RBC a déplacé son assemblée générale annuelle (AGA) à Saskatoon, où l’attendait un puissant mouvement exigeant qu’elle cesse de financer les violations des droits des peuples autochtones et d’alimenter le  chaos climatique

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TERRITOIRE TRADITIONNEL DES NATIONS ĨYÃĦÉ NAKÓN MĄKÓCE (STONEY), OČHÉTHI ŠAKÓWIŊ, NIITSÍTPIIS-STAHKOII, ᖹᐟᒧᐧᐨᑯᐧ ᓴᐦᖾᐟ (BLACKFOOT / NIITSÍTAPI ᖹᐟᒧᐧᒣᑯ), MICHIF PIYII (MÉTIS) ET CRIE, SASKATOON, SASKATCHEWAN, CANADA) Ce matin, en refusant l’accès à la délégation autochtone qui s’est présentée à l’assemblée générale annuelle (AGA) de RBC à Saskatoon, la banque a prouvé qu’elle n’a guère d’intérêt pour la réconciliation et a renforcé son soutien pour le colonialisme corporatif.  En parallèle, des centaines de protecteur·rices de l’eau autochtones, de jeunes et de personnes alliées ont investi l’AGA de RBC. L’AGA de RBC a lieu exactement une semaine après l’arrestation de cinq défenseur·ses de l’eau et des terres, pour la plupart des femmes autochtones, lors d’une descente effectuée par le Groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et l’industrie (GISCI) de la GRC au poste de contrôle Gidimt’en.

« Le PDG Dave McKay est personnellement responsable des abus que les peuples autochtones ont subis de la part de RBC. La mise en œuvre un système de droits à deux niveaux qui sépare les représentant·es autochtones de la salle principale, montre que la plus grande banque du Canada ne s’intéresse pas à la réconciliation ou à nos droits humains », a déclaré le chef Na’Moks, chef héréditaire Wet’suwet’en. « RBC finance le colonialisme corporatif et déplace les peuples autochtones de leurs terres sous la menace d’une arme pour construire des pipelines, et ce bien que nous ne pouvons pas nous le permettre.  Lorsque la Colombie-Britannique et le Canada affirment que nous sommes coupables de « désobéissance civile », la vérité est que nous obéissons à nos lois traditionnelles de protection des eaux, des terres et de l’air. Même si RBC, le Canada et la Colombie-Britannique essaient d’éteindre nos droits et nos titres, nous resterons l’autorité sur nos terres.. »

À l’intérieur de l’AGA, la majorité de la délégation autochtone, y compris les chef héréditaires Wet’suwet’en, les Aîné·es et les représentant·es des jeunes Wet’suwet’en, ainsi que les représentant·es de Gulf South, se sont vus interdire l’accès à la salle principale de l’AGA – bien qu’iels aient des procurations en bonne et due forme – et ont été menacé·es d’arrestation. Un étudiant de l’École de gestion Ivey, présent au nom de l’association jeunesse Banking on a Better Future ainsi que des représentants de la West Coast Environmental Law (WCEL) ont également été empêchés d’entrer dans la salle principale pour témoigner.

RBC a choisi d’appliquer un système de réserve à son assemblée générale annuelle, obligeant les délégué·es autochtones à se rendre dans une salle secondaire et à utiliser un laissez-passer d’une couleur distinctive.

La décision de RBC est une nouvelle confirmation de l’engagement de la banque en faveur du colonialisme corporatif.  RBC est le principal bailleur de fonds du pipeline Coastal GasLink, qui n’a pas reçu le consentement des chefs héréditaires, soit les propriétaires légitime des terres.

À l’extérieur de l’assemblée, des centaines de personnes se sont rassemblées pour exhorter RBC à mettre fin à ses tactiques d’écoblanchiment, à respecter la souveraineté autochtone et à cesser progressivement de financer les combustibles fossiles. Il y a eu du tambour, de la musique et des prises de parole de groupes locaux et de délégations autochtones de toute l’Amérique du Nord. 

Alors que les leaders de RBC recommandaient de rejeter toutes les résolutions d’actionnaires se retrouvant dans le cahier pour les votes par procuration et portant sur l’action climatique et les droits des peuples autochtones, ces résolutions ont reçu un soutien accru et sans précédent, y compris les suivantes :

Cette semaine encore, des rapports ont révélé que RBC a contribué à organiser un financement de 5,4 milliards de dollars «lié au développement durable» pour un exploitant de mines de charbon en Allemagne, et les propriétaires traditionnels des îles Tiwi, en Australie, ont déposé des plaintes pour violation des droits de l’homme contre 12 banques, dont RBC, pour leur participation à un projet gazier de 4,7 milliards de dollars.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une hausse mondiale des résolutions d’actionnaires en faveur du consentement préalable, libre et éclairé des peuples autochtones (FPIC) et de l’action climatique. Alors que l’assemblée se terminait, la foule a déployé des banderoles demandant à RBC de cesser de financer les combustibles fossiles et de violer les droits des peuples autochtones, dont une arborant les noms de plus de 40 000 personnes ayant agi par le biais de pétitions, d’appels aux leaders de RBC et d’autres méthodes.

