La nouvelle lettre met en évidence d’autres préoccupations juridiques et environnementales liées au projet

HALIFAX / TERRITOIRE TRADITIONNEL DES MI’KMAQ – Huit groupes environnementaux d’envergure de partout au pays avisent une fois de plus le gouvernement canadien qu’il doit procéder à une évaluation d’impact fédérale du projet proposé d’exportation de gaz naturel liquéfié Goldboro (Goldboro LNG) de Pieridae Energy en Nouvelle-Écosse. Dans une lettre adressée au ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, les groupes invoquent des préoccupations juridiques et environnementales découlant de l’échec continu du gouvernement fédéral d’évaluer le projet Goldboro LNG. 

La construction d’une nouvelle installation de gaz naturel liquéfié (GNL), comme celle proposée pour Goldboro, devrait automatiquement faire l’objet d’une évaluation d’impact fédérale puisque les projets de GNL sont expressément désignés comme une activité en vertu du Règlement sur les activités concrètes de la Loi sur l’évaluation d’impact (LÉI) fédérale. Au lieu de cela, le gouvernement fédéral s’est appuyé sur une évaluation fédérale antérieure d’un projet très différent réalisé sur le même site pour exempter illégalement Goldboro LNG d’une évaluation.

En 2007, une proposition antérieure pour le même site avancée par Keltic Petrochemicals Inc. a fait l’objet d’une évaluation environnementale. La proposition de Keltic concernait une installation de fabrication de granules de plastique et de regazéification et d’importation de GNL. Pour sa part, le projet de Goldboro LNG vise la liquéfaction et l’exportation de GNL et ne comporte pas de composante de fabrication de granules. Cela signifie que le projet Goldboro LNG comporte des aspects nouveaux, tels des réfrigérants à forte teneur en carbone et des émissions fugitives de méthane, qui n’ont jamais été évalués par le gouvernement fédéral. Plusieurs conditions d’approbation liées au projet de Keltic seraient impossibles à respecter dans le cadre du projet Goldboro LNG en raison de la nature unique de chaque projet, ce qui illustre encore une fois l’absurdité de prétendre que les projets sont identiques, affirment les groupes. 

Bien que Pieridae le présente comme une initiative « durable », le projet Goldboro LNG produirait de nouvelles émissions massives de gaz à effet de serre en amont et en aval, en plus des émissions majeures générées par l’installation elle-même. En échouant d’évaluer correctement ce projet, le gouvernement fédéral passe sous silence ces émissions nocives qui rendraient difficile l’atteinte d’objectifs de réduction d’émissions de la Nouvelle-Écosse et du Canada. L’établissement d’une nouvelle infrastructure d’échange de GNL pourrait freiner la transition vers des sources d’énergie plus vertes dans les marchés visés par le projet.

La lettre intervient au moment où le chancelier allemand Olaf Scholz prévoit se rendre au Canada en août pour discuter de nouveaux accords concernant le GNL. La majeure partie du GNL de l’installation de Goldboro serait exportée vers l’Allemagne.

De plus, les groupes affirment que l’invasion de l’Ukraine par la Russie ne devrait pas servir de justification au gouvernement et aux entreprises comme Pieridae pour chercher à se soustraire aux exigences claires d’évaluation d’impact de la LÉI et aller de l’avant avec de nouveaux projets de GNL, alors que la demande européenne à long terme de GNL canadien n’est toujours pas chose certaine.

Les groupes ont d’abord attiré l’attention sur l’absence d’une évaluation d’impact fédérale pour Goldboro LNG dans une lettre adressée en mai 2021 à Jonathan Wilkinson, alors ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, et à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. En novembre 2021, les groupes ont reçu une réponse de Terence Hubbard, alors président par intérim de l’Agence, qui indiquait que Pieridae n’irait pas de l’avant avec le projet tel qu’il avait été proposé après avoir raté des cibles de financement critiques. Pieridae a récemment indiqué qu’elle comptait poursuivre le développement du projet.

La lettre a été envoyée par Ecojustice au nom du Ecology Action Centre, de la Nova Scotia Fracking Resource and Action Coalition, de l’Alliance anti-gaz de schiste du Nouveau-Brunswick, de la Fondation Sierra Club Canada, du Conseil des Canadiens, d’Environnement Vert Plus, du Citizens’ Oil & Gas Council et de Greenpeace Canada. Les mandats de ces groupes couvrent la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, le Québec, l’Alberta et l’ensemble du Canada.

