilisés ou recyclés pourraient prendre la route des sites d’enfouissement.

On peut espérer que l’année prochaine la crise de coronavirus sera derrière nous, mais ce ne sera pas le cas pour la pollution plastique et la crise des déchets.

À qui profite la crise?

On comprend vite comment et pourquoi cette crise sanitaire tombe à point nommé pour l’industrie du plastique. Elle représente une opportunité de faire croître sa production d’une part, et de saper les efforts de lutte contre la pollution plastique d’autre part.

Que ce soit au Canada, aux États-Unis ou en Europe, les lobbies du plastique ont été très rapides à remettre en question l’usage du réutilisable qui serait selon eux moins hygiénique que le plastique jetable, même si aucune preuve n’est avancée pour appuyer la comparaison et que la science a un autre avis sur la question. Cela a néanmoins poussé plusieurs municipalités, provinces et États d’Amérique du Nord à annuler ou à repousser la mise en œuvre de l’interdiction des sacs plastiques, un premier pas pourtant longuement attendu.

Action à Ottawa précédant le sommet du G7 et la Journée mondiale des océans en 2018

Pendant ce temps, la crise du recyclage n’a pas disparu, et à la fin du confinement, ce secteur ne sera pas plus en mesure qu’avant de traiter efficacement des volumes massifs de plastique post-pandémie.

Est-ce l’avenir que nous voulons? Pouvons-nous en toute conscience laisser l’industrie du plastique dicter les règles et engendrer de tels reculs?

Repenser, réinventer, reprogrammer

Alors que le gouvernement fédéral planche actuellement sur la réglementation qui conduira à l’élimination progressive des plastique à usage unique non-essentiels, il est primordial que les voix citoyennes portent plus loin que celle des lobbies de la pétrochimie.

Je vous invite aujourd’hui à écrire aux ministres membres du Cabinet ministériel sur l’Économie et l’Environnement, ainsi qu’à la ministre de la Santé, afin de faire connaître vos demandes en faveur d’un #FuturSansPlastique.

Nous sommes à la croisée des chemins. Nous pourrions hériter d’une réglementation faible qui laisse la porte grande ouverte à l’augmentation de la production de plastique à usage unique. Ou nous pouvons dès à présent faire pression sur nos élu·es afin qu’ils et elles prennent en compte les impacts des plastiques à usage unique sur notre santé, celle de la faune, de notre environnement et du climat, et prennent les mesures qui s’imposent pour nous éloigner de la culture du jetable et organiser une sortie de crise verte et juste. La première étape est d’exiger une liste exhaustive des plastiques à usage unique problématiques qui devraient être visés par une interdiction en 2021 :

Nous pouvons faire le choix d’une économie moins dépendante en plastique et donc moins dépendante en ressources fossiles, comme le pétrole et le gaz. Une économie véritablement circulaire qui fait la part belle aux solutions zéro-déchet, créatrices d’emploi respectueux, d’innovations et d’opportunités d’affaires au niveau local. La réponse à la crise du plastique ne doit pas uniquement reposer sur les choix individuels. Elle doit être législative et coordonnée.

Assurons-nous que cette sortie de crise ne se fasse pas au détriment de notre santé et de celle de la planète.