« Le financement par RBC de projets tels que le gazoduc Coastal GasLink ouvre la voie aux descentes policières armées sur le territoire des Wet’suwet’en, qui attaquent et blessent les femmes autochtones et les défenseur·ses des terres. En fait, la GRC a même utilisé  mon adresse civile comme adresse pour leur camp. RBC ne peut pas prétendre prendre la réconciliation au sérieux tout en finançant la violence contre les femmes autochtones et les défenseur·ses des terres sur nos propres territoires »,  a déclaré Tante Janet, une matriarche Wet’suwet’en. « Le financement par RBC de projets de combustibles fossiles comme Coastal GasLink, qui mettent en danger notre communauté et la Wedzin Kwa, et les camps d’hommes qui sont ensuite construits pour bâtir ces projets, sont la raison pour laquelle nous avons une épidémie de femmes et d’enfants autochtones disparu·es et assassiné·es sur nos terres. Nous avons porté du rouge à l’AGA de RBC pour que les souvenirs de nos proches et de la violence subie soient transmis directement aux dirigeant·es de RBC. »

Les événements d’aujourd’hui ont eu lieu dans la foulée des manifestations du samedi 1er avril, où des milliers de personnes ont participé à plus de 35 actions et se sont donné rendez-vous dans les succursales de RBC à Vancouver, Edmonton, Winnipeg, Ottawa, Toronto, Montréal, Moncton, Halifax et dans d’autres villes.

« Rien ne justifie la violation brutale et continue des droits des peuples autochtones, tant sur le Yintah en territoire Wet’suwet’en que partout ailleurs. Tout processus qui prétend défendre nos droits tout en nous imposant des pipelines sous la menace d’une arme tourne en dérision le concept du consentement libre, préalable et éclairé, a déclaré le grand chef Stewart Phillip de l’Union of British Columbia Indian Chiefs (UBCIC). Si RBC prenait nos droits au sérieux, il n’y aurait pas de descentes policières visant à expulser des personnes de leurs propres terres pour faciliter la mise en œuvre d’un projet qu’elle finance seulement quelques jours avant la tenue de son assemblée générale annuelle. Ce mépris des droits des peuples autochtones est inacceptable et doit cesser. »

Mardi, des communautés autochtones de partout au pays ont organisé un rassemblement et un festin dans la ville de Saskatoon afin de nouer des relations à la suite de la tournée Strengthening Our Sovereignty de l’été dernier. Le festin a été suivi d’une table ronde intitulée « Qui finance la destruction de nos terres? », à laquelle ont participé des délégué·es Wet’suwet’en aux côtés de protecteur·rices de l’eau et des terres qui luttent contre les projets de combustibles fossiles financés par RBC dans le monde entier, notamment les pipelines Coastal GasLink et Trans Mountain (TMX), la ligne 3 d’Enbridge, des projets de GNL dans le golfe du Mexique et des projets de sables bitumineux. 

Malgré ses engagements en matière de carboneutralité et son discours public, RBC continue de financer l’expansion des combustibles fossiles, notamment en finançant des projets dangereux qui portent atteinte à la souveraineté autochtone, comme le pipeline Coastal GasLink, et ce sans le consentement des chefs héréditaires Wet’suwet’en.

« La montée en flèche des coûts associés à ce pipeline inutile et le financement de la violence policière par RBC se répercutent sur les gens ordinaires à travers le soi-disant Canada. Non seulement Coastal GasLink met en danger les eaux pures de la Wedzin Kwa, mais le pipeline n’a jamais été économiquement viable, a déclaré Eve Saint, défenseuse des terres Wet’suwet’en et responsable de la campagne Finance du poste de contrôle Gidimt’en. Les projets extractifs tels que Coastal GasLink engendrent de graves injustices à l’encontre des peuples autochtones, notamment des tentatives pour nous priver de notre droit de nous déplacer librement sur nos terres et le harcèlement que nous subissons de la part de la GRC et de l’industrie. Nous sommes ici pour envoyer un message clair à RBC afin qu’elle cesse d’utiliser l’argent public pour financer la violence policière et les violations des droits des peuples autochtones. »

RBC fait actuellement l’objet d’une enquête du Bureau de la concurrence du Canada pour avoir prétendument trompé les consommateur·rices avec des publicités vantant ses engagements climatiques tout en continuant à augmenter son financement des projets de charbon, de pétrole et de gaz.

« RBC prétend donner du pouvoir aux jeunes, mais en réalité, elle les prive de leur avenir. RBC affirme aider les jeunes, mais elle finance activement la destruction de notre avenir en finançant les combustibles fossiles et en dévastant mes terres en tant que jeune Wet’suwet’en », a déclaré Shaylee Holland, une jeune Wet’suwet’en. « C’est nous qui devrons vivre avec les conséquences des changements climatiques et de la pollution causés par des projets comme Coastal GasLink. C’est hypocrite et moralement inacceptable.  »

Le nouveau rapport du GIEC publié récemment affirme que nous ne pouvons nous permettre de mettre en œuvre des projets d’expansion de combustibles fossiles et que nous devons immédiatement nous désengager du charbon, du pétrole et du gaz. Ce rapport sera suivi de la publication de l’édition 2023 du rapport Banking on Climate Chaos, prévue pour le 13 avril.

