La première banque fossile du Canada poursuit ses violations des droits des peuples autochtones et des droits humains dans le monde, tout en investissant massivement dans les combustibles fossiles. 

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TORONTO, ON – Les témoignages de réprésentant·es noir·es et autochtones des mouvements de défense des terres, et le rassemblement de centaines de personnes devant l’Assemblée générale annuelle (AGA) de la Banque Royale du Canada ont conduit cette dernière à céder à certaines demandes relatives aux droits des peuples autochtones et aux changements climatiques, alors que la banque continue d’injecter des milliards de dollars dans des projets de combustibles fossiles au Canada et dans le monde, au mépris des droits humains et de la souveraineté des peuples autochtones. Cette situation survient dans un contexte de confrontation imminente avec ses actionnaires, de multiplication des manifestations devant ses succursales et ses bureaux, et à la suite du déploiement d’une campagne numérique s’adressant à l’ensemble de ses employé·es

Chef héréditaire Na’Moks de la nation Wet’suwet’en : « Si la RBC a inclus le principe de consentement libre, informé et préalable dans sa déclaration sur les droits humains, et élargi sa politique en matière de risques environnementaux et sociaux aux droits des peuples autochtones, cela signifie, en toute cohérence, qu’elle ne doit jamais plus financer des projets tels que Coastal GasLink, un gazoduc qui menace les libertés et la démocratie des peuples autochtones et de l’ensemble des Canadien·nes.  Cette histoire et le rôle de la RBC dans le projet Coastal GasLink sont désormais connus dans le monde entier, grâce aux rencontres et aux échanges avec les communautés menacées par des projets comme celui-ci. Les financements de la RBC destinés aux projets de combustibles fossiles sur les terres autochtones ne feront qu’augmenter si nous ne prenons pas des mesures audacieuses pour faire respecter nos droits et notre souveraineté. »

Vanessa Gray, Première nation Aamjiwnaang : « Le fait de ne pas reconnaître le rôle essentiel que jouent les enseignements autochtones et l’utilisation traditionnelle des terres conduit la Banque Royale du Canada à perdre du temps en perpétuant une hypocrisie maquillée de vert, pendant que nous regardons le climat s’effondrer sous la pression insoutenable de l’exploitation et de l’extraction qu’elle finance. Il s’agit d’une menace permanente pour les droits humains des peuples autochtones et de l’ensemble des habitant·es de la planète. En tant que peuple autochtone, qui a protégé ses connaissances sacrées malgré un génocide inimaginable, notre force collective surpasse le coût que RBC est prête à payer pour notre avenir. »

Des dizaines de défenseurs·ses des terres noir·es et autochtones et leurs allié·es de toute l’Île de la Tortue (Amérique du Nord) ont participé jeudi à l’AGA de la RBC, durant laquelle le conseil d’administration de la banque n’a cessé de les interrompre, de les censurer et de les réduire au silence, malgré l’importance des questions soulevées sur les droits humains, la souveraineté des peuples autochtones et les investissements inconsidérés dans les combustibles fossiles.

Lors de l’AGA 2023 de la RBC, à Saskatoon, ces délégués ont été malmenés et mis à l’écart par les membres du corps policier et d’une société de sécurité privée dans un contexte de surveillance accrue.

L’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC), le Syndicat des employés généraux de la Colombie Britannique (BCGEU), Stand.earth et le vérificateur général de la ville de New York ont déposé des résolutions d’actionnaires ciblant les politiques de la RBC en matière de droits des peuples autochtones et de changements climatiques.  

Grâce à leurs contributions et à une pression soutenue à la table des négociations, la RBC a pris les engagements suivants :

  • Droits des peuples autochtones : la RBC a élargi son processus de gestion des risques sociaux et environnementaux à l’examen des impacts des activités de ses clients sur les terres et les communautés autochtones (I-ESR). Elle a également modifié sa déclaration sur les droits humains pour invoquer les normes internationalement reconnues en matière de droits des peuples autochtones et a accepté d’inclure un examen de ses nouvelles politiques I-ESR dans son audit sur l’équité raciale, qui doit être achevé en 2025. 
  • Changements climatiques : la RBC publiera régulièrement son ratio de financement de l’approvisionnement en énergie propre par rapport au financement de l’extraction de combustibles fossiles (ratio d’approvisionnement en énergie) et rendra compte de sa méthodologie. Cet accord est une étape essentielle pour mieux évaluer le rôle des banques dans la transition climatique, et pour déterminer si elles sont en mesure de respecter leurs engagements en matière de réduction des émissions. 

Par conséquent, les résolutions d’actionnaires ont été retirées. 

