La nouvelle a fait grand bruit la semaine dernière. Le Canada a annoncé sa volonté d’interdire certains plastiques jetables en 2021. C’est une nouvelle que nous attendions avec impatience depuis la tenue de la consultation publique fédérale sur la stratégie Zéro déchet plastique, une consultation à laquelle 27 000 de nos sympathisant·es avaient participé.

S’il s’agit d’un pas dans la bonne direction, l’avenir proche nous dira si nous avons raison de nous réjouir. Car le tout n’est pas d’annoncer, il faut aussi que les actes suivent la parole. Et en la matière, le gouvernement Trudeau nous a habitué aux douches froides…

Que faudrait-il interdire?

Afin de répondre à l’enjeu croissant et mondial de la pollution plastique et de résoudre les problèmes liés aux plus de 3 millions de tonnes de déchets plastiques générées chaque année au Canada, voici une liste des 10 articles à usage unique sur lesquels le gouvernement devrait se pencher en priorité :

  • Sacs
  • Tasses à emporter et leur couvercle
  • Bouteilles et leur bouchon
  • Ustensiles
  • Bâtonnets mélangeur
  • Contenants à emporter
  • Coton-tiges
  • Pailles
  • Applicateurs de tampons
  • Filtres de cigarettes

Ces articles jetables sont parmi les déchets les plus régulièrement retrouvés dans l’environnement que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. La plupart d’entre eux — trop légers, trop petits ou contaminés par des boissons ou de la nourriture — ne sont pas recyclables ou exigent des conditions de recyclage très spécifiques qui sont loin d’être disponibles partout au pays. Surtout, ce sont en majorité des articles consommés à l’extérieur du domicile, et qui de ce fait, sont plus susceptibles de prendre la route des sites d’enfouissement.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une alternative réutilisable ou compostable pour neuf d’entre eux!

Plastic Clean-up & Brand Audit Activity in Montreal. © Greenpeace

À l’occasion de la journée internationale de nettoyage du 15 septembre 2018, Greenpeace, ses bénévoles et ses alliés, ont coordonné des activités de nettoyage de berges et de plage, ainsi qu’organisé des enquêtes pour déterminer quels déchets et quelles marques étaient le plus souvent retrouvées dans l’environnement. Cette photo est tiré de l’enquête menée à Montréal, avec une partie des déchets collectés par les bénévoles de Mission 100 tonnes

Concernant les types de plastique qui sont non ou difficilement recyclables, et qui contiennent des produits chimiques nocifs pour la santé humaine et l’environnement, voici les plus problématiques :

  • Les emballages plastique multicouche
  • Le polystyrène et le polystyrène expansé (styromousse)
  • Les plastiques oxo-dégradables
  • Les plastiques noir et coloré
  • Le PVC

Nous savons maintenant que plus de 90% des déchets plastiques canadiens sont en fait incinérés, envoyés vers des sites d’enfouissement ou terminent dans l’environnement [1]. Quant aux déchets plastiques réorientés vers les filières de recyclage, une bonne partie est en fait exportée vers les pays du Sud qui peinent déjà à gérer leur propres déchets plastiques.

Malaysia's Broken Global Recycling System. © Nandakumar S. Haridas / Greenpeace

Greenpeace Malaisie a mené une enquête de terrain pour dénoncer le mythe du recyclage et son impact sur la société malaisienne. Les résultats sont choquants : depuis que la Chine a banni les importations de plastique, la Malaisie est devenu le nouveau « dépotoir » des pays industrialisés. L’enquête a révélé des pratiques illégales et des violations flagrantes en lien avec la pollution de l’environnement et la santé publique.

En bref, notre système de recyclage est défaillant et a depuis longtemps atteint ses limites. Il est loin de pouvoir répondre au volume de déchets plastiques produit chaque jour, ce qui rend les objectifs Zéro déchet plastique du gouvernement fédéral au mieux utopiques, au pire inatteignables s’il n’agit pas à la source du problème.

Alors, comment nous assurer que ces articles soient inclus dans les interdictions?

Une des premières étapes pour le gouvernement devrait être d’inscrire au plus vite les déchets plastiques dans la liste des substances jugées toxiques selon la Loi canadienne de protection de l’environnement (LCPE). Cette mesure permettrait l’interdiction de la production, de la vente et de la distribution des emballages et des types de plastiques les plus problématiques et nocifs pour l’environnement et la santé.

En agissant avant les prochaines élections, le gouvernement actuel maximisera les chances que l’interdiction soit appliquée en 2021. Il a d’ailleurs lancé une évaluation scientifique afin de déterminer si le plastique devrait être répertorié dans la liste de la LCPE. Or, sur ce fait, la science est claire : une grande partie du plastique jetable et des microplastiques qui ont envahi nos vies et notre environnement est toxique et nuisible à toute vie sur Terre.

Plastics Cleanup at National Wildlife Refuge in Hawaii. © Marco Garcia / Greenpeace

Des militants de Greenpeace visitent un refuge national sur l’île d’Oahu, Hawaii, pour documenter et témoigner de la pollution par les plastiques. Octobre 2018.

Que pouvons-nous faire pour obtenir une loi ambitieuse sur les plastiques jetables?

Avec les élections fédérales qui approchent, la fenêtre d’action s’amenuise. C’est donc le moment de faire pression auprès du gouvernement et des député·es au niveau fédéral pour que des mesures concrètes et précises soient annoncées et votées d’ici octobre pour lutter à la source contre la pollution plastique. Nous devons leur faire savoir que des interdictions relatives aux plastiques à usage unique sont largement soutenues par la population.

Si vous ne l’avez pas déjà fait, assurez-vous d’envoyer un message à votre député·e fédéral·e et dites-lui que vous appuyez l’interdiction des plastiques à usage unique. Près de 10 000 personnes ont déjà envoyé un courriel à leur député·e fédéral·e pour demander que des actions soient prises rapidement.

Écrivez à votre député·e