CITATIONS

Le chef Na’Moks nous a rappelé les paroles du défunt chef Madeek : « La Colombie-Britannique et le gouvernement fédéral parlent de réconciliation. Ils parlent de réconciliation et contreviennent à cet engagement en tentant de nous imposer des pipelines et des industries, et ce n’est tout simplement pas notre façon de fonctionner. Aucun pipeline ne passera en territoire Wet’suwet’en. »

Vanessa Gray, coordinatrice de la campagne de désinvestissement d’Indigenous Climate Action, a déclaré : « Les grandes banques canadiennes telles que RBC sont les principaux investisseurs dans des projets de combustibles fossiles qui continuent de violer les droits des peuples autochtones. Notre souveraineté et nos traditions se sont non seulement révélées être un risque important pour les entreprises et leurs investisseurs, mais la menace qui pèse sur nos modes de vie constitue également un risque climatique pour l’ensemble de la population. Les droits des peuples autochtones ont la capacité d’arrêter les projets. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) reconnaît que le consentement libre, préalable et éclairé (CLPE) permet aux peuples autochtones d’accorder ou de refuser leur consentement à tout projet susceptible d’affecter leurs communautés ou leurs territoires. »

Roishetta Ozane, directrice générale de The Vessel Project et coordinatrice financière de l’initiative The Gulf Fossil de la Texas Campaign for The Environment, a déclaré : « Il est temps que les grandes banques comme RBC cessent de financer le racisme environnemental. Au cours des dernières années, les États-Unis sont devenus le plus grand exportateur de méthane au monde. Dans la région du Lac Charles, où près de la moitié des habitant·es sont noir·es, nous luttons littéralement pour notre vie et somme en première ligne de la crise climatique, et pourtant des banques comme la Banque Royale du Canada continuent de financer des projets liés aux combustibles fossiles. Trop c’est trop. »

Maya Menezes, organisatrice senior Finance & Climat chez Stand.earth, a déclaré: « RBC joue à l’autruche en doublant la mise sur l’expansion des combustibles fossiles, en violant la souveraineté autochtone et en alimentant le chaos climatique. Si le dernier rapport du GIEC est le guide de survie de l’humanité, les tactiques d’écoblanchiment de RBC sont un guide de destruction. Il est temps pour RBC de se désinvestir de Coastal GasLink et des combustibles fossiles et d’investir dans des solutions sans danger pour le climat. »

Dani Michie, chargée de campagne numérique chez Banking on a Better Future, a déclaré : « RBC compte sur les jeunes et les étudiant·es comme clientèles clés et sur les jeunes talents afin de renflouer sa main-d’œuvre. Elle essaie de nous vendre une image de durabilité en déployant des tactiques d’écoblanchiment, mais nous voyons clair dans son jeu. RBC détruit activement notre avenir en continuant à financer l’expansion des combustibles fossiles, ce qui contribue à alimenter la crise climatique. La banque continue de négliger notre avenir collectif et perpétue les violations des droits des peuples autochtones. Les jeunes de tout le pays demandent à RBC de se désinvestir des combustibles fossiles et de respecter les droits de la personne. »

Gabrielle Willms, organisatrice chez For Our Kids, a déclaré : « RBC prétend agir sur le climat et soutenir la réconciliation, mais ses actions nous prouvent le contraire. En tant que principal bailleur de fonds de l’expansion des combustibles fossiles et de projets qui violent les droits des peuples autochtones comme Coastal GasLink, RBC a montré qu’elle privilégie les profits des actionnaires plutôt qu’un avenir sûr et équitable pour l’ensemble de la population. Les parents et les familles de tout le pays y voient clair et exigent mieux – nous ne nous laisserons pas berner par les tactiques d’écoblanchiment de RBC, et nous ne resterons pas les bras croisés pendant qu’elle continue de porter atteinte aux droits de la personne et de mettre en danger les enfants et les générations futures au nom de ses résultats financiers. »

Laura Ullmann, responsable de la campagne Climat chez Greenpeace Canada, a déclaré : « RBC est bel et bien la pétro-banque du Canada. Elle fait beaucoup de belles promesses concernant les droits des peuples autochtones et l’action climatique, mais sa décision de dire à ses investisseurs de voter contre la souveraineté autochtone et les résolutions en faveur de l’action climatique témoigne de ses véritables intentions. Qui plus est, elle est le principal bailleur de fonds des combustibles fossiles au Canada et le 5e à l’échelle mondiale. Partout dans le monde, les banques ont pris conscience de la résistance croissante à leur financement de la destruction. RBC devrait suivre leur exemple et joindre le geste à la parole. »

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Crédit photo: Katie Wilson

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