Je m’appelle Marie-Josée et je travaille depuis peu sur la campagne Alimentation et nature avec l’équipe de Greenpeace Canada. L’an dernier, j’ai traversé l’Amazonie dans le cadre d’un projet personnel qui m’a permis de rencontrer des initiatives de protection de cet écosystème unique au monde. Lors de ce séjour, les gens m’ont raconté combien les arbres et la biodiversité de cette région sont importants pour eux.

Voir aujourd’hui les feux qui s’étendent en Amazonie m’inquiète au plus haut point. Et je repense aux visages des gens que j’ai rencontré, qui dépendent de l’Amazonie pour leur survie.

Je repense notamment à ma rencontre avec Itahu, un des gardiens Ka’apor du territoire Alto Tiruaçu, en Amazonie brésilienne, qui me confiait : “Si la forêt disparaît, mon peuple n’existe plus! Je suis prêt à donner ma vie pour protéger la forêt et protéger mon peuple.”

Itahu Ka’apor me fait visiter le territoire autochtone Alto Tiruaçu. (Photo : M-J Béliveau)

J’ai été surprise de constater que les Ka’apor, comme plusieurs des communautés que j’ai rencontré dans différentes régions de l’Amazonie, ont dû créer eux-mêmes des organisations de “gardiens de la forêt”, pour protéger leurs territoires autochtones. Où sont les organismes étatiques pour protéger leurs territoires, pourtant reconnus mais soumis à une incroyable pression face au déboisement?

Les incursions de bûcherons, de mineurs ainsi que l’expansion de l’agriculture industrielle et de l’élevage bovin menacent de façon croissante l’Amazonie. Pourtant, le droit autochtone est inscrit dans la Constitution brésilienne et plus de 566 terres (représentant environ 13 % du territoire national) ont été reconnus par l’État.

Cette journée là, Itahu et d’autres membres du peuple Ka’apor, m’ont fait visiter leur territoire Alto Tiruaçu. Tandis que nous marchions dans les sous-bois, une des femmes qui nous accompagnait m’expliquait “ la forêt est tout pour nous. C’est notre pharmacie, notre garde-manger et notre habitat. Tout ce que nous possédons vient de la forêt et c’est grâce à elle que nous construisons nos maisons et tissons nos hamacs. Nos savoirs et nos traditions sont liés à elle.”

Femmes Ka’apor avec leurs enfants. (Photo : M-J Béliveau)

Protéger l’Amazonie est dangereux. Plusieurs membres des communautés autochtones de la régions subissent des menaces et des représailles lorsqu’ils protègent leurs territoires. L’an dernier un “gardien de la forêt” du peuple Guajajara, dont le territoire est voisin de Alto Tiruaçu, a été retrouvé assassiné.

Itahu explique: “Les arbres sont vivants et ils soutiennent la vie de milliers d’êtres. Les animaux et les humains en dépendent. Mon peuple a conscience que cette forêt est cruciale pour l’humanité. Mais l’humanité doit nous aider à la protéger.”

Cette vaste forêt tropicale d’une superficie de plus 5,5 millions de km², fait partie d’un écosystème unique au monde et bien qu’il couvre à peine 10% des terres émergées de la planète, sont rôle est crucial pour le climat mondial.

Quand je vois les images de l’Amazonie qui brûle, mon coeur est avec mes amis qui l’habitent et je suis très inquiète. Je ne peux m’empêcher de penser à toute cette richesse culturelle qu’ils représentent et ce lien très fort qu’ils ont avec leur environnement. Ils ont tant à nous apprendre.

Cette région du monde abrite une richesse culturelle incroyable avec plus de 3 millions d’autochtones répartis dans 420 tribus. Durant mon séjour en Amazonie j’ai pu rencontrer des représentant·es de diverses communautés vivant en Amazonie brésilienne, notamment des Sataté-Mawé, des Ka’apors, des Awas, et des Tikunas. Tous m’ont raconté ce lien étroit qui les lient à la forêt et ont partagé avec moi leur grande préoccupation par rapport à leur habitat millénaire. Leurs droits sont en péril.

D’un côté, les médias m’informent que les feux de forêt ont augmenté de 145 % entre janvier et août 2019, comparé à la même période en 2018 au Brésil, et aussi que les droits des peuples autochtones ont été amoindries avec différentes dispositions gouvernementales établies au cours de la dernière année.

Arc-en-ciel sur un arbre samauma de la forêt Amazonienne. (Photo : M-J Béliveau)

Ces feux de forêts représentent en ce moment un recul de la forêt et aussi des protections de ces peuples. Cette année, le phénomène a pris une ampleur sans précédent alors que ce mois de juillet elle a été quasiment quatre fois supérieure à celle de juillet 2018, selon le système DETER (détection en temps réel de la déforestation) utilisé par l’Institut national de recherche spatiale (INPE). Tandis que près de 20 % de la forêt amazonienne a disparu en 50 ans et que chaque minute, plus de 800 arbres disparaissent en Amazonie nous n’allons pas dans le bon sens et cela m’inquiète.

Mais la mobilization continue. Et nous devons élever nos voix pour que les droits des peuples autochtones soient au centre des décisions concernant la forêt et le climat, et non les profits de grandes corporations extractivistes et agricoles.

Vous voulez prendre action? Signer dès aujourd’hui cette pétition pour protéger l’Amazonie. De la part de mes ami·es qui habitent au coeur de l’Amazonie. Merci.