James Gunvaldsen Klaassen, avocat chez Ecojustice, a dit :
« Le Pacte climatique de Glasgow a récemment réaffirmé que le monde doit maintenir le réchauffement de la planète à 1,5°C, et des organisations comme l’Agence internationale de l’énergie ont fait valoir que les nouveaux projets de combustibles fossiles n’ont pas leur place dans un avenir net zéro d’ici 2050. L’échec du gouvernement fédéral de tenir pleinement compte des émissions de GES de Goldboro LNG est inexcusable si l’on tient compte de la crise climatique et des objectifs de réduction des émissions du Canada et de la Nouvelle-Écosse. »

« Le fait de s’appuyer sur l’approbation du projet de Keltic impose des conditions inutiles et inapplicables au projet Goldboro LNG et engendre un risque sérieux que le projet soit réalisé sans les conditions requises et appropriées pour les installations d’exportation de GNL. »

« Le gouvernement fédéral peut et doit corriger des années de non-conformité législative et entreprendre une évaluation environnementale transparente et approfondie du projet Goldboro LNG. »

Thomas Arnason McNeil, coordinateur de la politique climatique au sein du Ecology Action Centre, a dit :

« Alors que la population de la Nouvelle-Écosse est confrontée à la menace croissante d’un climat de plus en plus instable, approuver toute infrastructure de combustible fossile est au mieux irresponsable. Le faire sans une évaluation complète et indépendante de l’impact d’un projet sur notre environnement et la santé de nos communautés est une folie absolue. Le projet Goldboro LNG de Pieridae n’est rien de moins que du mercantilisme guerrier, et il est décourageant de voir le gouvernement canadien faciliter cette attaque contre notre climat et notre avenir. » 

Pascal Bergeron, porte-parole d’Environnement Vert Plus, a dit :
« Ce projet d’acheminement de gaz naturel vers l’Europe par Pieridae et, maintenant, par les ministres Guilbeault et Wilkinson, ne fera qu’aggraver le désastre climatique qui nous guette. Si chaque projet au Canada doit être évalué de façon adéquate et impartiale, comme l’a dit le ministre Guilbeault à propos du projet Bay du Nord, tous les terminaux d’exportation devraient l’être également – ou se faire démanteler. »

Jim Emberger, porte-parole de l’Alliance anti-gaz de schiste du Nouveau-Brunswick, a dit : 

« Les décisions hâtives et fondées sur des informations erronées ou désuètes peuvent être désastreuses pour tout projet, particulièrement si elles sont conçues pour durer plusieurs décennies. Une fois prises, ces décisions ne peuvent généralement pas être modifiées. À une époque où les catastrophes climatiques, la dégradation environnementale et la transition énergétique s’accélèrent, s’engager à opérer une infrastructure de combustibles fossiles pendant 30 ans sans une étude complète de ses impacts sur le climat, l’environnement et l’évolution rapide des besoins énergétiques dépasse la mauvaise politique publique et frise l’irresponsabilité totale. Des évaluations d’impact véritables et actuelles doivent être exigées pour l’ensemble de ces projets. »

Ken Summers, porte-parole de la Nova Scotia Fracking Resource and Action Coalition, a dit :
« Depuis le début, Pieridae se comporte comme si Goldboro LNG était bénéfique pour la Nouvelle-Écosse et sa population. En réalité, les émissions de ce projet auraient un impact dévastateur sur les engagements de la Nouvelle-Écosse en matière de climat, sans parler du fait que la responsabilité pour les émissions en aval serait refilée à autrui. Il est ridicule d’utiliser l’instabilité énergétique actuelle causée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour justifier de contraindre le Canada et le monde d’endurer des décennies supplémentaires de dépendance face aux combustibles fossiles qui ne feront qu’aggraver la crise climatique. » 

