Les biscuits Oreos vendus dans les rayons des épiceries canadiennes contiennent de l’huile de palme, dont la culture en Indonésie est l’un des principaux facteurs de perte d’habitat pour l’orang-outan.

12 novembre 2018 (JAKARTA) – Une nouvelle analyse cartographique de Greenpeace International révèle qu’en seulement deux ans, des fournisseurs en huile de palme du géant alimentaire Mondelez, qui fabrique notamment les biscuits Oreo, ont détruit près de 25 000 hectares d’habitat d’orangs-outans en Indonésie [1].

Mondelez est l’un des plus gros acheteurs mondiaux d’huile de palme, cette dernière est utilisée dans nombre de ses produits, y compris les biscuits Oreo [2]. Greenpeace International a découvert qu’entre 2015 et 2017 [3], 22 fournisseurs de Mondelez avaient détruit plus de 70 000 hectares de forêts tropicales en Indonésie – une surface plus grande que la ville de Chicago, où se trouve le siège social de Mondelez. [4]

« Alors qu’elle s’était engagée il y a presque dix ans à se fournir uniquement en huile de palme Zéro Déforestation, la multinationale Mondelez fait encore affaire avec des fournisseurs dont l’activité est liée à la déforestation: c’est scandaleux. Il est possible de produire de l’huile de palme sans détruire les forêts et les espèces qui y vivent, contrairement à ce que continuent de faire les négociants et fournisseurs avec qui Mondelez traite. Les orangs-outans sont aujourd’hui au bord de l’extinction : ils sont sacrifiés pour des biscuits », explique Kiki Taufik, responsable de la campagne forêt à Greenpeace Indonésie.

Mondelez achète une grande partie de son huile de palme auprès de Wilmar International, le plus gros négociant d’huile de palme au monde. Greenpeace demande à Mondelez de ne plus faire affaire avec Wilmar jusqu’à ce qu’il soit en mesure de prouver que son huile de palme provient de producteurs qui ne détruisent les forêts tropicales ni n’exploitent les populations.

« Le PDG de Mondelez International, Dirk Van de Put, a promis d’offrir aux consommateurs des “biscuits justes”. Il n’y a rien de juste dans une huile de palme produite en tuant des orangs-outans et en nourrissant les changements climatiques », affirme Taufik.

Les produits Oreo que l’on trouve sur les tablettes des épiceries à travers le Canada contiennent de l’«huile de palme modifiée» et, selon Mondelez, le Canada est l’un des principaux marchés pour ces biscuits. [5]

« Plus de 10 000 personnes ont signé la pétition au Canada et nous ne resterons pas les bras croisés pendant que les forêts tropicales d’Indonésie s’envolent en fumée. Les forêts sont les poumons de notre planète, les protéger c’est nous protéger aussi. De l’Indonésie à la forêt boréale canadienne, les forêts sont essentielles pour la santé de notre climat »ajoute Marie Moucarry,  conseillère aux communications chez Greenpeace Canada. [6]

Les scientifiques sont inquiets de la menace que fait peser la déforestation due à la culture de l’huile de palme sur les orangs-outans et d’autres espèces en danger. L’année dernière, une étude concluait que le nombre d’orangs-outans de Bornéo avait diminué de moitié au cours des 16 dernières années. [7]

La semaine dernière, la Secrétaire générale du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique Cristiana Pasca Palmer, a averti que la perte de biodiversité était  « un tueur silencieux » et une menace aussi sérieuse que les changements climatiques.

La destruction des forêts tropicales produit plus d’émissions de gaz à effet de serre chaque année que l’Union européenne dans son ensemble, dépassant tous les pays à l’exception des États-Unis et de la Chine. En octobre 2018, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a appelé à un arrêt immédiat de la déforestation pour limiter la hausse des températures planétaires à 1,5 °C.

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Carte de l’habitat des orangs-outans et de la perte de forêt

Disponible ici

 

Notes

[1] Rapport (en anglais seulement): Dying for a cookie: how Mondelēz is feeding the climate and extinction crisis

[2] En 2017, Mondelez a utilisé 306 554 tonnes d’huile de palme et ses dérivés. En 2016, Mondelez a utilisé 312 266 tonnes d’huile de palme. Basé sur l’analyse des listes d’ingrédients. Les variations de fabrication signifient que l’huile de palme, de canola ou de soja peut être utilisée dans différentes régions ou usines.

[3] Greenpeace International a analysé la déforestation imputable à 25 groupes de producteurs d’huile de palme et a croisé ces informations avec la chaîne d’approvisionnement publiée par Mondelez et d’autres marques. En raison de la nature du commerce de l’huile de palme (et de l’action de la société), il est possible que certains de ces producteurs ne fournissent pas Mondelez en huile de palme maintenant, mais qu’ils étaient tous fournisseurs entre 2015 et 2017, au moment où la destruction de la forêt a eu lieu. Mondelez s’est d’abord engagé à assainir ses chaînes d’approvisionnement en 2010 et a publié une politique «Pas de déforestation, pas de tourbe, pas d’exploitation» en 2014. Les fournisseurs d’huile de palme de Mondelez ont également été accusés de faire travailler des enfants, d’exploiter des travailleurs, de pratiquer une déforestation illégale, de causer des incendies de forêts et d’accaparer des terres.

[4] Entre 2015 et 2017, 22 des fournisseurs d’huile de palme ont détruit 70 770 hectares de forêt tropicale en Indonésie et dans les pays voisins de l’Asie du Sud-Est. Mondelez est basé à Deerfield, dans l’Illinois, dans la banlieue de Chicago. La ville de Chicago s’étend sur 60 600 hectares.

[5] Consultez cette fiche d’information Oreo datée de 2017. Il n’est pas spécifié explicitement si l’huile de palme utilisée pour la production d’Oreo au Canada provient de fournisseurs responsables de déforestation.

[6] Plus de 10 000 personnes ont signé la pétition au Canada et plus d’un demi million de personnes l’ont signée mondialement, demandant aux grandes compagnies d’arrêter d’utiliser de l’huile de palme détruisant les forêts tropicales.

[7] De récentes études révèlent que les orangs-outans de Sumatra et de Tapanuli ont perdu plus de la moitié de la moitié de leur habitat entre 1985 et 2007. Les trois espèces sont classées comme en voie de disparition, tout comme le tigre et le rhinocéros de Sumatra.

 

Contacts

Greenpeace International Press Desk, +31 (0)20 718 2470 (available 24 hours), [email protected]

Sol Gosetti, Coordinatrice des communications internationales, Campagne forêt en Indonésie, Greenpeace Asie du Sud-Est, [email protected], +44 (0) 7380845754

Marie-Christine Fiset, responsable des médias, Greenpeace Canada, [email protected], +1-514-400-3256.

Orangutans at BOS Nyaru Menteng Orangutan Rescue Center in Indonesia. © Bjorn Vaugn Passer à l'action