Voici comment l’industrie pétrolière et gazière continue d’opérer sous le radar malgré le coronavirus.

Nous sommes dans une période pour le moins stressante. Tout semble affecté par la COVID-19. C’est même rendu que si je tape un “c” majuscule dans un courriel, on me suggère automatiquement COVID… Alors que la majorité des gens vivant au Canada sont invités à pratiquer la distanciation physique et faire tout pour “aplatir cette fameuse courbe”, certains secteurs font figures d’exception. Si celui de l’alimentation semble aller de soin, d’autres me laissent, pour le moins qu’on puisse dire, stupéfaite.

Les chantiers industriels, en particulier ceux sur lesquels travaillent les employé·es de construction de nouveaux projets de pipelines, sont à mon sens une exception troublante à l’interdiction de rassemblements et mettent à risque les communautés autochtones. En ce sens, les exceptions faites aux règles visant à assurer la sécurité des personnes ou des communautés sont très révélatrices. 

À l’heure actuelle, des projets controversés sont toujours en cours de construction, comme le gazoduc de Coastal GasLink et le projet d’agrandissement du pipeline Trans Mountain. Des centaines de travailleurs et travailleuses vivent donc dans des campements à proximité des chantiers, pour assurer l’avancée des travaux. Dans le cas de Coastal GasLink, nous parlons de 400 personnes, et ce, même après que l’entreprise ait pris des mesures pour renvoyer une partie des ouvrier·ères à la maison. Et que dire des travaux de construction du pipeline de Keystone XL qui se poursuivront, avec un soutien financier de plus d’un milliard de dollars provenant du gouvernement albertain. 

Comment est-ce possible que la construction de ces nouvelles infrastructures de combustibles fossiles fasse partie des services essentiels? En Nouvelle-Zélande, par exemple, le forage exploratoire n’a pas été considéré comme tel. 

Choqué·es? Moi aussi. 

Envie de faire connaître cette situation? Faites commes mes collègues et envoyez une lettre ouverte à vos journaux locaux.

Intimidé·es et pas trop certain·nes par où commencer? 

Quelques faits choquants sur la continuité des travaux de construction de pipeline malgré le coronavirus

  • En date du 8 avril, 35 cas de Covid-19 on été signalés dans des communautés autochtones et Inuits (le nombre a doublé en une semaine) et il y a au moins un cas confirmé sur le chantier de GNL en Colombie-Britannique.
  • Les communautés autochtones peuvent être confrontées à des inégalités sociales et sanitaires qui les rendent plus vulnérables à la Covid-19 et aux maladies virales en général. L’éloignement, le surpeuplement de logements insalubres, l’approvisionnement alimentaire insuffisant, les ressources sanitaires plus rares, le manque d’eau potable et des maladies chroniques (comme le diabète) plus courantes n’en sont que quelques exemples
  • Les communautés autochtones ont été négligées par les autorités au courant de l’histoire. L’Assemblée des Premières Nations a d’ailleurs récemment fait part de ses préoccupations concernant le manque de ressources des communautés pour faire face à la crise.
  • Les grandes entreprises et leurs riches dirigeant·es ont tendance à tirer profit des crises, qu’il s’agisse de faire pression pour obtenir des fonds de relance pour renflouer leurs caisses, ou de faire approuver des projets à la “va-vite”, alors que la capacité des peuples autochtones et du public à participer au processus de décision est sévèrement limitée (voir aussi ce fil de discussion en anglais).
  • Le principe de précaution, généralement appliqué en matière de protection sanitaire et environnementale, repose sur le principe qu’il vaut mieux prévenir que guérir. 

Vous n’avez jamais écrit de lettre d’opinion et vous doutez de votre plume? Voici quelques pistes de réflexions pour mettre de l’eau à votre moulin! 

  • Les nouveaux projets de pipeline ne devraient pas entrer dans la catégorie des “services essentiels” qui sont autorisés à poursuivre leurs activités pendant la pandémie. L’exploration pétrolière et la construction de nouveaux pipelines ne sont pas nécessaires en cette période de crise de santé publique. Ils ne feront que nuire aux travailleuses et travailleurs, aux communautés et, à long terme, au climat.  
  • Cessons les doubles standards. Alors que le reste du Canada est invité à faire tout son possible pour “aplatir la courbe” et se protéger, les compagnies pétrolières opérant dans les communautés autochtones ne devraient pas faire figure d’exception.
  • Ne soumettons pas les travailleuses et travailleurs, et les communautés autochtones à des risques inutiles. Des inquiétudes ont déjà été exprimées quant à la faisabilité même de maintenir des conditions sécuritaires sur des chantiers occupés. 
  • Écouter la science n’est pas optionnel, autant en santé qu’en environnement. Nous devons écouter les experts crédibles pour pouvoir répondre adéquatement à toutes les crises actuelles : santé publique, climat, biodiversité. Nous devons également écouter les communautés autochtones qui nous disent depuis des années déjà qu’il faut protéger la nature pour être à même de protéger notre santé
  • Dénonçons et mettons tout en oeuvre pour enrayer les situations de racisme institutionnel. Les communautés autochtones rurales doivent pouvoir bénéficier de la même prudence que les centres urbains, blancs, de classe moyenne. 

En quête d’une conclusion qui a des dents? Voici quelques idées qui pourraient inspirer la fin de votre lettre d’opinion: 

  • Que la santé et le bien-être des communautés autochtones et des communautés vulnérables soient une priorité ;
  • Qu’un soutien et des ressources économiques, sociales et médicales adéquats et nécessaires soient fournis afin d’aider les communautés vulnérables à faire face à la pandémie;
  • Que tous les nouveaux projets de pipeline cessent.

Et juste pour que vous vous sentiez encore MIEUX équipé pour relever le défi, voici nos petits trucs pour rédiger une lettre d’opinion à votre journal local: 

  • Viser environ 150 mots pour commencer.
  • Essayez de vous en tenir à une seule idée principale… je sais, c’est de la torture
  • Quel que soit le sujet de votre lettre, elle doit être d’actualité (ancré dans le moment, pas dans le passé ou le futur).
  • Exprimez clairement votre opinion dans vos propres mots. Écrivez sur un ton humain ou conversationnel, et non comme si vous veniez de lire un blog de Greenpeace et que vous régurgiter les messages clés. ;P
  • Vérifiez toujours la page “Contactez-nous” du journal pour vous assurez que votre lettre répond aux exigences.
  • C’est une bonne idée de consulter les lettres déjà publiées pour avoir une idée du type de lettres qu’ils ont tendance à sélectionner.
  • Garder à l’esprit les lecteurs du journal. Est-ce un audience conservatrice? Essayer d’utiliser des messages et un langage adapter pour vous faire comprendre et faire avancer votre message.
  • Le rédacteur en chef peut suggérer des changements et raccourcir votre lettre. C’est normal.
  • Il se peut que nous n’obtenez pas de réponse. C’est également normal.Ils ne peuvent pas tout publier. Si vous n’avez toujours pas de réponse dans les deux-trois jours qui suivent, envoyez votre lettre ailleurs. 

Besoin d’aide pour contacter vos médias locaux ou avez des questions? Envoyez un courriel à [email protected].