MONTRÉAL – En réaction projet de loi 69 « assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives » déposé par le ministre Pierre Fitzgibbon aujourd’hui, Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada, a déclaré:

« La proposition du ministre Fitzgibbon est inquiétante à plusieurs égards, car elle menace la décarbonation du Québec et ouvre toute grande la porte à une plus grande privatisation de l’électricité au Québec. Alors que la sobriété énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’économie actuelle devraient être les priorités absolues, le ministre met la table pour augmenter la production d’électricité en vue d’alimenter de nouvelles industries qui vampiriseront des mégawatts qui ne seront pas disponibles pour se libérer des hydrocarbures. En proposant de mégawatts additionnels pour de nouvelles industries qui, de toute évidence, paieront moins que le coût de la nouvelle production d’électricité, le gouvernement refilera inévitablement une facture salée à la population et gaspillera de précieux électrons qui devraient plutôt servir à décarboner l’économie actuelle. Après avoir gravement sous-estimé les besoins pour la décarbonation et dilapidé les surplus d’électricité au Québec dans le passé, ce gouvernement est encore une fois en train de sous-estimer l’ampleur des besoins en électricité qui sont requis à court et moyen terme pour que le Québec se libère des hydrocarbures. En effet, le projet de loi propose une cible de 60 TWh de plus que les approvisionnements actuels d’ici 2035, ce qui, même en supposant des efforts gigantesques en efficacité énergétique et en économie d’énergie, ne serait pas suffisant pour décarboner le Québec à la vitesse que la science du climat l’exige. Avec son projet de loi, le ministre Fitzgibbon confirme encore une fois que le gouvernement Legault manque totalement de vision et ne prend pas la crise climatique au sérieux. »

Privatisation de l’électricité et distorsion de la notion d’autoproduction

Greenpeace est particulièrement préoccupé de constater que le projet de loi ouvre la porte à des ententes gré à gré qui permettraient à des compagnies privées de vendre par elles-mêmes de l’électricité à des consommateurs privés adjacents au site de production d’électricité. Il est aussi préoccupant de constater que le gouvernement semble encore vouloir distordre la notion d’autoproduction et permettre qu’une entreprise privée puisse produire son électricité à l’extérieur de ses terrains, comme TES Canada souhaite par exemple le faire. Ce genre d’autoproduction permettrait aux compagnies privées de s’accaparer d’importants potentiels éoliens et solaires, et ce, aux dépens d’un usage collectif des ressources et d’une occupation harmonieuse du territoire. De plus, le gouvernement permet à Hydro-Québec de se départir des centrales de 100 mégawatts au profit du privé.

« Il est évident qu’avec ce projet de loi, le gouvernement propose d’accroître la privatisation de l’énergie, ce qui constituerait une grave trahison du riche héritage collectif qu’est la nationalisation de l’électricité au Québec. Ce projet de loi pave clairement la voie à la dénationalisation de l’électricité au Québec » a ajouté Patrick Bonin.

Greenpeace accueille favorablement l’engagement à mettre en place d’un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) et à consulter la population pendant le processus d’élaboration et avant son approbation. Il faudra toutefois que cette consultation soit à la hauteur de l’engagement du premier ministre à tenir un « vrai débat de société » sur l’énergie comparativement à la consultation que le gouvernement a tenue dans le passé et qui, selon la société civile, représentait plutôt « un exercice de réflexion restreint et opaque ».  

Notes aux éditeur·rices :

En 2023, Greenpeace a présenté au gouvernement un mémoire dans le cadre de la «consultation» sur  l’énergie menée par le gouvernement. Greenpeace faisait également partie des soixante-deux organisations de secteurs diversifiés, appuyées par des universitaires, qui ont dénoncé la consultation en ligne « sur l’encadrement et le développement des énergies propres » à laquelle le Ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a invité la population du Québec à participer le 2 juin 2023. 

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Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Patrick Bonin, Responsable climat-énergie, Greenpeace Canada

[email protected] ; +1 514 594-1221