Le 3 décembre dernier, le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, déclarait qu’il considérait l’adoption d’une loi visant à inscrire la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) dans le droit provincial comme l’une des plus grandes fiertés de sa vie

Photo Jerome Turner – Ricochet

Un mois plus tard, la province et le gouvernement fédéral sont sur le point de faire appel à la GRC pour expulser manu militari des chefs autochtones de leurs propres terres. 

La raison derrière ce revirement : le projet de gazoduc Coastal GasLink. C’est difficile à concilier, mais c’est pourtant un schéma on ne peut plus familier.

À maintes reprises, les dirigeants provinciaux et fédéraux du Canada se sont prononcés en faveur des droits autochtones. Ils se sont engagés à les respecter, ont parlé de l’histoire honteuse du Canada dans son traitement des peuples autochtones et ont promis de la rectifier. Certains – Horgan et Trudeau notamment – ont adopté des lois pour codifier ces droits. Mais le château de cartes des bonnes intentions s’écroule quand un méga-projet d’énergies fossiles se présente.

Qu’il s’agisse de Coastal GasLink, de TransMountain ou d’autres projets de développement énergétique, les paroles et les engagements des gouvernements semblent s’arrêter à la porte des compagnies de pipelines.

Nombre d’observateurs ont pourtant tenté de leur rappeler les dits-engagements. Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale, le Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies et Amnesty International ont tous demandé au gouvernement canadien l’arrêt immédiat de la construction du gazoduc Coastal GasLink, du pipeline TransMountain et du barrage hydroélectrique Site C en raison de l’absence de consentement de la part des communautés autochtones – ce qui n’a pas empêché les deux niveaux de gouvernement d’aller de l’avant.

Dans le cas de Coastal GasLink, il s’agit d’un projet de gazoduc de 6,6 milliards de dollars empiétant sur le territoire des Wet’suwet’en. Ce gazoduc doit alimenter l’expansion massive d’une usine de gaz naturel liquéfié à Kitimat, en Colombie-Britannique. Les émissions initiales de gaz à effet de serre évaluées pour ce projet devraient représenter l’équivalent de plus de 856 831 nouvelles voitures sur les routes. Un nombre qui pourrait plus que doubler au cours de la phase 2 du projet.

Si Horgan et Trudeau veulent un jour respecter leurs propres engagements, ils doivent rompre le cycle et réaliser que le droit au consentement préalable, libre et éclairé (CPLE), inscrit dans la DNUDPA, ne peut être rejeté d’un simple revers de la main. Ce droit au consentement  signifie que des projets énergétiques peuvent ne pas se réaliser si les propriétaires des terres qu’ils traversent n’ont pas donné leur accord. C’est la pilule que le gouvernement doit faire passer aux pétrolières. En attendant ce jour, paroles creuses et manœuvres politiciennes continueront de perpétuer le cycle d’une histoire horrible que la Colombie-Britannique et le Canada s’étaient pourtant engagés à briser.

Pour lire le communiqué complet (en anglais) de Greenpeace sur la situation, cliquez ici.