Un verdict de 660 millions de dollars ne suffira pas à faire taire notre mouvement

Le 19 mars, dans le Dakota du Nord, un jugement a été rendu dans le procès sans fondement intenté par Energy Transfer contre des filiales de Greenpeace aux États-Unis et Greenpeace International. Le jury a condamné les trois entités de Greenpeace à payer plus de 660 millions de dollars américains de dommages et intérêts.

Energy Transfer, une entreprise pétrolière et gazière multimilliardaire dirigée par un partisan de Trump, affirme à tort que Greenpeace a orchestré la mobilisation dirigée par les peuples autochtones contre le Dakota Access Pipeline en 2016-2017.

Pour mettre les choses en perspective, les 660 millions de dollars réclamés en dommages et intérêts représentent plus du double du budget opérationnel de Greenpeace Canada pour l’ensemble de ses 54 années d’existence. À titre de comparaison, cela équivaut à environ 4 % des bénéfices engrangés par Energy Transfer en 2024.

Les implications de ce verdict dépassent largement Greenpeace et le mouvement environnemental. Marty Garbus, un observateur indépendant présent lors du procès, a déclaré : « Il s’agit de l’une des affaires les plus importantes de l’histoire des États-Unis. Ce jugement pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble des manifestations, qu’elles soient religieuses ou politiques. » Cette action en justice sans fondement vise à dissuader les gens de manifester par peur de se faire poursuivre. Nous ne pouvons tolérer cela, surtout avec tout ce qui se passe dans le monde actuellement. L’heure est à la mobilisation.

Une équipe d’activistes Greenpeace déployant une bannière de soutien à l’extérieur du tribunal du Dakota du Nord où se déroule le procès opposant Energy Transfer à Greenpeace.

Le lien entre Energy Transfer et Trump

Kelcy Warren, cofondateur, président et PDG d’Energy Transfer, a déclaré que les personnes qui s’opposent à ses pipelines devraient être « supprimées du bassin génétique ». Le soutien financier qu’il accorde à Donald Trump est également substantiel, puisqu’il a fait don de 5 millions de dollars au super PAC Make America Great Again Inc. en 2024. Et selon ses déclarations financières de l’époque, Trump détenait même entre 500 000 et 1 million de dollars d’actions d’Energy Transfer Partners en 2015. Seulement quelques jours après son investiture en 2017, Trump a signé un décret autorisant l’achèvement du Dakota Access Pipeline.

Mais tout espoir n’est pas encore perdu. L’affaire sera portée en appel aux États-Unis et Greenpeace International a intenté une contre-poursuite contre la pétrolière aux Pays-Bas.

Quelles sont les prochaines étapes pour Greenpeace?

Mais tout espoir n’est pas encore perdu. L’affaire sera portée en appel aux États-Unis et Greenpeace International a intenté une contre-poursuite contre la pétrolière aux Pays-Bas.

Quelles sont les implications du procès d’Energy Transfer pour Greenpeace Canada?

Pendant ce temps, d’autres menaces se profilent de notre côté de la frontière : Trump tente de faire du Canada le 51e État et Pierre Poilievre se présente aux élections fédérales. Le programme anti-climat de Poilievre rejoint celui de Trump : il veut accélérer la mise en chantier de grands projets pétroliers et gaziers et éliminer les politiques de protection environnementale.

Imaginez un monde dans lequel Trump et Poilievre sont au pouvoir et où Greenpeace États-Unis n’existe pas. Un monde dans lequel le précédent désastreux créé par ce procès encourage les grands pollueurs à poursuivre celles et ceux qui osent leur tenir tête aux États-Unis, au Canada et ailleurs dans le monde. Un monde dans lequel les gens ordinaires ont peur d’exercer leur droit de manifester par crainte des conséquences. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire.

Nous devons montrer aux entreprises comme Energy Transfer que nous ne nous laisserons pas intimider. Elles ont beau disposer de vastes ressources, nous possédons un atout bien plus puissant : vous et les millions de gens à travers le monde qui soutiennent notre travail. Nous ne pouvons y arriver sans vous.

Nous pouvons créer un avenir meilleur pour l’ensemble des membres de nos communautés en agissant ensemble, mais l’effort doit absolument être collectif.