Londres – Alors que les gouvernements du monde s’apprêtent à se réunir pour discuter du sort des océans du monde sous l’égide des Nations Unies, un nouveau rapport de Greenpeace International lève le voile sur une industrie de la pêche au calmar en pleine expansion et largement non réglementée [1].

Le rapport Squids in the Spotlight révèle l’ampleur de la pêche au calmar dans le monde, qui a plus que décuplé depuis 1950 pour atteindre près de 5 millions de tonnes par an au cours de la dernière décennie et qui met désormais en péril les écosystèmes marins du monde entier. Opérant à l’abri des regards dans les eaux internationales, l’essor fulgurant de la pêche au calmar et la demande qui en découle n’ont pas de précédent historique, certaines zones ayant connu une augmentation de plus de 800 % du nombre de navires présents au cours des 5 dernières années seulement [2]. Dans certains cas, des armadas de plus de 500 navires se sont rabattues sur les frontières des eaux nationales pour piller l’océan, leurs lumières collectives étant visibles depuis l’espace [3]. Les chargé·es de campagne de Greenpeace appellent à un traité mondial sur les océans solide, qui aurait pu empêcher cette situation et dont l’adoption sera essentielle pour empêcher les futures pêcheries de se développer sans contraintes.

« J’ai vu certaines de ces flottes de pêche au calmar en haute mer – la nuit, les navires sont illuminés comme des stades de football et la mer a des airs de zone industrielle », a déclaré Will McCallum, de la campagne Protégeons les océans de Greenpeace [4]. « Nos océans sont industrialisés : au-delà des eaux nationales, c’est souvent la mêlée générale. Le manque de contrôle sur les énormes pêcheries de calmar en pleine expansion dans le monde entier est un exemple flagrant de l’insuffisance des règles actuelles en matière de protection des océans. La scène inquiétante à laquelle j’ai assisté est quelque chose que je ne suis pas près d’oublier. Mais ce n’est pas parce que cela se passe loin des regards que cela doit être passé sous silence. »

« Cette conférence sur les océans est trop importante pour se limiter à une simple discussion sans suite : nous devons agir de toute urgence pour protéger le plus grand écosystème de la planète. Même si certaines personnes l’ignorent, nous dépendons toutes et tous des océans : pour contribuer à la lutte contre le changement climatique, garantir la santé de nos écosystèmes et assurer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de millions de personnes dans le monde. Nous avons besoin de toute urgence d’un traité mondial sur les océans qui nous permette de créer un réseau de sanctuaires océaniques à travers le monde et de freiner l’industrialisation croissante de nos ressources communes mondiales. »

Le calmar est une espèce vitale. En tant que prédateur et proie, il soutient des réseaux alimentaires entiers, ce qui signifie que le déclin des populations de calmars aurait des conséquences catastrophiques pour la faune océanique et les communautés côtières qui dépendent de la pêche pour leur subsistance et leur sécurité alimentaire. Cependant, la plupart des pêcheries de calmar ne sont pratiquement pas réglementées, ce qui permet aux navires de pêche d’opérer sans que leurs prises ne fassent l’objet d’une vérification ou d’un contrôle. Il n’existe actuellement aucun système de réglementation et de surveillance spécifique pour contrôler le commerce mondial du calmar. En 2019, trois nations de pêche étaient responsables à elles seules de près de 60 % des prises mondiales de calmar.

Les gouvernements se réuniront à partir d’aujourd’hui pour négocier un traité mondial sur les océans pour les eaux internationales, qui couvrent près de la moitié de la planète (43 %). Près de 5 millions de personnes ont soutenu la campagne de Greenpeace en faveur d’un traité mondial sur les océans et de la création d’un réseau de sanctuaires océaniques – des zones exemptes d’activités humaines nuisibles – couvrant au moins un tiers des océans mondiaux d’ici 2030. 

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Remarques aux éditeur·rices :

Pour des photos et des vidéos, consultez la médiathèque de Greenpeace : https://media.greenpeace.org/collection/27MDHUHDSRCO 

[1] Les gouvernements se réuniront du lundi 7 mars au vendredi 18 mars à l’ONU pour discuter de la biodiversité au-delà des juridictions nationales. Les scientifiques et les activistes appellent à un accord historique pour protéger les eaux internationales, soit un traité mondial sur les océans. S’il est correctement mis en œuvre, ce traité offrirait le cadre juridique nécessaire afin de permettre la création d’aires marines (ou sanctuaires océaniques) hautement ou totalement protégées sur au moins un tiers de la planète d’ici 2030 (30×30), ce qui, selon les scientifiques, est essentiel pour éviter les pires conséquences des changements climatiques et protéger les espèces vulnérables. Plus de 100 gouvernements et 5 millions de personnes dans le monde ont soutenu la vision 30×30.

[2] Voir le rapport complet ici : Squids in the Spotlight: Unregulated squid fisheries are headed for disaster

[3] Le gouvernement argentin a identifié 546 navires étrangers opérant au large de sa zone économique exclusive (ZEE) pendant la saison de pêche 2020-21. La concentration de navires pêchant le calmar était si importante que, la nuit, les lumières à bord des navires rendaient la frontière de la ZEE argentine clairement visible depuis l’espace.

[4] Will McCallum est responsable de la campagne Océans chez Greenpeace Royaume-Uni.

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