Grand chef Stewart Phillip, de l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC) : « La RBC n’est en aucun cas tirée d’affaire. Les politiques sont une chose, mais seules les actions comptent. Nous suivrons de près les progrès de la RBC. Le respect du consentement libre, informé et préalable (CLIP), n’est pas une norme facultative qui ne s’applique que lorsque le consentement est accordé. Ce principe repose également sur le droit de dire “ non ” et de voir ce droit respecté. »

Richard Brooks, directeur du pôle Finance climatique chez Stand.earth : « L’année dernière, la RBC a imposé un système de ségrégation ciblant les délégué·es noir·es et autochtones. Cette année, elle a tenté de censurer les voix en première ligne. Mais celles-ci ont été entendues haut et fort. La RBC ne peut pas combattre les incendies et les inondations à l’aide de campagnes d’écoblanchiment et d’une politique des petits pas, tout en continuant d’injecter des milliards dans des projets de combustibles fossiles responsables du chaos climatique. Ensemble, nous allons vaincre l’argent sale. »

Des centaines de personnes préoccupées par les politiques régressives de la RBC ─ qui représentent un danger pour la planète et bafouent les droits humains partout dans le monde ─ se sont rassemblées à l’extérieur des locaux abritant l’AGA, à Toronto, en présence d’intervenant·es des Défenseurs·ses des terres Wet’suwet’en, du Mouvement de la jeunesse palestinienne et des Gardien·nes de l’eau. Les centaines de personnes réunies autour du Palais des Congrès de Toronto, au sein duquel étaient réunis les actionnaires, ont été confrontées à un important déploiement de compagnies de police et de sécurité privée. La manifestation s’est déroulée au son des tambours en présence d’une gigantesque poupée gonflable de 15 pieds de haut à l’effigie du PDG de la RBC, Dave McKay. 

La RBC est toujours sous le coup d’une enquête du Bureau de la concurrence du Canada concernant sa campagne publicitaire sur le climat, présumée trompeuse, et fait également l’objet d’une plainte en matière de valeurs mobilières pour avoir induit les investisseurs en erreur en utilisant des termes tels que « finance durable » sans fournir les données requises.

La RBC a conclu des accords de financement dans le secteur des combustibles fossiles pour un montant d’au moins 250 milliards de dollars depuis 2016, et affiche l’un des pires ratios au monde en matière de financement de l’énergie propre par rapport à l’énergie sale, selon Bloomberg NEF. En 2022, pour chaque dollar investi dans les combustibles fossiles, seulement 0,37$ a été investi dans les énergies renouvelables. Or, pour que les banques jouent leur rôle dans le maintien du réchauffement climatique sous la barre des 1,5°C, ce rapport devrait être de 4:1 en faveur des énergies propres.

Les engagements de la RBC en matière de climat pour 2030 sont bien en deçà des efforts à mettre en œuvre pour lutter contre la crise climatique de la part du plus important bailleur de fonds canadien des combustibles fossiles. De surcroît, ces engagements ne répondent pas aux exigences fixées par le gouvernement canadien en matière de réduction des émissions d’ici à 2030 (par exemple, une réduction de 42 % des émissions absolues provenant du pétrole et du gaz d’ici 2030).

CITATIONS : 

Celine Isimbi, étudiante à l’Université de Waterloo et organisatrice pour la campagne Change Course, a déclaré : « La RBC met en danger la vie des communautés en première ligne et menace l’avenir des jeunes générations, tout en finançant des programmes de « finance durable » et des compétitions dans les campus pour verdir son image. Le corps étudiant n’est pas dupe et passe à l’action : qu’il s’agisse des principaux syndicats étudiants ─ qui représentent des centaines de milliers d’étudiant·es ─ qui appellent les grandes banques à cesser de financer ces projets néfastes ou des étudiant·es qui militent pour la fermeture des succursales de la RBC sur les campus, partout dans les universités, la jeunesse prend position contre les grandes banques canadiennes. »

Dr. Crystal Cavalier-Keck, directrice générale et cofondatrice de 7 Directions of Service, citoyenne de la bande Occaneechi de la nation Saponi, impliquée dans la lutte contre le gazoduc Mountain Valley Pipeline, financé par la RBC, a déclaré : « La violence exercée sur le territoire est une violence sur nos corps. Pourtant, la Banque Royale du Canada vient encore de garantir une caution de 27 millions de dollars pour le gazoduc Mountain Valley Pipeline, ce qui représente une condamnation à mort pour de nombreux membres de nos communautés. Notre puissante coalition ─ des Appalaches au Yintah ─ continuera de se tenir debout pour défendre les plus vulnérables d’entre nous, ainsi que notre grande Mère Terre. »