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, a dit :
« Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, n’aurait pas pu être plus clair lorsqu’il a affirmé qu’« investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est un non-sens moral et économique ». La construction d’un nouveau terminal d’exportation de GNL représente exactement ce non-sens. Alors que des communautés partout dans le monde sont confrontées à des vagues de chaleur, des inondations et des feux de forêt de plus en plus meurtriers et destructeurs, le Canada devrait miser sur les énergies renouvelables et les mesures d’économie d’énergie et aider les autres à faire de même. »

Tynette Deveaux, coordinatrice des communications de la Fondation Sierra Club Canada, a dit :

« Il est difficile de prendre au sérieux les plans de notre gouvernement en matière de climat, alors qu’il ne parvient pas toujours à tenir ses promesses en la matière – et fait parfois exactement le contraire. Le projet Goldboro LNG est un excellent exemple de l’incapacité du gouvernement à joindre la parole aux actes en matière d’action climatique. 

Pieridae et ses partisans peuvent prétendre qu’ils viennent au secours de l’Europe à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais les faits sont clairs : ce projet, même s’il allait de l’avant sans évaluation d’impact fédérale, ne commencerait pas à exporter du gaz vers l’Allemagne avant 2028. »

Mike Sawyer, directeur exécutif du Citizens’ Oil & Gas Council, a déclaré :

« Le projet proposé d’exportation de GNL de Pieridae fait partie du grand mensonge selon lequel le gaz naturel, et donc le GNL, est respectueux de l’environnement et permettra de lutter contre le changement climatique. Le fait est que le GNL produit dans l’Ouest canadien peut produire jusqu’à 27 % de CO2 de plus que la combustion du charbon. Nous avons besoin d’une évaluation environnementale appropriée afin que le coût réel du projet de GNL proposé soit connu et pris en compte pour déterminer si le projet est dans l’intérêt public. »

Contexte

Pieridae Energy propose de construire une usine de gaz naturel liquéfié de 13 milliards de dollars nommée Goldboro LNG sur la côte est de la Nouvelle-Écosse. Si elle est construite, celle-ci permettrait à l’entreprise d’acheminer du gaz naturel de l’Alberta à la Nouvelle-Écosse par des pipelines. Le gaz serait ensuite liquéfié et stocké à l’usine de Goldboro LNG avant d’être expédié en Allemagne puis dans d’autres pays d’Europe occidentale. 

Les émissions de GES potentielles découlant de ce projet pourraient sérieusement entraver la capacité des gouvernements de la Nouvelle-Écosse et du Canada à respecter leurs engagements en matière de climat, notamment l’engagement du Canada à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050.

Le projet Goldboro LNG a fait l’objet d’une évaluation environnementale provinciale et a été approuvé en 2014. L’Agence canadienne d’évaluation environnementale (le précurseur de l’Agence actuelle) a décidé en 2012 qu’une évaluation environnementale fédérale du projet n’était pas justifiée, décidant plutôt de s’appuyer sur une évaluation fédérale antérieure de 2007 pour un projet très différent sur le même site. Cependant, les groupes environnementaux soutiennent que l’Agence n’avait pas l’autorité légale pour prendre cette décision et que le projet a été autorisé sans examen fédéral approprié, ce qui a conduit à une situation illégale persistante. Un sondage réalisé en juin 2022 par Abacus Data a révélé que la majorité de la population canadienne croit que les impacts climatiques devraient déterminer si des projets comme Goldboro LNG sont autorisés ou rejetés.

La viabilité économique du projet est également contestable, car la demande de gaz naturel devrait commencer à décliner rapidement au cours des dix prochaines années. Selon le scénario Net Zero Pathway de l’Agence internationale de l’énergie, le marché mondial du GNL devrait s’effondrer rapidement à partir de 2025. Pieridae prévoit toutefois de commencer à acheminer le gaz à partir de Goldboro LNG en 2028, soit trois ans après que la demande de gaz naturel aura commencé à diminuer. 

La semaine dernière, des organisations environnementales représentant des millions de Canadiennes et Canadiens ont lancé le site StoptheGas.ca pour demander au gouvernement fédéral de rejeter les nouvelles installations d’exportation de GNL sur la côte Est en raison des émissions néfastes pour le climat et des risques d’immobilisation des actifs. (Communiqué de presse avec citations et coordonnées disponible ici).

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Jim Emberger, porte-parole, Alliance anti-gaz de schiste du Nouveau-Brunswick
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