TORONTO – La Commission des valeurs mobilières de l’Alberta a accepté d’examiner une plainte déposée par Greenpeace Canada selon laquelle Suncor Energy n’aurait pas divulgué toutes les informations relatives aux risques climatiques associés à ses activités. La plainte allègue que Suncor a supprimé les avertissements sur la possibilité de se retrouver avec des actifs liés aux sables bitumineux bloqués dans son scénario à faible émission de carbone, alors même qu’elle augmentait son exposition aux actifs bloqués en vendant ses actifs éoliens et solaires afin d’accroître ses investissements dans les sables bitumineux. De tels avertissements figuraient pourtant dans ses rapports sur les risques climatiques des années précédentes. En vertu de la loi sur les valeurs mobilières de l’Alberta, le fait de ne pas informer pleinement les actionnaires des risques encourus peut entraîner des poursuites pour fraude ou des actions collectives en justice.
« Suncor a cessé d’informer ses actionnaires du risque qu’une part importante de ses actifs dans les sables bitumineux soit sans valeur dans un avenir à faibles émissions de carbone, alors même qu’elle augmente ses investissements dans les sables bitumineux et vend ses actifs antérieurs dans l’énergie éolienne et solaire », a déclaré Keith Stewart, stratège principal en matière d’énergie chez Greenpeace Canada. « Le fait de ne pas publier d’informations sur les actifs bloqués n’élimine pas ce risque pour autant. La Commission des valeurs mobilières de l’Alberta doit obliger la direction de Suncor à dire aux actionnaires et au public que sa nouvelle stratégie commerciale ne fonctionne que dans un monde où la crise climatique persiste sans que rien ne soit fait pour l’enrayer. »
Greenpeace Canada a présenté ses arguments dans un document d’information de 10 pages qui compare les informations communiquées par Suncor en 2023 aux versions antérieures de ses rapports sur les risques climatiques. Suncor a commencé à publier un rapport annuel sur les risques climatiques suite à l’adoption quasi-unanime (à 98 %) d’une résolution des actionnaires réclamant de telles divulgations en 2016.
Dans chacun de ses rapports sur les risques climatiques et la résilience publiés entre 2017 et 2020, l’entreprise a indiqué qu’ « aucun actif existant n’est bloqué » dans la section Impact prévu sur Suncor de son scénario à faible émission de carbone, mais que « les nouveaux projets d’expansion des sables bitumineux sont contestés et peu susceptibles de voir le jour » [1]. En 2021 et 2022, son scénario de faible émission de carbone mettait en garde contre les actifs bloqués et la nécessité d’accroître son portefeuille d’énergie à faible émission de carbone tout en réduisant les émissions issues de l’exploitation des sables bitumineux » [2].
Dans son rapport sur les risques climatiques de juillet 2023, Suncor a supprimé la section Impact prévu sur Suncor de son analyse de scénario [3], une action qui a été précédée par l’annonce de son intention de vendre tous ses actifs éoliens et solaires en octobre 2022 [4] et l’achat d’une plus grande part du projet minier de sables bitumineux de Fort Hills [5]. Le nouveau PDG de Suncor, Rich Kruger, a clairement indiqué que cette démarche s’inscrivait dans le cadre d’une nouvelle stratégie commerciale lorsqu’il a affirmé en août 2023 que l’entreprise avait « accordé une importance un peu disproportionnée à la transition énergétique à long terme » et qu’ « aujourd’hui, nous gagnons en créant de la valeur grâce à notre vaste base d’actifs intégrée, soutenue par les sables bitumineux » [6].
Dans sa plainte à la Commission des valeurs mobilières de l’Alberta, Greenpeace Canada affirme que ce changement de stratégie commerciale accroît la vulnérabilité de Suncor aux risques de transition climatique et aux actifs bloqués dans le cadre d’un avenir à faibles émissions de carbone. Greenpeace Canada demande donc à la Commission des valeurs mobilières de l’Alberta d’enquêter pour déterminer si Suncor n’a pas divulgué adéquatement les risques climatiques de transition associés à la modification récente de sa stratégie commerciale et, au minimum, d’ordonner à Suncor de réintégrer la section Impact prévu sur Suncor dans ses divulgations sur les risques climatiques.
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Notes aux éditeur·rices :
La plainte de Greenpeace Canada à la Commission des valeurs mobilières de l’Alberta est disponible au : https://www.greenpeace.org/static/planet4-canada-stateless/2023/10/5f0f702e-greenpeace[…]ties-commission-complaint-re-suncor-climate-disclosures.pdf (disponible en anglais seulement)
[1] Des liens vers tous les rapports annuels de Suncor sur les risques climatiques sont disponibles dans la plainte de Greenpeace Canada et au : https://www.suncor.com/fr-ca/developpement-durable/production-de-rapports-sur-le-developpement-durable/rapports-archives
[2] « Certains actifs de production du secteur Amont pourraient être retirés du service avant la fin de leur vie utile. Le maintien et l’optimisation des activités de base, l’apport d’un flux de trésorerie stable pour favoriser les retours aux actionnaires et la croissance des fonds pour des activités énergétiques à faible intensité carbonique élargies (carburants renouvelables, électricité, hydrogène). » Source : https://sustainability.suncor.com/-/media/project/ros/shared/documents/climate-reports/2021-climate-report-fr.pdf
[6] https://www.cbc.ca/news/canada/calgary/suncor-too-focused-on-energy-transition-rich-kruger-says-1.6937360 (disponible en anglais seulement)
Pour plus de renseignements, veuillez contacter :
Keith Stewart, stratège senior en énergie, Greenpeace Canada[email protected] ; +1 416 659-0294