Tara Houska, avocate et fondatrice du collectif Giniw, citoyenne de la Première nation Couchiching, impliquée dans l’opposition à la Ligne 3 d’Enbridge (entreprise financée par la RBC), a déclaré : « La saison des feux de forêt s’étend maintenant sur toute l’année, lesa saisons des cultures sontest un véritable chaos et l’eau douce, exempte de pollution, devient de plus en plus précieuse. Pourtant, voilà que la Banque Royale du Canada détient le titre de premier bailleur de fonds pour les combustibles fossiles dans le monde. L’exigence de défendre nos enfants et de défendre la Terre est présente dans de nombreuses cultures autochtones. Pour avoir pris pour cible les derniers écosystèmes sains de la planète, nous vous avons fait perdre, à vous, à vos clients et à vos actionnaires, des milliardssommes incalculables en frais de retards, de procédures juridiques et d’atteinte à votre réputation. Il est plus que temps de respecter les droits humains et le droit de nos enfants à une planète habitable. »

Sharon Lavigne, Organisatrice communautaire et fondatrice de Rise St. James, a déclaré : « Au nom de la justice environnementale et raciale, nous sommes venu·es depuis St. James, en Louisiane, ─ aussi connu sous le nom de “Cancer Alley “ (l’Allée du Cancer) ─ pour adresser directement notre message aux actionnaires de la RBC : cessez de financer l’industrie pétrochimique dans le sud du Golfe. Nous unissons nos luttes pour l’avenir sain, sûr et sans pollution que nous sommes en droit d’attendre. »

Rawan Habib, Mouvement de la jeunesse palestinienne, a déclaré : « Nous savons que les investissements de la RBC dans le colonialisme de peuplement s’étendent au-delà des frontières du Canada, comme le montre le financement continu du génocide en Palestine et ailleurs dans le monde. La RBC finance à l’heure actuelle certains des plus importants fabricants d’armes qui prennent activement pour cible les habitant·es de Gaza et de toute la Palestine. La RBC doit cesser d’investir dans le génocide. »

Juan Mancias, président tribal de la tribu Carrizo/Comecrudo du Texas, a déclaré : « L’histoire et les actions actuelles de la RBC sont truffées de fausses solutions et de mauvaises décisions d’investissement qui représentent un danger pour l’avenir des futures générations. La RBC s’est rendue complice de crimes contre l’humanité et de l’effacement des tribus en finançant le vol et le pillage de terres sacrées appartenant aux communautés peuplant originellement ces territoires pour en extraire des combustibles fossiles. »

Katherine Hahn, organisatrice pour la campagne Gulf Fossil Finance de l’organisation Texas Campaign for the Environment, a déclaré : « La Banque Royale du Canada finance des entreprises étasuniennes spécialisées dans l’armement nucléaire, ainsi que l’intelligence artificielle et la surveillance pour le compte de l’armée israélienne et des communautés frontalières du sud des États-Unis. La RBC finance également tous les terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) au Texas et en Louisiane, à l’exception d’un seul. Il est tout à fait ridicule que la RBC prétende être un leader en matière de climat, alors qu’elle demeure le premier bailleur de fonds pour les combustibles fossiles au Canada, et qu’elle a même augmenté son financement pour le développement de ce secteur l’année dernière. Nous, habitant·es de la côte du Golfe, continuerons de maintenir la pression sur la RBC, tant que celle-ci continuera de maintenir sa mainmise raciste et polluante sur notre région. »

Jason Crazy Bear Keck, cofondateur de 7 Directions of Service, a déclaré : « En tant qu’autochtones des Premières Nations et personnes de couleur historiquement exploitées et ciblées, aux côtés de nos alliés et complices qui sont témoins des dommages causés par l’héritage de pollution sur nos communautés en première ligne, nous trouvons inconcevable de devoir continuer à expliquer la non-soutenabilité et le chaos climatique évident qu’il n’a fallu qu’un peu plus d’un siècle pour imposer à la majorité mondiale pour les profits irresponsables et démesurés d’une poignée d’individus privilégiés. Nous sommes ici pour prendre nos responsabilités et demander des comptes à ceux qui savent mieux que nous mais qui ne font rien. Nous demandons à tous les peuples de se tenir à nos côtés pour nos générations futures et l’avenir de tous nos frères et sœurs non bipèdes, ainsi que pour la Terre elle-même. »

Laura Ullmann, responsable de la campagne Climat chez Greenpeace Canada, a déclaré : « La marée tourne à mesure que nous nous élevons, ensemble.

Les projets de combustibles fossiles que la RBC soutient financièrement bafouent les droits des peuples autochtones et sont la cause du chaos climatique. Agir contre ça  implique de cesser tout financement de la production de combustibles fossiles, qu’il s’agisse de nouveaux projets ou de projets d’expansion, en utilisant le scénario Net Zero de l’AIE comme guide pour établir une stratégie climatique. Cela implique également de présenter sans attendre des objectifs de réduction et des plans visant à diviser par deux les émissions financées d’ici à 2030, et enfin, de veiller à ce que tous les projets financés soutiennent, affirment et respectent les droits des peuples autochtones. »

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Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Laura Ullmann, Responsable de la campagne climat, Greenpeace Canada

[email protected] ; +1 438 992-1763